Chapitre 22: Ezia

5 1 0
                                    

Je suis rentré le premier. Je retire mes chaussures d'une manière négligé, et me dirige vers la cuisine. Je me sers un verre d'eau, quand la porte s'ouvre en fracas. Jenny est essoufflée, et pleine de colère. Et le respect des règles dans tout ça ? Je lève un simple sourcil en la voyant. Elle ne prend même pas la peine de retirer sa veste quand elle entre à son tour dans la cuisine.

— C'est quoi ton putain de problème ?

Ah. Elle veut des explications. Problème : j'en ai aucune à lui apporté. Je n'arrive pas à m'expliquer moi-même pourquoi j'ai agis. On va jouer la carte de l'indifférence.

— Je vois pas de quoi tu parles, Morue.

— D'abord, pourquoi tu te mêles de ce qui se passe entre Luc et moi ? Et ensuite... mes pinceaux, putain ? Tu sais combien ils coutent ?

Je m'esclaffe, et avale ma gorgée d'eau cul sec avant de reposer le verre sur le comptoir. Je lui fais un sourire mesquin.

— Tu aurais préféré que je n'intervienne pas samedi soir ? Que je le laisse faire son affaire ?

Je l'ai piqué. Elle devient livide et me regarde bouche bée. Elle fronce les sourcils et ses yeux me fuient. J'ai réussi à la déstabiliser, bingo.

— C'est pas ce que j'ai dit... bafouille-t-elle.

— Moi j'ai une question, petite morue. Pourquoi tu ne te bats pas contre Luc ?

Elle relève la tête et me dévisage. Dis donc, j'ai jamais autant marqué de point. J'aime bien ce qui se passe.

— Je vois pas de quoi tu parles... dit-elle à son tour.

— Je ne sais pas, moi tu me frappes, me griffes, me fout à terre... Et lui, il peut te plaquer contre le mur, te serrer le bras, t'agresser dans sa voiture sans recevoir le moindre coup, bizarre.

Elle serre les poings, et ses joues virent au rouge. Je jubile. Encore un point pour moi, et en plus j'ai réussi à la faire taire. Je m'en fous de sa réponse, je voulais juste la faire chier. Je la contourne sans la toucher pour me diriger vers ma chambre.

— J'ai peur de lui ! lâche-t-elle alors.

Je me fige. J'ai une drôle de sensation dans le ventre. Comme si j'avais faim, mais envie de vomir en même temps. C'est bizarre. Je me tourne vers elle, je n'ai même pas envie de me moquer d'elle.

— Peur de lui ? je répète, interloqué.

La Jenny que je connais n'a peur de personne, ne pleure jamais, et ne perd le contrôle de sa colère que sur moi.

— Oui ! J'ai peur de lui...

— Et tu n'as pas peur de moi alors, si tu n'hésites pas à me frapper, je constate alors, cette fois-ci sans aucune moquerie.

Elle me regarde, ses yeux sont étranges. J'ai tellement l'habitude de ne voir que de la haine et de la colère dans ses pupilles que je ne connais pas ce qu'elles présentent.

— Toi tu te retiens... Quand on se bat, tu ne m'écrases jamais de tout ton poids, et quand tu tiens mes poignets, même si tu me fais mal parfois, tu sais t'arrêter, tu contrôles ta force. Lui, non... J'ai cru que j'allais mourir dans sa voiture, il était tellement lourd sur moi...

— Ok ça suffit, je m'en fous de tout ça...

Non. Je ne m'en fous pas, pas du tout, je suis juste mal à l'aise qu'elle se confie comme ça, et surtout, qu'elle se soit rendu compte que je me maitrisais dans nos altercations pour ne pas la blesser. Ça devient beaucoup trop bizarre.

Let's paint Apples (premier jet)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant