chapitre 9

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Les pâtes sont cuites et même pas cramées !

Logique puisque c'est mon frère qui les a fait cuire. Au bout du compte, c'est sûrement mieux comme ça.

Je me retrouve donc à manger des pâtes au saumon sur le canapé, à côté de Thiago et Miro. Les autres sont partis dormir, exténués par leur journée.

Je l'avoue, la quantité de nourriture dans mon assiette ne servirait pas à rassasier un moineau. Mais au moins, je mange ! C'est déjà un énorme effort ! En plus, j'avais déjà mangé un sandwich hier. Que je n'ai pas pû digérer. J'ai pas eu le temps, malheureusement...

- Alors dis-moi, dit Thiago. Qu'est-ce que tu aimerais être plus tard ?

Je fronce les sourcils. Je n'y ai jamais réellement réfléchi.

- Heureuse ? dis-je alors sans vraiment y penser.

Thiago et Miro me regardent en silence, comme intrigués.

- Je m'y attendais pas, rigole Thiago. Généralement, quand on pose cette question à quelqu'un, il nous répond par une idée de métier, ou par un projet !

Je hausse les épaules et avale difficilement une bouchée de pâtes.

- Bah pas moi, répondis-je. Je veux juste... Pouvoir manger comme avant, rire comme avant, vivre comme avant... Quand tout allait bien.

Miro baisse le regard mais Thiago me regarde avec insistance.

- Tu sais, Angelina, dit-il, la seule frontière à ton bonheur, actuellement, c'est toi-même. C'est toi qui t'empêche de manger, c'est toi qui te renferme dans ton monde pour échapper à la réalité. C'est ton esprit qui contrôle ta vie, et non ton cœur. C'est ce qui maintient le bonheur loin de toi.

Je ne répond rien et me contente de regarder mon assiette. C'est pas aussi simple. Je fais de mon mieux pourtant. J'essaie jour après jour d'être une meilleure personne, pour moi, pour mon frère, pour mes défunts parents...

- Thiago a raison, ajoute Miro. Et on sait que ce n'est pas simple. Tu as besoin d'un soutien. Et ici, c'est là où tu en auras le plus !

Je lève mon regard vers lui, un peu honteuse. J'ai l'impression d'être une victime et c'est... Frustrant. J'ai toujours eu du mal à accepter l'aide des autres, mais depuis la mort de mes parents... C'est encore pire.

- Sincèrement Angelina, continue Thiago, avant d'habiter ici, on était tous perdus. On a chacun notre histoire, et elles sont loin d'être belles. Mais on a su s'entraider pour remonter la pente, petit à petit. Pour survivre. Tu n'y feras pas exception.

Je baisse la tête. Je ne connais rien de leur vie. Mais ils ont l'air de vraiment tous s'aimer entre eux. Je trouve ça incroyable.

- Ayem, par exemple, explique Miro. Elle a l'air toujours gentille et pétillante. Pourtant, son père est mort avant sa naissance et sa mère l'a abandonné car elle ne se sentait pas capable de s'occuper d'elle. Elle a été traînée toute sa vie de foyer en foyer, vivant dans l'indifférence. C'était une vraie rebelle, qui désobéissait à toutes les règles, mais qui au fond se sentait juste seule et incomprise ! Après, elle s'est calmée lorsqu'elle a rencontré Eden, alias son petit frère qu'elle n'avait jamais vu. Et puis, elle fait partie de la famille maintenant...

Ma bouche s'ouvre légèrement, touchée par l'histoire d'Ayem. Elle a pourtant l'air si heureuse, si épanouie. Elle est formidable. C'est un véritable exemple.

- Ou Eden ! dit Thiago. Il est drôle et amuse la galerie, mais la vérité, c'est qu'il en a sacrément bavé ! Sa mère est morte d'un malheureux accident auquel son père l'a tenu pour responsable. Il l'a battu toute son enfance et son adolescence. Jusqu'à ses quinze ans où il a réussi à s'échapper de chez lui. C'est Aaron qui l'a découvert. Il l'a ramené ici et lui a donné l'opportunité d'une nouvelle vie. Il a retracé son arbre généalogique et a découvert que sa mère avait eu un enfant très jeune qu'elle avait abandonné. Eden avait donc un grande sœur née d'un père différent. Ayem est donc arrivée ici grâce à Aaron, une seconde fois.

Angelina Où les histoires vivent. Découvrez maintenant