Chapitre 5: Jenny

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Je me tourne et me retourne dans le lit, incapable de trouver le sommeil alors que l'autre crie de l'autre côté du mur. Je plaque mon oreiller sur ma tête pour m'isoler du bruit, sans succès. Je vais finir par prendre une batte de baseball et exploser son ordinateur, ce n'est pas possible. Nos parents sont complétement fous, on ne survivra pas à cette cohabitation. A peine 5 minutes en sa présence et ça a déjà failli partir en vrille. J'en ai encore la bosse sur le front. Vivement lundi, que les cours commencent enfin, et que je ne sois pas obligée de le côtoyer. Il va falloir aussi que je trouve des occupations le week-end pour ne pas être enfermée avec lui ici, ce qui implique donc de me faire rapidement des amis... Je voulais pourtant passer un marché avec lui, pour qu'on s'organise pour se croiser le moins possible, mais c'est peine perdue. C'est le mec le plus borné et le plus con que je connaisse.

Ah, je n'entends plus de bruit, il a dû arrêter de jouer. Je regarde l'heure sur mon téléphone : 3 heures du matin. Formidable... Je soupire et essaye de me trouver une position confortable. Le sommeil m'emporte peu à peu, et je suis réveillée quelques heures plus tard par le soleil qui se pose pile sur mon visage. Il va falloir que j'achète des rideaux... Il est 9 heures du matin, je n'ai pas beaucoup dormi. Un silence règne dans l'appartement, l'autre taré doit encore dormir. Je me lève alors, et une migraine, sans doute exacerbée par ma bosse, me gagne. J'ouvre la porte de ma chambre pour me rendre dans la salle de bain, et retirer le pensement. La bosse a  dégonflé. Je vais pouvoir la camoufler avec un peu avec du maquillage demain. Je prends une douche et me rends dans la cuisine. Il n'y a pas grand-chose à manger, il va aussi falloir que je fasse des courses... Uniquement pour moi, et ça va être compliqué. Je sors une tasse et me prépare un café. C'est Marie qui l'a acheté, et elle m'a confirmé que j'avais le droit de me servir, alors je le fais.

Au bout d'un moment, j'entends un râle qui émane de la chambre d'Ezia. Je soupire, m'attendant encore à devoir me battre. Je porte ma tasse à mes lèvres et sirote mon café en m'appuyant sur le plan de travail de la cuisine, fixant la porte, jusqu'à ce qu'elle s'ouvre. La grande asperge en sort, ses cheveux noirs ébouriffés sur sa tête, et les yeux mi-clos.

— Tu fais trop de bruit putain ! gronde-t-il, avec son éternelle bonne humeur.

— Oh pardon, est-ce que ça fait trop de bruit ça ? je claque ma cuillère contre la tasse et accentue le bruit.

— Arrête ça !

— Toi aussi tu faisais du bruit cette nuit et j'ai rien dit !

— J'en ai rien à foutre.

— Connard !

— Salope !

— Tu me saoules putain !

Je pose ma tasse sur le plan de travail sans l'avoir terminé et me dirige vers ma chambre.

— Qui t'a autorisé à te servir dans mon café ?

— Ta mère ! C'est elle qui l'a acheté !

— C'est ma tasse !

— Non ! C'est celle de ta mère !

Il prend la tasse et vide le café dans l'évier. Je ne peux même pas déjeuner tranquillement. Je vais perdre du poids avec lui, c'est sûr. Il ouvre la poubelle et jette la tasse.

— Mais pourquoi tu la jette ?

— Il est hors de question que j'utilise de la vaisselle que tu as touché !

C'en est trop. Mon afflux sanguin s'accélère dans mes veines, et ma migraine bats dans mes tempes. Je vais le tuer, je vais le bousiller !

Je me jette sur lui, et sous la surprise, il bascule. Nous sommes à terre, et je suis sur lui. Je commence à lui griffer le visage, avec une rage que je ne contrôle pas. Il est vraiment le seul à me faire perdre tout contrôle comme ça.

— Mais arrête sale folle !

Je lui griffe la lèvre et du sang en jailli. Il attrape mes poignets et me bloque, puis me fais basculer. Cette fois-ci, c'est lui qui est sur moi, et il me tord les bras.

— Arrête tu me fais mal !

J'ai l'impression qu'il va me briser les poignets. Je commence à sentir les larmes me gagner. Il a vraiment gagné en force, et ça ne m'arrange pas.

— Tu fais moins la maligne hein ?

— Lâche moi tu vas me casser le bras !

— Et alors ?

Je ne voulais pas en arriver là, mais je n'ai pas le choix. Je lui donne un coup de genoux entre les jambes et ses yeux s'arrondissent. Il pousse un cri de douleur et me lâche pour porter ses mains à son intimité brisée en se roulant en boule.

— Mais... quelle... connasse... articule-t-il entre ses dents serrées par la douleur.

— Tu l'as cherché !

Je me lève et regagne ma chambre. Je m'y enferme, et masse mes poignets. Il a failli me les casser. Par contre je n'y suis pas allée de mains morte et son visage et bien tailladé... Je me mords les lèvres pour ne pas rire, imaginant la tête des autres étudiants quand ils le verront demain. On va se foutre de lui, c'est sûr.

Cependant, le fait qu'il arrive facilement à avoir le dessus maintenant quand on se bat, devient un vrai problème. Il va falloir que je redouble de prudence, ou que je je fasse attention à ne plus me laisser aussi facilement provoquer.

J'attends qu'il ait terminé, et dès que j'entends qu'il est retourné dans sa chambre, je sors. Je mets mes chaussures, et entame alors une promenade en solitaire dans la rue commerçante. Je vais déjeuner à l'extérieur, vu qu'avec lui c'est impossible. Je m'arrête à un café et commande un latte avec un beignet. Mon téléphone vibre dans ma poche.

Leila :

— T'es encore vivante ?

Moi :

— J'ai juste failli perdre mes poignets, mais y en a un qui a perdu ses couilles ce matin.

Leila :

— Vous vous êtes déjà battu ?

Moi :

— Il m'a cherché... J'avoue que j'ai frappé la première.

Leila :

— Tu frappes toujours la première, Jenny.

Moi :

— Pas faux. Du coup je déjeune à l'extérieur. Je vais me promener, et prendre mes distances avec ce connard.

Leila :

— Il va bien falloir que vous arriviez à vous entendre un jour...

Moi :

— Tu sais bien que ça ne dépend pas de moi. Et de toute façon, je le déteste tellement que même si un jour il devient cool, je crois que je le giflerai.

Leila :

— Bon courage alors, reste en vie.

Moi :

— Je vais tout faire pour.

Je range mon téléphone, et termine mon petit-déjeuner. Si seulement il en avait été autrement. Je peine à savoir qui a commencé les hostilités, les souvenirs sont flous... je sais juste que je suis incapable de compter le nombre de fois que nos professeurs nous ont séparés dans la cours de récréation, quand nous nous battions. 

Let's paint Apples (premier jet)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant