Chapitre 8 : Mauvaise retrouvaille

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Les portes s'ouvrirent devant nous avec un grincement sonore. L'intendant était là, devant nous, avachi sur son trône.

- Denethor fils d'Ecthelion et intendant du Gondor. L'interpella Gandalf en s'avançant dans la grande salle. Minas Tirith est en danger, la guerre est à vos portes. Vous devez réagir !

Comme si il n'avait rien entendu, l'intendant releva la tête, le regard vide. Il tenait entre ses mains la corne du Gondor appartenant à son fils, Boromir.

- Pouvez-vous m'expliquer ceci ? Demanda-t-il d'une voix brisée. Et pourquoi mon fils et mort ?

Je sentis mes membres s'engourdir et une drôle de brume enveloppa mes sens. A quelques mètres devant moi se trouvait l'intendant, le chef de ma cité et le père de mon compagnon. Il était détruit comme moi par la perte d'un être cher, peut-être même davantage.
Son regard passa sur chacun de nous jusqu'à s'arrêter sur moi. Une rage sourde emplie alors ses yeux et ralluma une étincelle de vie sur son visage.

- Toi. Fit-il en me désignant du doigts, la figure déformée par une expression de haine pur. Tu es responsable. Je t'avais envoyé avec lui et tu l'as laissé mourir, volontairement ! Je savais que tu n'étais qu'une sorcière ! Mais Boromir avait confiance en toi ! Mon pauvre Boromir...

Au fur et à mesure qu'il parlait, le doigts toujours pointé vers moi mon esprit s'éloignait loin de cette pièce, de ce moment. Il revenait quelques temps en arrière, dans une forêt loin d'ici, où je revis comme dans un songe Boromir se prendre une flèche, puis une deuxième et une troisième. Puis il était au sol, le torse poisseux de sang et le regard figé pour toujours, mort.
Je me sentis flancher et la pièce se mit à tournoyer furieusement. Sentant le malaise arriver, je fermais les yeux et respirais lentement avant de les réouvrir en entendant  mon ami Pippin s'adresser à l'intendant.

- Elle n'y est pour rien, mon seigneur. J'étais là, j'ai tout vu. Il s'agenouilla devant l'intendant et j'entendis Gandalf bougonner quelques paroles incompréhensives à l'adresse du hobbit.

- Boromir est mort pour nous protéger mon cousin et moi d'une armée d'Orque. Il s'est battu jusqu'au bout pour nos vies. Une flèche n'a pas suffit pour l'achever, ni même deux. C'était un héros. Nous avons une grosse dette envers lui.

Mon cœur se brisa à l'entente des paroles de Pippin. J'aurais aimé pouvoir raconter les choses aussi bien que lui mais je n'y parvenait pas. Ma douleur m'en empêchait. En revanche, par la suite, le jeune hobbit alla un peu trop loin.

- Je me mets à votre service seigneur Denethor, pour répondre à ma dette. Dit mon ami, toujours un genoux à terre en signe de soumission.

L'intendant souria au jeune hobbit devant lui et lui demanda son nom.

- Peregrin Touque. Répondit celui-ci la tête baissée.

- Très bien, Peregrin Touque. J'accepte votre dévotion complète et absolue. Vous deviendrez un garde de la citadelle.

Sur ses mots, il se leva de son siège et rejoignit Pippin, le surplombant de sa hauteur. Il tendit alors les doigts et offrit au hobbit sa bague comportant le sceau du Gondor. Celui-ci resta quelques secondes l'air interrogateur avant de se pencher et déposer un baiser sur le bijou.
L'intendant se releva, ébouriffa les cheveux du hobbit et retourna s'assoir sur son trône.
Gandalf n'attendit pas davantage avant de donner un coup de bâton à celui-ci afin qu'il se relève, n'étant jamais bon d'offrir aussi entièrement son service à Denethor, mais le mal était fait.

La quête d'Iniris IIIOù les histoires vivent. Découvrez maintenant