Let's paint Apples (premier jet)

Chapitre 36: Ezia

— C'est ton cadeau de Noel ? me demande Mike alors que je sors du 4x4.

— En quelque sorte...

Je préfère ne pas dire que cette voiture est censée être autant à moi qu'à Jenny. On avance dans le parc du campus, d'un pas nonchalant, quand je remarque qu'il y a plus de regard braqués sur moi que d'habitude.

— J'ai quelque chose sur le visage ? je demande à Mike.

— Non, par contre tu devrais passer chez le coiffeur...

— Oh la ferme... Plus sérieusement, qu'est-ce qu'ils ont ?

Mike remarque à son tour que je suis devenu l'attraction générale de la filière informatique et artistique.

— Je ne sais pas du tout... D'habitude y a que les filles qui te regardent comme ça...

— Mais quel petit cachotier notre petit Wagner !

Chris arrive par ma gauche et passe son bras autour de mon épaule. Je grimace, et me dégage de sa prise.

— C'est quoi votre problème ?

— Tu nous avais pas dit que la grande là, c'était ta coloc ! s'exclame Jason.

Je me fige, et regarde Mike. Il secoue la tête, et je ne peux qu'affirmer en voyant son attitude, qu'il n'y est vraiment pour rien... alors qui ?

— Tu la vois sortir de la douche parfois ? Elle est sexy ?

— Elle se promène en sous-vêtements ?

— Oh mais fermez là... Et qui vous a dit une chose pareille ? je leur demande en râlant.

— De plusieurs autres personnes, ça se promène dans le campus là...

Et si ça parvenait aux oreilles de Jenny ? Est-ce que c'est elle qui a vendu la mèche ? Non, elle n'aurait pas fait ça. Je me rends malgré tout en cours, mais les regards ne cessent de me dévisager, tous, sauf celui de cet enfoiré de Luc, qui m'évite depuis que je suis revenu. Tant mieux pour lui.

La pause déjeuner arrive, et l'ambiance n'est toujours pas redescendu. Mais qu'est-ce que ça peut bien leur faire ?

—... Ça se trouve ils couchent ensemble...

—... Il parait que c'est pour lui qu'elle a largué Luc...

J'en ai entendu des conneries, mais des comme ça. Je préfère ne pas répondre, et ignorer ces suppositions stériles. Je prends mon plateau, et constate rapidement que je partage cette attention accrue avec Jenny, qui a la tête rentrée dans son cou, avec sans doute le souhait de disparaitre.

Elle n'a pas l'habitude d'être le centre des discussions des gens, ça doit lui faire drôle. Je l'observe du coin de l'œil, et voit qu'un groupe de filles s'approchent de sa table. Une d'entre-elle, blonde, du style populaire, se penche vers elle. Je n'entends pas ce qu'elle lui dit, mais je serre malgré moi le poing.

— T'es avec nous Ezia ? me demande Mike.

Il me sort de mes songes, je tourne la tête vers lui.

— Euh ouais, désolé... C'est juste que...

— Mais putain ! Demandez-lui vous-même il est juste là ! Je suis pas sa putain de secrétaire !

Je sursaute en entendant la voix forte de Jenny s'élever dans le réfectoire. Elle est debout, les poings serrés, et enjambe le banc sans reprendre son plateau. Je la suis du regard, puis voit que Maya lui emboite le pas. Je me lève à mon tour.

— Maya !

Elle se fige, et me regarde. Elle est sans doute étonnée que je m'adresse à elle, sachant que je ne lui ai jamais parlé.