- Je peux marcher seule tu sais ? dis-je en râlant.
Aaron me porte toujours dans ses bras en direction de sa voiture. Il esquisse un sourire.
- Je sais que tu peux, je ne te laisse juste pas faire, dit-il. Et puis, ton frère va me tuer de t'avoir fait sortir de l'hôpital donc quitte à ce que je meurs, autant que ça ne soit pas pour rien.
Je lève les yeux au ciel. Étonnamment, frapper m'a fait un bien fou. Cela semble avoir ravivé quelque chose en moi que je croyais perdu, une étincelle, voir même une flamme qui m'éclaire dans l'obscurité qui m'entoure et essaye de me sortir de l'eau noir qui tente de me noyer.
C'est comme une lueur d'espoir, une promesse de survie. Peut-être n'aurais-je jamais dû m'arrêter. En attendant, maintenant que je suis lancée, je ne compte pas m'arrêter. J'ai l'impression que mes émotions ont changées, qu'elles ce sont transformés.
- C'est bon, je vais bien, lâche moi, s'il te plaît, me plaigné-je.
Il n'écoute pas et arrive enfin à la porte de sa voiture, une Ferrari F8, qui par ailleurs ne passe pas inaperçu. Si c'est pas pour attirer l'attention ça...
Il ouvre la portière passager et m'installe à l'avant malgré mon envie d'être un minimum autonome. Je souffle une nouvelle fois et attache ma ceinture pendant qu'il referme la porte et contourne son bijou pour y monter à son tour.
- Aller gamine, je te ramène à l'hôpital, dit-il sans me jeter un regard.
Mon cœur rate un battement et je me tourne vivement vers lui.
- Pardon ? m'exclamé-je. Je retourne à l'hôpital ? On va pas à la villa ?
Je sens ma gorge se serrer. Aaron semble remarquer ma détresse puisqu'un air de compassion s'installe sur son visage.
- Tu as besoin d'aide mon ange, tu le sais... murmure-t-il. Les médecins te laisseront peut-être sortir dans pas longtemps ?
Je lève les yeux au ciel pour refouler mes larmes. Je déteste l'hôpital. Le lieu en lui-même est froid, austère. Des gens y meurent. Trop à mon goût. D'autres se rétablissent, même s'ils ne l'ont pas forcément demandé. Puis certains naissent, se voient offert au monde rude et sans pitié qui les entoure.
- Je veux pas y retourner, dis-je d'une voix plus aiguë que d'habitude.
Sans que je puisse l'en empêcher, une larme solitaire roule sur ma joue. Aaron ne dit plus rien et se contente de fixer le tableau de bord par ailleurs incroyablement beau de sa Ferrari. Espèce de prouveur.
Je crois qu'il réfléchit. Un silence apaisant s'installe. Pas de cris. Pas de larmes. Pas de haine. Juste le doux et calme bruit du silence. Je me sens épuisée...
J'aimerais dire que je pourrais aller mieux à la force de ma volonté. Mais seule les personnes victimes de ce que les médecins appellent communément les troubles du comportement alimentaire peuvent savoir à quel point le mental ne fait pas tout.
Car il faut retrouver une stabilité mentale, puis essayer d'habituer notre estomac à la nourriture, ne pas vomir à chaque aliment que l'on avale, devoir évoluer dans un environnement sain pour éviter les rechutes, accepter petit à petit la prise de poids et finir par se rétablir au fur et à mesure. Cela peut durer des années...
Et je le sais pour la bonne raison que les médecins qui m'ont soigné l'on dit. À qui, je ne sais pas, je les ai juste entendu.
Alors oui, il faut une force mentale énorme. Mais le plus dur, c'est d'accepter que, oui, on a besoin d'aide. Et je le sais... J'ai besoin d'aide. Je n'arrive juste pas à le dire.
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Angelina
RomanceAngelina a tout d'un ange, comme son nom l'indique. Aussi bien physiquement que mentalement. Une beauté sublime, une douceur exquise, un coeur en or et une vraie rêveuse. Adoratrice de romans, elle tente de fuir sa réalité dans la magie parfaite des...