chapitre 2

226 20 47
                                    

Eva s'arrête et je manque de lui foncer dedans. Elle ouvre la porte devant elle à l'aide de son coude puis rentre dans la pièce.

Je la suis et reste bouche bée. La chambre est magnifique. Elle possède un lit plutôt grand à l'air confortable, une grande armoire en bois de cerisier, des murs blancs immaculés, une moquette beige rosé et beaucoup d'espace mais surtout, une bibliothèque ! Vide, certe, mais juste assez grande pour que j'y installe tout mes livres.

Un sourire se dessine sur mes lèvres. C'est incroyable ! Eva semble remarquer mon émerveillement car elle sourit à son tour.

- Cette pièce était entièrement vide il y a deux jours, déclare-t-elle en posant le carton au sol. Ayem et Miro l'on meublé pour toi et quand ton frère nous a dis que tu adorais lire et que tu avais plus d'une centaine de romans, ils ont décidé de t'installer une bibliothèque. Ça te plaît ?

Mon sourire s'élargit. C'est tellement gentil de leur part...

- Évidemment que ça me plaît ! dis-je en entrant un peu plus dans ma nouvelle chambre. C'est... Vraiment génial.

Eva sourit un peu plus.

- Bon, je vais chercher les autres cartons, tu n'as qu'à déballer celui-ci, dit-elle. Oh, et la pièce à côté, c'est ta salle de bain personnelle, on en a tous une.

Et rapidement, elle disparaît de l'encadrement de la porte. Je l'entends descendre les escaliers puis plus rien. Silence total. J'expire alors longuement, tentant de faire disparaitre toutes mes ondes négatives.

Il faut vraiment que j'arrête de stresser. Je m'agenouille près de mon carton et entreprend de l'ouvrir. Avec un cutter, ça serait tout de même vachement plus pratique !

Le bagage s'ouvre enfin et je caresse tendrement la couverture impeccable et comme neuve de mes livres. Je commence à les sortir un par un, les empilant délicatement les uns sur les autres.

Ces romans sont tous pour moi. Quand le monde réel ne me convient pas, j'y plonge pendant des heures et oublie mes problèmes. J'oublie même qui je suis. J'entre dans la peau du protagoniste et vis à travers lui.

Je commence alors à ranger mes trésors dans la bibliothèque, les triant par auteur, genre ou couleur. Eva et Ayem m'apporte mes autres bagages et je continue à ranger. Je ne m'arrête pas, la tête dans les nuages, regardant attentivement chacune des couvertures.

Le temps passe sans que je ne m'en aperçoive et je regarde bientôt ma nouvelle bibliothèque avec admiration.

Je déballe les autres cartons et range mes vêtements dans l'armoire en cerisier. Je n'y prend pas longtemps, n'en ayant pas énormément. Puis je dispose quelques uns de mes effets personnels sur ma bibliothèque avant de brancher mon téléphone n'ayant littéralement plus de batterie.

Puis, je me laisse tomber sur mon lit et jette un coup d'œil à l'heure. Pardon ?! 15h13 ? J'ai réellement mis trois heures pour m'installer ?

Je m'assoie dans les couvertures et regarde mes livres. Je sais qu'il va falloir que je descende, d'autant plus que mon frère à peut être besoin de moi. Mais, voir des gens, devoir communiquer... J'aurais juste envie de m'endormir et de ne pas me réveiller.

Les yeux fermés, mes pensées divaguent alors vers "l'accident". Accident qui n'en était pas un. Au fond de moi, je sais que je suis en colère, que j'ai la rage, la haine, et que cela me détruit, me ronge et me tue de l'intérieur. En fait, je crois que j'aimerais juste me venger...

Mais non, je ne suis pas comme ça. Je ne suis ni une folle, ni une meurtrière. Seulement une jeune fille qui a échappé de peu à la mort. Ou plutôt à un meurtre. De plus, je n'ai ni indice, ni preuve. Personne ne me croit. Tout le monde pense que la mort de mes parents était un tragique accident tout ce qu'il y a de plus banal. Tout le monde sauf Jayden... Lui au moins, il me croit. Il m'a toujours crû...

Je ferme les yeux et les images me reviennent en tête, me donnant la nausée. J'aimerais oublier ce soir là. L'oublier à tout jamais.

Pour ne plus penser à rien, je me lève et prend un de mes livres préférés. Une histoire d'amour entre deux lycéens banals. Clichée, mais intéressante. Je l'ouvre et me plonge dans le prologue, oubliant mes soucis, intégrant à part entière la conscience du protagoniste féminin.

Je lis pendant un temps indéfinissable, sans lever les yeux des mots et des phrases que je semble vivre.

La porte qui s'ouvre brusquement me fait sursauter. Jay débarque dans ma chambre, un sourire au lèvres, et contemple la pièce récemment aménagée d'un air plutôt fier.

- Jolie chambre ! dit-il en posant son regard sur moi. Tu as mangé ?

Je ne répond pas et me contente de glisser un marque-page dans mon roman afin de le continuer plus tard. Je me lève de mon lit, raide comme un piquet, puis affiche un sourire crispé.

Mon frère hausse un sourcil réprobateur.

- Tu n'as rien avalé, n'est-ce pas ? conclut-il en me toisant d'un air peiné.

Je secoue faiblement la tête de droite à gauche.

- Je... J'y ai pas vraiment pensé, en fait... tentai-je de me justifier. J'étais occupée à ranger tous mes romans.

Jayden expire bruyamment et détourne le regard.

- Aller, descends, ordonne-t-il. Je vais te présenter Aaron. Et surtout, tu vas avaler quelque chose !

J'écarquille les yeux en sentant la crainte remonter en moi. J'ai un mauvais pressentiment.

Mon frère m'adresse un faible petit sourire avant de se détourner et de descendre. Je reste figée quelques secondes, hésitant à rester bien au chaud ici avec mon livre. Un programme bien plus tentant si je puis me permettre.

J'expire tout de même un grand coup, cherchant à me détendre un peu, puis je suis Jayden en descendant à mon tour les escaliers blanc et froid.

Je m'arrête au millieu cependant, sentant un vertige s'emparer de mon corps et de mon esprit. Je ne vais tout de même pas m'évanouir maintenant ! T'avais qu'à manger en même temps...

Je secoue la tête tandis que mon malaise s'estompe. Les yeux fermés, je reste plantée là, attendant de me sentir mieux. J'expire une dernière fois avant de continuer mon chemin.

J'arrive dans une grande cuisine toute blanche et bois clair, avec un îlot central au millieu de la pièce où sont assis Ayem, Eva, Miro, Eden, Thiago et Jayden... Ainsi qu'une autre personne.

Ces yeux noirs et perçants me détaillent minutieusement, sa peau hâlé contrastant avec la blancheur du lieu, ses cheveux noirs aux boucles folles retombant sur son front, ses multiples tatouages marquant ses bras musclés et sa carrure athlétique imposant le charisme et le respect. Cet homme est sans doute le plus beau qu'il ne m'ait jamais été donné de voir. Et pourtant, il me terrifie...

Angelina Où les histoires vivent. Découvrez maintenant