Chapitre 53: Jenny

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L'expression inquiète sur le visage d'Ezia ne quitte pas mes pensées. J'attends le bus, avec la certitude que Luc tentera quelque chose. Je ne le laisserai pas faire. J'ai bien décidé de rester distante avec lui. Il veut sortir avec moi, mais il ne se doute pas une seule seconde de l'enfer que je lui prépare.

Le bus me dépose devant le cinéma, lieux de notre premier vrai rendez-vous, à Luc et moi, lorsque j'ignorait encore qui il était vraiment. Je met mon téléphone sur l'enregistreur, et je l'attends. Mon cœur bat à tout rompre, et une boule se dessine dans le creux de mon estomac. Il est la dernière personne avec qui j'ai envie de passer du temps, mais je n'ai pas le choix. Ce temps, je le dois à Ezia.

— Tu es vraiment venue finalement, glisse la voix sombre de Luc à mon oreille.

Je me recule par reflexe et retient avec fermeté le frisson de dégout qui menace de parcourir mon corps.

— Je ne suis pas du genre à poser des lapins, je réponds sèchement, alors qu'il se redresse pour me surplomber.

Il a beau avoir quelques centimètre de moins qu'Ezia, il reste tout de même très grand. Et sa carrure, ses épaules, sont beaucoup plus larges... Il est intimidant. Il saisit ma main, et en embrasse le dos. J'ai l'impression d'avoir un escargot posé sur la main, ça me dégoute. J'enfile mon plus beau masque d'indifférence et de monotonie, l'accompagne alors que nous entrons dans la salle. L'obscurité ne me plaît guère, mais il y a du monde. Il ne tentera rien.

— Tu aimes vraiment ce genre de film ? me demande-t-il, alors que nous installons, à mon grand désarrois, à l'écart dans un coin de la salle.

— Je ne sais pas, je ne regarde pas de film, encore moins de slasher, je lui réponds sèchement.

— Si tu as peur, tu peux te réfugier dans mes bras.

Je préfère ne pas réagir. Il garde sa main fermement autour de la mienne alors que le film se lance. Alors que j'essaie de me concentrer sur l'histoire pour me déconnecté de la réalité, des gloussements, et le son d'un appareil photo résonne à coté de moi. Je lève la tête et regarde quelques sièges derrière nous. Il ne manquait plus que ça... Jessica. Elle me dévisage, puis se met à rire.

— Putain il t'arrive quoi ? me demande Luc, et je réalise que j'enfonçait mes ongles dans sa peau.

— Rien, regarde le film...

J'essaie de les ignorer, mais Jessica et ses copines continuent de chuchoter et de glousser. Je souffle du nez, et contracte ma mâchoire. Je ne les supporte plus. C'est déjà assez compliqué comme ça d'être avec Luc, si elles s'y mettent...

— Je reviens, je vais aux toilettes, je lui dis en le lâchant.

— Attends je viens avec toi.

— Non c'est pas la peine...

— Je viens, je veux pas que tu te défiles, me siffle-t-il à voix basse.

Je mords l'intérieur de ma joue, mais capitule. Luc me suit jusque dans le couloir et m'attends devant les toilettes pour femmes. Je m'enferme dans une cabine. Je tremble de nerf. Je vais finir par faire un AVC avec ces conneries. La porte s'ouvre, et j'entends de nouveau des rires.

— Jenny ! Tu es là ?

Qu'est-ce qu'elle me veut putain... Et Luc a bien dû les voir... Je sors des toilettes. Et elle se retourne, ses cheveux blonds volant dans mon visage.

— Ah, la voilà, dit-elle avec un sourire victorieux.

— Qu'est-ce que tu me veux...

— Il te les faut tous on dirait, les deux plus beaux mecs de la fac, pour les beaux yeux de cette pimbêche coincée du cul... elle s'approche de moi avec dédain, le regard remplie de jugement.

Let's paint Apples (premier jet)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant