chapitre 12

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Après avoir nettoyé mes blessures, j'enfile un pull large et sors de la salle de bain. J'ai bien sûr pris soin de nettoyer mon sang coulé sur le carlage. C'est hyper difficile à nettoyer d'ailleurs...

Je descends les escaliers, me sentant mieux émotionnellement. Allez savoir pourquoi, je me sens toujours plus légère après m'être blessée, volontairement ou non.

Ou alors lorsque je ne mange pas. Car me nourrir me rappelle sans cesse que je suis en vie, bien présente, alors que mes parents, eux, sont morts par ma faute et enterrés six pieds sous terre dans un cimetière loin d'ici.

En parlant de ça, je ne suis jamais allée sur leur tombe. Ma culpabilité me ronge tellement que j'en suis mentalement et physiquement incapable.

Ils me manquent tellement. Qu'est-ce que je ne donnerai pas pour entendre la voix de mon père une dernière fois ou pour voir le sourire parfait de ma mère. Si seulement je pouvais revenir dans le passé, oublier mes mauvaises fréquentations et simplement passer la soirée à la maison, là où mes géniteurs n'auraient jamais pû avoir d'accident de la route...

Je souffle un grand coup puis m'avance à travers le hall de cette maison bien trop immense. Il faut absolument que je sorte une heure ou deux. J'espère qu'il y a une librairie dans le coin... Je devrais me repérer un peu dans cette nouvelle ville dont je ne connais rien pour l'instant.

Bon, je sais, mon frère ne veut pas que je sorte seule... Mais que diable peut-il m'arriver en plein après midi, dans une ville mondaine ? Je prends tout de même mon téléphone au cas où. Je ne suis pas inconsciente non plus.

Je rentre dans la cuisine pour prévenir quelqu'un mais je m'aperçois qu'il n'y a personne. Même chose pour le salon ou le hall d'entrée.

Ils n'avaient pas dit qu'ils avaient quelque chose de prévu ? Si j'en suis persuadée... Tant mieux, ils ne m'embêteront pas avec des sermons ou un truc dans le genre.

Je regarde autour de moi et vois un petit post-it jaune posé négligemment sur l'îlot central. Intriguée, je m'en approche et y reconnais l'écriture propre de mon frère :

" Partis pendant une durée indéterminée. Prends soin de toi, ne sors surtout pas dehors et par pitié, mange un peu... Je t'aime, Ton frère préféré"

Ne sors surtout pas.

Mais bien sûr. Comme si j'allais me priver de sortir à 17 ans parce que mon cher tuteur et frère n'est pas à la maison ! Qui va m'en empêcher même ?

Je lève les yeux au ciel et repose le papier. Je remonte en vitesse dans ma chambre, attrape rapidement mes écouteurs sans fils et ressors aussi vite qu'entrée. Je dévale ensuite les escaliers et sors de la villa sans me retourner. J'enfonce mes écouteurs dans mes oreilles et lance la musique " Viva la vida ", de Coldplay. 

La musique réchauffe un peu mon cœur et fait naître un léger sourire sur mes lèvres. D'un pas rapide, je foule le trottoir poussiéreux, jonché de chewing-gum écrasés et de canettes défoncées. Je regarde autour de moi sans m'arrêter d'avancer. Je dois dire que la ville est plutôt jolie, de jour. Une grande foule flâne dans les rues commerçantes, ne faisant attention à personne. Ce serait mentir de dire que je me sens pleinement en sécurité à ce moment là.

Je suis une fille après tout, nous ne sommes plus protégées dans ce monde. C'est triste à dire mais c'est la vérité. De plus, depuis ce qu'il m'est arrivé la dernière fois... Mais je ne pouvais tout simplement pas rester enfermée dans cette foutue maison encore longtemps. Chaque seconde passée à ruminer est une pure et simple torture.

La musique change, passant à un des titres de The Neighbourhood. J'ai des goûts aléatoires, je l'assume complétement. Les gens passent autour de moi, ne me remarquant même pas. Mon ventre me fait atrocement souffrir de par la fin et les coupures que je me suis infligée. Je suis stupide. Tellement stupide...

Angelina Où les histoires vivent. Découvrez maintenant