Chapitre 31: Jenny

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Premier jour à la station de ski, la veille de Noël. Je galère à mettre mes skis sur mes bottes. Mon père intervient pour m'aider.

— On aurait peut-être dû t'en racheter des mieux, dit-il en fixant la sécurité.

— C'est bon, j'ai l'intention de faire que des pistes vertes de toute façon... je marmonne.

Il se redresse en appuyant sur son dos. J'ai tendance a oublié qu'ils ne sont plus tout jeunes. D'ailleurs, les cheveux de mon père ont plus de blanc que de noir. Je me lève, et marche avec mes skis. J'ai l'impression d'être vraiment ridicule. Ezia, lui, a opté pour un snowboard. Il dépasse son père maintenant, je le vois clairement alors qu'ils font la queue pour les télésièges.

Nous les rejoignons, et je tiens le bras de mon père, quand Ezia jette un regard par-dessus son épaule. Il soupire, puis se décale. Il se tient à la droite de mon père, et se penche pour lui dire quelque chose. Je lève un sourcil, et mon père tapote sur ma main, avant de se déplacer à coté de Thomas. Ezia se met à côté de moi. Je sais bien qu'entre Ezia et son père, c'est tendu, mais de là à me préférer à lui...

Nos pères s'assoient sur le télésiège et sont emmenés. C'est bientôt notre tour, et j'ai toujours peur de tomber dans ces trucs-là. Je n'ose pas me tenir à Ezia comme je me tenais à mon père, donc j'essaie de rester droite. Le siège percute ma cuisse, et je manque de basculer, alors que lui, s'assoie. Il me rattrape, m'empêchant de tomber en avant et de passer sous le siège.

— T'es vraiment un boulet, ronchonne-t-il, alors que la barre se ferme devant nous.

Mon cœur bat à vive allure, et nous sommes à être élevé au-dessus du vide. Je ferme les yeux, et serre la barre avec force.

— T'aurais dû rester avec nos mères... dit-il.

— Non, je peux le faire !

— T'as la trouille, ça se voit.

— J'ai juste le vertige, ça ira quand on sera arrivé... Et personne t'a forcé à t'assoir avec moi !

Il se tait, et nous arrivons à destination. La barre se lève, et je me réceptionne maladroitement. Mon père et Thomas nous font signe et j'avance, un bâton après l'autre, encore secouée.

— Aucun de vous deux n'a essayé de pousser l'autre dans le vide, y a du progrès, souligne Thomas avec sarcasme.

— Je suis pas un criminel non plus, siffle Ezia, en plaquant son deuxième pied dans sa planche.

Il est le premier à s'élancer sur la piste, descendant à toute vitesse, comme s'il avait fait ça toute sa vie. Son père le suit en ski, et le mien vient vers moi.

— Je passe avant toi, je vais aller doucement, si ça va pas tu cries, d'accord ?

— Ouais, je vais y aller doucement, la pente n'est pas très raide...

Mon père glisse, et je le suis, mes skis en chasse pour ne pas aller trop vite. Je suis vraiment pas douée...

Les trois hommes m'attendent, et je sens déjà qu'Ezia est saoulé. Mon père et Thomas me félicitent, et Ezia commence à partir, quand son père le retient.

— Hé, tu vas où ?

— Sur une piste noire.

— Hors de question, tu restes avec nous, c'est une sortie en famille !

— Famille ? Tu m'en diras tant... dit-il en me toisant.

Mais qu'est-ce que je lui ai fait encore ? C'est pas possible ! Je n'aurais jamais dû aller avec eux. Je suis juste un poids.

Let's paint Apples (premier jet)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant