chapitre 24

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On finit par se relâcher et je ne peux pas m'empêcher de ressentir un vide en moi.

Jayden passe une main dans mes cheveux blonds ondulés et dépose un petit baisé sur mon front.

- Angelina, j'aimerais que l'on parle tous les deux, dit-il. On en a tous besoin je crois...

Je lève les yeux au ciel pour refouler mes larmes une seconde fois.

- D'accord... dis-je d'une voix tremblante.

Il me prend la main délicatement et m'entraîne vers l'étage. On monte les marche d'un blanc immaculé. Je ne trouve plus cette villa aussi froide qu'avant, bien qu'elle ait toujours eu l'air sans vie. Elle est belle mais n'a pas de charme.

Mais maintenant, j'y ressens une certaine chaleur ; comme un foyer.
On continue à monter puis Jay dévie vers une porte noir qu'il ouvre avant d'y pénétrer, moi à sa suite. Il la referme derrière moi. Je regarde autour de moi, pas étonnée le moins du monde de la pièce qui se dresse devant moi.

Elle est immense, peinte en noir et blanc, avec un lit simple, une armoire et une petite commode. Il n'y a presque pas d'effet personnel visible, à part quelques vêtements pliés n'importe comment, un livre policier que je lui ai prêté et...une chevalière en argent posée sur sa commode.

Mon cœur se serre et je me mords la lèvre. Cette chevalière... Elle appartenait à Papa. Elle porte l'initial des Rivera... Je détourne mon regard, me demandant intérieurement comment Jayden a fait pour la récupérer. Le médecin légiste m'avait dit que personne ne l'avait trouvé sur le lieu de l'accident et qu'elle avait sûrement était perdue. Sincèrement, je n'y ai pas crû.

Papa ne se séparait jamais de cette bague, qu'il avait hérité de notre grand père qui lui même l'avait reçu de son père.

Je m'assois sur le lit et Jayden m'imite, semblant dépassé par la situation.

- Qu'est-ce qu'il t'est passé par la tête ? souffle mon frère après quelques secondes d'un silence gênant.

Je ne répond rien. Je ne sais même pas s'il attend une réponse. Et pour cause, il continue :

- C'est de ma faute ? Sûrement. Je n'aurai jamais dû te gifler ou te dire ce que j'ai dis l'autre soir. J'avais eu peur...

Encore une fois je me tais, mordant silencieusement ma lèvre pour ne pas pleurer devant l'air coupable et perdu de mon grand frère.

- Mais quand je t'ai trouvé, le poignet en sang, avec cette horrible flaque écarlate autour de ton bras, et ton visage si pâle... Encore plus pâle que d'habitude... J'ai eu si peur qu'il ne soit trop tard. Et puis je me suis rendue compte que d'une certaine façon... T'étais déjà plus vraiment... Vivante... À l'intérieur...

Sa voix se brise et il se racle la gorge, fermant les yeux quelques secondes. J'ai les mains qui tremblent tandis que le poids de la culpabilité m'assaille une nouvelle fois. Il n'a pas tort, et c'est là le plus douloureux. Je suis morte de l'intérieur.

Peut-être ne puis-je pas m'en sortir au final. Peut-être est-il déjà trop tard ? ... Je ne sais plus. Ce que je sais en revanche, c'est que pour la première fois depuis longtemps, je veux en sortir en vie. Et putain, même si c'est dur, je veux y arriver, coûte que coûte... Parce qu'au fond c'est ce que Papa et Maman auraient voulu.

- Les dernières minutes avant que je ne perde conscience, soufflé-je. J'ai supplié la vie de me laisser une seconde chance. J'ai supplié la mort de ne pas m'enlever. J'ai voulu m'accrocher à mon souffle et à ma conscience. Je ne suis peut-être pas si morte que ça finalement...

Des larmes apparaissent dans ses yeux et mon cœur se fissure légèrement. J'aimerais mieux le voir rire que pleurer, comme avant, quand tout était parfait...

- Aaron a peut-être raison, dit-il. Sincèrement, même si ça me coûtait de ne plus te voir pendant une certaine durée, j'étais pour le fait que tu intègres l'hôpital psychiatrique. Pour moi, c'était trop grave ce que tu venais de faire et je me sentais impuissant par rapport à ton état mental... Et physique.

Je ne dis rien, sceptique. Je sais qu'il se sent dépassé... Mais moi aussi, je veux guérir, m'en sortir. Et puis... Je suis bien entourée je crois ?

- Aaron n'était pas de cet avis, continue Jayden. Il voulait que tu reviennes à la maison, car il n'avait apparemment pas confiance du tout en ce type de... Traitement. Il pense que tu as juste besoin de quelque chose pour te raccrocher à la vie de toutes tes forces jusqu'à ce que tu sortes du fossé dans lequel tu es prisonnière. Il dit que ce dont tu as besoin, ce n'est pas d'antidépresseurs qui ne feront que t'assoupir au fond du trou. Tu as besoin d'une corde solide pour t'accrocher et remonter à la surface avant que l'eau du puit ne te noie complètement. Il a réussi à convaincre les médecins de te laisser sortir, je ne sais par quel moyen, et donc te voilà de nouveau à la maison.

Ma bouche reste close tandis que j'assimile les paroles de Jay. Si je ne suis pas en hôpital psychiatrique aujourd'hui, c'est uniquement grâce à Aaron. Je lui dois beaucoup. Je n'aime pas avoir des dettes envers les autres. Mais il faut le dire, il m'a sûrement sauvé la vie.

Mon regard se perd sur la commode où repose la chevalière. Mes parents seraient tellement déçus de moi s'ils me voyaient ainsi brisée. Mon père serait dévasté d'apprendre que j'avais abandonner la boxe. Il venait à tous mes combats, assistait à absolument chacun de mes entraînements, me donnait des conseils et me soignait lorsque je me blessais, c'est à dire la plupart du temps.

Je donnerai la terre entière pour faire un dernier combat sous ses yeux. Rien qu'un seul. Mais il n'aurait sûrement pas voulu que j'abandonne. D'ailleurs, moi non plus je ne veux plus laisser tomber. J'ai l'impression que ma séance avec Aaron cet après midi m'a fait revivre. Comme une étincelle se rallumant après que le feu ne se soit éteint.

Et Dieu seul sait à quel point ça me fait du bien.

- Angelina, tu m'écoutes ? demande mon frère d'une voix douce.

Je me tourne vers lui, sortant de mes pensées.

- Ho excuse moi, tu disais ? dis-je d'une voix plus tremblante que je ne l'aurais voulu.

Il ne répond pas, et se contente de me serrer dans ses bras.

- Tu vas t'en sortir Ange, murmure-t-il. Ce n'est qu'une question de temps et de volonté... J'ai confiance en toi.

Une larme perle sur ma joue pour la énième fois en une journée. Une question de volonté et de temps... Pourvu que le temps répare ou du moins comble les fissures en moi... Et s'il ne le fait pas, je m'en chargerai moi-même...

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⏰ Dernière mise à jour : 7 days ago ⏰

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Angelina Où les histoires vivent. Découvrez maintenant