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- Jasmine

Je me rappelle de ce froid, ce vide, cette boule au ventre que j'avais ressentis le lendemain de la mort de ma belle-mère.

Je me rappelle de cette sensation désagréable que j'avais ressentis en réalisant que je serais maintenant seule dans l'appartement d'Issam.

Je ressentais exactement le même vide le lendemain de son jugement.

Je suis restée assise pendant une trentaine de minutes à repenser à sa condamnation.
Son regard reflétant le néant, son manque d'intérêt, de réaction.

Il était complètement ailleurs, semblant insensible à sa peine.

Je repensais aussi au regard qu'il m'avait adressé, un regard si différent de tous.

Jamais il ne m'avait adressé un tel regard, jamais il ne m'avait repoussé.

La chaleur de son corps contre le mien me manque, j'ai besoin de ses bras, de son odeur.

Comment est-ce que j'allais vivre sans lui ?

Mon cerveau a compris la situation, mais mon coeur lui refuse de l'accepter.

Une petite partie de moi espérait qu'Issam se rachèterait, qu'il me redonnerait espoir d'un avenir à ses cotés.
Une infime partie de moi espérais qu'on puisse un jour fondés une famille.

C'était certes une minuscule partie de mes espoirs, mais cette partie avait tant de mal à s'estomper.

Dix ans ...
Dix ans enfermé, il avait gâcher sa vie.

Mon coeur me brûlait alors que je venais d'ouvrir les yeux, j'avais mal pour lui, mal pour moi, mal pour nous.

Plus jamais je n'allais le voir, je n'allais plus le prendre dans mes bras, j'allais rester avec les souvenirs que j'avais de lui jusqu'à finir ma vie.

Issam est l'homme de ma vie, l'amour de ma vie, et je n'accepte pas encore de le formuler au passé.

Je n'allais jamais être apaisée, je le savais au fond de moi.
Je n'allais jamais l'oublier.

Une partie de moi se demandera toujours si il allait bien, si il s'en sort.
Et si nous étions toujours ensemble, et si j'avais gardée ce bébé?

Ces questions resteront ancré en moi jusqu'à la fin de ma vie, et mon coeur sera toujours aussi serré à chaque fois que je me rappellerais que je n'aurais jamais de réponse.

La vie n'est pas belle, je me suis trompée.

Elle nous fait seulement croire à quelques moment de bonheur avant de nous en arracher à la source.

Je déteste cette illusion, je ne me laisserais plus jamais aller.
Je le savais depuis le début que les hommes étaient tous les mêmes, je le savais que si j'ouvrais mon coeur il finirait en miette.

Ma mère m'avait ouvert ses bras hier sans doute parce qu'elle éprouvait autant de peine.
Elle était la seule à me comprendre d'une certaine manière même si elle avait vécu bien pire.

Je ne voulais pas reproduire ses erreurs et elle l'avait compris, si seulement je l'avais écouté dès le début.

Elle qui avait tant souffert dans l'emprise d'un homme violent, elle qui s'était retrouvé seule après avoir donné sa vie à ce même homme.

« À chaque jour suffit sa peine »  - JasmineOù les histoires vivent. Découvrez maintenant