La quête d'Iniris III

Chapitre 4 : Le palantir

Nous arrivons en trombe dans la pièce qui nous servait de dortoir où le reste de la compagnie était couchées. Nous ne mettons que quelques secondes à remarquer Pippin qui se contorsionnait tout en continuant de hurler, la boule récupérée en Isengard entre les mains. Ses doigts étaient comme fixés à l'objet et je compris qu'il n'arrivait pas à s'en défaire. Il était comme collé à la sphère.
Aragorn s'empressa de courir le rejoindre et s'empara à son tour de l'objet avant de s'écrouler au sol, laissant la sphère glisser sur les lattes de bois. Mon regard suivi la boule des yeux jusqu'à que Gandalf qui avait été entre temps tiré du sommeil jeta un drap sombre par dessus et la récupéra tout en pestant contre le hobbit. Cependant son regard se teinta d'inquiétude lorsque Merry l'interpella d'une voix fébrile.

- Gandalf ! Il ne bouge plus !

Le magicien s'avança d'un pas rapide, écarta le cousin de Pippin d'un rapide mouvement de bras et se pencha vers celui-ci. Le hobbit gisait au sol, les yeux grands ouvert et le regard dans le vide. Sa bouche entrouverte nous rassurée sur son état puisqu'elle laissait entendre un léger souffle à chacune de ses expirations. Bien que légères et irrégulières, celles-ci nous prouvaient que notre ami était en vie.
Gandalf murmura quelques paroles semblables à un charabia incompréhensible et posa la main sur le front de Pippin. Celui-ci finit par ouvrir les yeux et son regard papillonna du magicien à nos visages inquiets. Il semblait totalement perdu.

- Je suis désolé, fit-il.

J'aperçus quelques larmes perler au coin de ses yeux.

- Regardez-moi ! Ordonna Gandalf en lui prenant la tête entre ses mains pour forcer le jeune hobbit à se concentrer sur lui. Qu'avez-vous vu ?

- Je...Je l'ai vu. Commença mon ami tandis que des perles salées coulaient le long de ses joues.
Il a parlé dans ma tête. Le seigneur des ténèbres ...

Mon sang ne fit qu'un tour dans mes veines à l'écoute de son discours. Le « seigneur des ténèbres », il faisait évidemment allusion à Sauron, le seigneur du Mordor. Ce qui m'échappait toujours c'était comment pouvait-il l'avoir entendu par l'intermédiaire de cette sphère que je réalisais à présent avoir bien sous estimé jusqu'à lors.

- Que vous a-t-il dit ? Poursuivit Gandalf sans traduire la moindre agitation suite aux révélations du hobbit.

- Il m'a demandé mon nom ... Je ne lui ai pas répondu. Il m'a parlé de l'anneau ... Il voulait savoir où il se trouvait... Je ne lui ai pas répondu non plus ... Et puis j'ai eu une vision. J'ai vu un grand arbre dans une cour pavée... L'arbre était mort...

Il ne pu en dire davantage avant que l'émotion ne prenne le dessus et son visage se crispa, à présent recouvert de larmes.
De mon côté je me sentais comme pris dans un bloc de glace. C'était de ma cité que parlait Pippin. Une cour avec un grand arbre ... Il n'y avait qu'un seul endroit qui pouvait correspondre à cette description et j'avais l'intime conviction qu'il s'agissait de la cité blanche
Gandalf le lâcha et se releva sans se laisser attendrir.

- Cela aurait pu être pire. Pippin n'a rien dit à notre ennemi et il nous a permis d'avoir un aperçu du plan de Sauron. Il va vouloir s'attaquer au Gondor. La dernière cité des hommes qu'il lui reste à anéantir.

Mon soupçon se confirma et un gémissement m'échappa. Le magicien leva la tête vers moi et je levais la tête à mon tour afin de soutenir son regard.

- Je dois aller les prévenir. Laissais-je échapper.