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- Jasmine

Il m'a fallut une semaine pour poster cette lettre.
Une semaine à la relire et a me demander si j'avais exprimé tout ce que je voulais lui dire.

J'espérais au moins qu'il l'a lirait, je ne le saurais jamais puisque je n'ai pas mis d'adresse expéditeur.

J'ai finis par prendre mon courage à deux mains et lui envoyer en me promettant de ne plus jamais retourner en arrière.

J'ai besoin d'avancer, d'accepter la situation parce que la douleur qu'elle me cause est indescriptible.

Je n'ai plus envie de vivre, mais je dois le faire.

Alors c'est ce que je fais, chaque matin je me lève et je fais le ménage avant de préparer à manger et attendre que la journée passe.

Je n'ai pas d'amis, ni envie d'en avoir.

Je suis solitaire et cette situation me convient.
À quoi bon faire rentrer d'autres personne dans ma vie ?
Finir par les perdre et être de nouveau blesser ?
Plus jamais.

Chaque jour est un combat contre moi même.
Mes propres démons me hantent chaque nuit.
Je dors très peu mais avec le temps j'ai appris à m'y habituer.

J'arbore un masque sans émotion depuis quelques temps même si mon coeur brûlait toujours autant.
Chaque chapitre de ma vie sera toujours liée à Issam dans un coin de ma tête.

Je pense quotidiennement à lui, à ses problèmes, la réaction qu'il avait dû avoir en lisant ma lettre.

Parfois je regrettais de lui avoir écrit, je me disais qu'un silence aurait sûrement fait moins de peine.

Je n'en sais rien.

Je me demande si ma mère ressentait la même chose que moi vis à vis de mon père.

Elle aussi lui avait écrit une dernière lettre, 18 ans après.

Il m'arrivais parfois de m'imaginer à 34 ans en train de penser à mon premier amour comme ma mère.
En la voyant, mes convictions se confirme.

L'amour est un poison, une prison qui nous condamne à vie à errer loin de l'être qui gardera une partie de notre âme.

La place qu'occupe Issam dans mon coeur ne rétrécira jamais.
Elle sera toujours aussi grande et ne sera plus jamais comblé car il ne fait plus partie de ma vie.

Quelques part, je crois que penser à lui me sert à combler se vide.
Je me fais du mal à moi-même.

Tant pis pour moi.

Ma mère et moi n'avions jamais discuté de nouveau de ce qui était arrivé l'autre jour dans le parc

Elle ne m'avait jamais posé de question, et j'avais fais de même.

Une des choses que je préférais chez ma mère était sa capacité à rester loin de ce qui ne la concerne pas.
Elle ne cherche jamais à tout savoir, elle se contente des informations qu'on lui donne.

C'est un bon trait de caractère que j'essaie également d'adopter.

Je vois aussi son regard plongé dans le vide pendant plusieurs minute avant qu'elle se ressaisisse et arbore son air si stoïque qu'elle avait apprit à construire au fil des années.

« À chaque jour suffit sa peine »  - JasmineOù les histoires vivent. Découvrez maintenant