Chapitre 14 : Préparation à la bataille

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Je restais quelques heures à pleurer, assise seule dans un coin. Mais bientôt, je me fis violence et me forçais à me relever. Je ne pouvais m'abandonner complètement à mon chagrin. La guerre n'était pas fini. Lorsque je ressortis de mon isolement, Gandalf m'appris que Faramir était repartie à la bataille avec ses hommes afin d'essayer de récupérer Osgiliath. Je nourrissais peu d'espoir quand à leurs chances de succès mais je saluais leur bravoure.
Le moral au plus bas, je tint compagnie à Pippin qui accomplissait son devoir envers l'intendant. Même si je ne portais pas celui-ci dans mon cœur, je ne tenais pas non plus à laisser mon ami seul avec lui.
Un climat de terreur régnait sur toute la cité. La bataille était imminente et Gandalf m'informa que les armées du Mordor cheminait vers Minas Tirith et serait là à la tombée de la nuit. Ce qui ne laissait que quelques heures. L'ayant aussi annoncé a l'intendant, le magicien fut révolté par la réaction du chef du Gondor qui déclara qu'ils étaient perdu et qu'il ne servait à rien de se battre. Selon lui, il ne subsistait aucun espoir.

Pendant que Gandalf était en train d'organiser une défense de la cité en mobilisant les hommes en capacité de combattre, Pippin se tenait au côté de l'intendant qui dégustait son repas avec un appétit vorace qui me dégoûta profondément. Il mordait avec violence dans la volaille, prenant les cuisses de poulets à main nu et le jus de viande lui coulant sur le menton qu'il ne prenait même pas le temps d'essuyer. En alternance de ses bouchées carnivores, il croquait de petites tomates cerises rouges vives dont le jus vermeille complétait le tableau en dégoulinant sur son menton. Le tout formait un spectacle aussi immonde qu'hypnotisant.
Alors qu'il savourait, ou du moins en donnait-il l'air, son plat, il se tourna vers Pippin et lui demanda si celui-ci savait chanter. Le pauvre hobbit prit au dépourvus bafouilla une réponse indistincte que l'intendant lui ordonna de répéter.

- Ou...Oui bafouilla mon camarade. Mais ce sont des chants pour les miens... Je ne connais pas de chansons qui conviendraient au château... Et au temps de malheurs.

- Pourquoi ces chansons ne conviendraient-elles pas à mon château ? Répliqua l'intendant son quitter son plat des yeux. Approchez-vous et veuillez chanter.

Mon ami me lança un regard apeuré et je l'encourageais d'un signe de la tête. Quelques peu rassuré par ma présence à ses côtés, il s'avança vers l'intendant et entonna un chant d'une petite voix :

La maison est derrière,
le monde est devant.
Nombreux sentiers ainsi,

je prends.
A travers l'ombre,
jusqu'à la fin de la nuit
jusqu'à la dernière étoile qui luit.

Brume et nuage,
noyés dans l'obscurité.
Tout va se mêler
Tout va se mêler.

À la dernière note sa voix se brisa et je compris qu'il s'était mis à pleurer. L'intendant ne réagit pas et continua, imperturbable, à manger.

•••

Quelques temps plus tard je rejoignit Gandalf, toujours occupé à trouver des combattants. Je me proposais pour essayer de former quelques hommes, comme je l'avais fait lors de la bataille du Rohan, mais je me retrouvais face à des visages encore plus désespérés et perdus que lors de ma bataille précédente. Je ne me décourageais pas pour autant et employée tout le temps qu'il nous restait à aider les futurs guerriers à se préparer à lutter contre l'ennemi. Je ne donnais pas cher de la peau de la plupart d'entre eux sur un champ de bataille mais je ne voulait pas perdre espoir. Il fallait au moins leur donner une chance. En même temps, m'occuper l'esprit me permettait d'éviter de me perdre dans de sombres pensées, ce qui m'accordait un moment de répit dans ma douleur que je prenais avec soulagement.
La fin du jour arriva à grand pas et l'angoisse monta encore d'un cran dans le cité lorsque l'obscurité commença à tomber. Je continuais à entraîner les hommes, mais je sentais leur concentration et leurs force faiblir tandis que le doute revenait s'insinuer dans leur esprit. Toutes mes tentatives pour essayer de les dérider n'aboutir que par des échecs.
Alors que je sortais de l'armurerie après de nombreuses heures d'entraînements, effectuants quelques étirements pour chauffer mes muscles au vu de la bataille à venir, j'entendis un tambour résonner au loin.
Les ennemis se rapprochaient.

La quête d'Iniris IIIOù les histoires vivent. Découvrez maintenant