La quête d'Iniris III

Chapitre 7 : Minas Tirith

Le voyage fut très long et éprouvant. Nous ne faisions que très peu de pauses, juste le temps nécessaire pour nous ravitailler et soulager nos besoins. Les nuits étaient courtes et nous cavalions sans relâche durant le jour. Pippin ne se plaignait pas et tenait cette cadence intense sans rechigner. Sa force m'impressionnait. J'étais moi-même constamment épuisée et les rares arrêts accordaient par Gandalf arrivés comme un cadeau du ciel. Ce jour-là justement, le magicien stoppa notre convoi au bord d'un court d'eau afin que les chevaux puissent se désaltérer. Je descendis de ma monture et m'écroulais dans l'herbe fraîche à proximité de l'eau. Mes genoux me faisaient horriblement souffrir à force d'enserrer les flancs de la jument et mes jambes étaient totalement engourdies. Je restais allongée à terre quelques instants avant de me remettre sur pied et de rejoindre Pippin qui croquait dans une pomme, l'un des rares aliments que nous nous étions permis d'apporter hormis la nourriture très nutritive des elfes.

- Nous sommes à deux jours du Gondor ! M'annonça-t-il joyeusement en me voyant arriver. C'est Gandalf qui me l'a affirmé !

Ravi d'apprendre que notre dur voyage touchait bientôt à sa fin, je poussais un soupir de soulagement.

- Tu es contente de rentrer chez toi ? M'interrogea Pippin qui avait retrouvé son sourire malicieux et son regard pétillant qui le caractérisait bien et que je n'avais plus vu depuis notre départ.
- Oui...Et en même temps cela me parait très étrange. Lui confiais-je en prenant place à côté de lui. J'ai l'impression d'être parti depuis plus d'un siècle.

À y réfléchir calmement, cela ne faisait pas si longtemps que j'avais quitté ma terre natale, mais temps de choses s'étaient passé depuis ce moment, que cela me paraissait remonter à une éternité.
Je souris à Pippin avant de fermer les yeux quelques instants afin de savourer la douceur de l'air et le bruit apaisant de l'eau.

Nous reprenâmes assez vite la route. Ragaillardi par cet arrêt, ma jument cavalait encore plus vite, la totalité de son énergie retrouvée. Gandalf ne s'était pas trompé puisque deux jours plus tard, la tourelle dominante de la cité blanche apparaissait à l'horizon. Minas Tirith, le dernier royaume des hommes.
Arrivé au abord de la cité j'admirais quelques instants son enceinte blanche encastrée dans la roche, autrefois tellement brillante mais qui avait souffert du temps et qui était aujourd'hui un peu délavée. Je levais la tête pour avoir une vue d'ensemble de son immensité et de sa silhouette semblable un bateau prêt à fendre les mers. Nous pénétrons dans l'enceinte de la cité et mes yeux balayèrent chaque ruelle à la recherche de visages connus. Je constatais avec effroi que les rues étaient laissées à l'abandon. Le désordre et la saleté régnaient en maître et les rares personnes que nous croisions étaient dans un état déplorable le visage éprouvé et le regard perdu exprimant leur détresse. Si la cité n'apparaissait pas sous son meilleur jour depuis le début du règne de l'intentant, elle n'en restais pas moins une belle citadelle. Ce que nous traversions aujourd'hui n'avait plus rien à voir avec ce que j'avais connu. Minas Tirith s'était faite ravagée par la guerre alors que celle-ci n'avait pas encore eu lieu.
Nous traversâmes  la cour pavée menant au château où exerçait l'intentant. Pour cela, nous passâmes devant l'arbre blanc du Gondor qui, encore davantage en piteuse que la dernière fois que je l'avais vu, se tenait malgré tout toujours debout. Sa vision me serra le cœur et je fis la prière silencieuse de le voir refleurir un jour.
D'un pas décidé, Gandalf arriva à l'entrée du château, Pippin et moi à sa suite, et après avoir fait la recommandation, qui s'apparentait davantage à un ordre, au hobbit de ne pas adresser la parole à l'intendant durant notre entretien, signala notre arrivée aux gardes par une simple injonction.

- Nous souhaitons voir l'intendant.

Les gardes échangèrent un bref regard avant de s'écarter et de nous ouvrir les portes.