chapitre 10

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- Elle a dormi là tu crois ?

Je me sens doucement émerger de mon sommeil. Je sens un léger plaide sur mes épaules et des présences autour de moi.

- Bah ça me paraît évident, imbécile !

Je grogne légèrement, agacée par tout ce bruit de bon matin. Ma paupières droite s'entrouvre et je découvre deux silhouette près de moi.

Non sans mal, je me redresse complètement afin de me retrouver en position assise sur... Le canapé ?

C'est vrai que je ne me souviens pas m'être endormie hier soir. Mes derniers souvenirs remontent au moment où Harry affronte le basilic, une sorte de serpents venimeux géant qui peut t'assassiner avec un simple regard. Et puis après, trou noir.

- Ha, tu es réveillée Ange ? demande la voix d'Eden.

Non non, je dors encore là, je suis juste somnambule. Évidemment que je suis réveillée !

Je pousse un soupir et tourne mon regard vers lui. Eva, à côté, ne dit rien mais affiche un joli sourire.

- T'as dormis sur le canapé ? demande une nouvelle fois Eden.

Il en a d'autres, des questions stupides ? Non parce que je suis persuadée qu'il pourrait gagner un concours avec ça ! Eva semble être de mon avis car elle lève les yeux au ciel et réplique :

- Non Eden, elle a dormi dans le garage, ça ne se voit pas ?

Le garçon la foudroie du regard puis se reconcentre sur moi.

- Tu as faim ? demande-t-il. Ayem et Miro ont fait des gaufres !

Sans cesse cette question qui m'angoisse, chaque jour. As-tu faim. J'affiche un sourire plus que faux et crispé.

- Ho oui, je meurs de faim ! dis-je d'un ton faussement enthousiasme.

Eden sourit de toutes ses dents.

- Tant mieux, Jayden va être trop content de te voir manger !

Sur ces mots, il sort de la pièce en sautillant comme un enfant. Il faut dire qu'après ce que j'ai appris sur son enfance, il n'a pas dû vraiment profiter de celle-ci. Donc forcément, il doit maintenant vivre ce qu'il n'a jamais pû connaître auparavant. Je trouve ça... Triste.

Je le suis, résignée, Eva devant moi. Dans la cuisine, Aaron, Ayem, Thiago, Miro et Jayden sont assis autour de l'îlot central, un café brûlant à la main, l'air fatigué.

Une pile énorme de gaufres trône au centre et un pot de pâte à tartiner l'accompagne. Eden est déjà à table, en train de se servir.

- Bonjour tout le monde ! dis-je d'une voix fatiguée.

- Salut, répondent en coeur Ayem, Thiago et Jayden.

- Bonjour Angelina, dit Miro avec un grand sourire.

Aaron, quant à lui, ne répond rien, à moitié endormi, la tête appuyée sur sa main.

Je m'assoie à côté d'Eva, qui prend une gaufre avec un air gourmand, sourire aux lèvres.

Eden, d'un signe de tête, m'incite à en prendre une. Je lui souris, le plus vraisemblablement que je le peux, et attrape la gaufre. Mon frère lève les yeux vers moi, apparemment étonné, mais l'ombre d'un sourire dessiné sur son visage fatigué.

Je lui souris, hausse les épaules, puis, au prix de grands efforts, mange un bout.

- On part à quelle heure déjà ? demande Ayem en finissant son café.

Aaron relève la tête pour la première fois depuis mon arrivée.

- Ils ont dit vers midi trente, déclare-t-il. Mais on va y aller à onze heures et demi. Pour éviter d'être en retard si tu vois ce que je veux dire.

Ayem semble comprendre puisqu'elle prend un air grave et acquiesce d'un signe de tête.

- Hum... Et vous allez où ? demandai-je timidement.

Aaron se tourne vers moi et me foudroie littéralement du regard.

- Mêle toi de ce qui te regarde, dit-il. Sans ton frère, je ne t'aurais même jamais laissé poser un pied chez moi.

J'ouvre de grands yeux. Bon, apparemment, Aaron Evans n'est pas du matin. La langue brûlante, je rétorque :

- Bon, écoute, de toutes façons, on va être obligé de cohabiter ensemble pendant un moment, dis-je froidement. Alors si on pouvait éviter les regards noirs et les paroles blessantes, je t'en serais reconnaissante.

Il fronce les sourcils, apparemment agacé. C'est lui qui est agacé ? La bonne blague !

- Tu es chez moi, dit-il d'un ton mauvais à faire froid dans le dos. Donc tu te plie à mes règles. Et au lieu de t'occuper de nos affaires, commence déjà par te soucier de ta santé. Même un moineau mange plus que toi, idiote.

Je me mords la lèvre si fort que j'en ai le goût du sang. Ces mots sont tranchants, blessants. Ce type est instable. Un jour il va me parler de Harry Potter, pour ensuite me rabaisser le lendemain matin. Je prend une grande inspiration, essayant à tout prix de contrôler mes émotions.

- Je pense me soucier assez de ma santé comme ça, lançai-je en le fusillant du regard. Elle occupe actuellement le plus clair de mes pensées. Quant à toi, au lieu d'essayer de me faire culpabiliser sur ma santé mentale, tu devrais plutôt consulter pour ta bipolarité, imbécile.

J'avoue, l'insulte est partie toute seule. Mais il me met hors de moi ! Qu'est-ce qu'il m'agace ! Je me lève, abandonnant mon petit déjeuner, et quitte la table furieusement. J'en ai assez de ses piques ridicules sur mon poids ou mon corps. Je n'ai pas choisi ce qui m'arrive, j'en paye les conséquences.

Je m'énerve plutôt rarement d'habitude, mais depuis que je suis arrivée ici, j'ai l'impression d'être dans les montagnes russes de émotions, passant de la joie à la rage en quelques secondes. La cause étant ce putain de Aaron Evans. Je ne le supporte pas et ne le comprends pas non plus.

Arrivée au escaliers, je monte les deux premières marches, quant quelqu'un m'attrape par la taille et me plaque au mur. Aaron, en face de moi, appuie son corps sur le mien pour m'immobiliser, la rage dans son regard.

À ce moment, je l'avoue, j'ai peur. Il peut être vraiment effrayant quand il s'y met. La mâchoire contractée, il me terrifie par son simple regard. Mon corps entier tremble sous son poids.

- Insulte moi encore une seule fois, cache-t-il près de mon visage, et je te promets que tu passeras de morte-vivante à morte tout court.

Puis il s'ecarte de moi, laissant mon corps maigre retomber sur le sol tant mes jambes tremblent. Il me laisse après un dernier regard noir, mon sang glacé et mes larmes coulant sur mes joues. Mais où ai-je atterri ?

Angelina Où les histoires vivent. Découvrez maintenant