Chapitre 8: Murthak

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J'accentue la cadence, haletant comme un buffle, alors que la jeune servante que j'ai séduite quelques minutes avant, braille comme une truie qu'on égorge en mordant mon oreiller. Je termine dans un râle et me laisse tomber sur le côté, essoufflé. Elle se redresse et se rhabille rapidement, puis rattache ses cheveux blonds cendrés en chignon avant de quitter ma chambre, légèrement honteuse, en me remerciant d'un sourire. Je ne sais pas si je suis satisfait, je reste un peu sur ma faim. Je débouchonne la bouteille de vin qu'elle était simplement venue m'apporter en l'arrachant avec mes dents, puis je bois directement au goulot. Toutes ces soirées mondaines, où l'hypocrisie prend le pas sur l'honnêteté, m'épuise.

Passer mes journées en compagnie du mage de la cour est bien sympathique mais commence sérieusement à me lasser. Ça manque cruellement d'action. Demain aura lieux le mariage du Général, et j'espère que la petite dame qui va devoir l'épouser quittera l'autel en courant, cela ferait un peu d'animation à se mettre sous la dent. Je me lève en m'étirant et réalise que je suis encore nu. Un rire s'échappe de moi, et je me rhabille, puis sors de mes appartements.

L'agitation est à son comble quant au préparatif de ce dit mariage auquel je suis convié malgré moi. Je fais glisser des arcs électrique autour de moi, je ne manie pas assez mon Flux ici, et cela me frustre. Et ce n'est pas avec un mage au Flux fuyant comme Elichias, que je vais pratiquer. Il ne m'a pas encore parler de la sécurité de la Tour, cela commence sincèrement à me faire perdre patience, tout comme l'entretien avec le Roi. Ce dernier souhaite me voir, mais je n'ai pas encore de date d'entrevue. Je maudis Ulrich de ne pas avoir mieux préparé mon voyage. Je m'ennuie fermement ici. Je traverse les jardins où la décoration est dressée, puis me rends dans l'aile ouest, où se trouve Elichias. J'ouvre la porte de sa bibliothèque mais je ne l'y trouve pas.

— Où est encore passé ce vieillard ? je siffle entre mes dents.

— Vous cherchez Elichias ? Une voix sensuelle et féminine émane de derrière une des colonnes de livres.

— Parfaitement, savez-vous où il est ?

La propriétaire de la voix sort soudain de sa cachette, et je me sens stupide. Je n'avais pas reconnu la princesse. Je m'empresse de lui faire une révérence, mais elle glousse.

— Monsieur Murthak, ne soyez pas si cérémonieux, me dit-elle avec un grand sourire.

— Je suis votre obligé, votre Altesse. Je ne peux m'empêcher de sourire en imaginant Ulrich bégayer devant la beauté de sa promise. Si les Andrasiennes sont toutes belles, la vénusté de la Princesse les surpasse toutes. Une aura de sérénité et de noblesse l'encercle, coupant la respiration de tous les hommes qui la croise, moi y comprit.

— Vous êtes le mage du Roi Ulrich, je me trompe ? Elle prend un livre au hasard dans la pile qui se tient en équilibre devant elle, et le feuillette avec nonchalance.

— Vous ne vous trompez pas, votre Altesse.

— Comment est-il ?

Je suis presque heureux qu'elle me pose cette question. Je préfère que la conversation s'oriente vers lui.

— Il est... Très intelligent, drôle et il aime son peuple.

— Vous ne me donnez que ses qualités, en bon sujet que vous faites, mais qu'en est-il de ses défauts ?

Elle referme le livre devant mon visage avec fermeté. C'est la première fois que je me sens aussi déstabilisé.

— Mon Roi est un homme bon et respectueux...

— Ses défauts ! Si je l'épouse, je ne veux pas être bercée d'illusion.

Son visage est presque parfait. Son nez est en harmonie parfaite avec la courbe de sa bouche, et ses lèvres sont rondes et généreuses. Ses yeux bleu océan sont pénétrants. Je peux désormais affirmer qu'elle ne porte pas de modifieur, il n'y a aucun Flux autour d'elle, et après avoir erré avec le mage de cette cour, je sais qu'il serait incapable de lancer un tel sort.

— Sa Majesté Ulrich est parfois têtu, et il est jeune et inexpérimenté, ce qui lui fait souvent défaut dans ses décisions. Il est gourmand, et aime bien boire pour s'amuser... Je m'arrête avant de trop rabaisser mon Roi.

— Têtu donc, voilà un défaut que nous avons en commun, nos disputes risques d'être... intéressantes.

— Vous êtes donc resignée à l'épouser ? Elle me sourit, et pose un regard sur mon col. Elle s'avance et en dégage de la poussière. Je suis gêné par ce geste.

— Je ne suis pas résignée, c'est moi qui ai demandé à sa Majesté si je pouvais épouser Ulrich. J'étais initialement promise à Javier Bendaroll, mais cette alliance ne m'enchantait guère.

— Vous avez donc... Choisi ?

— Cela vous étonne ? Je préfère encore un Roi inexpérimenté mais bon et loyal, qu'un fils de traitre.

— Je ne peux qu'être d'accord avec vous. Je m'incline à nouveau. Cette Princesse est étonnante.

— Pouvez-vous, s'il vous plait presser votre Roi dans sa décision ? j'ai hâte de quitter cette prison insulaire.

— Bien votre Altesse.

Elle quitte la bibliothèque, et je la regarde partir, bouche bée. Le couple qu'elle va former avec Ulrich risque d'être détonnant. Et je retire ce que j'ai dit sur les Princesses et les Andrasiennes, ennuyeuses à mourir. Cette femme en est tout le contraire.

Je me prépare à mon tour à m'en aller, mais je suis vite bousculer par Elichias qui entre.

— Oh mon bon ami, vous êtes là ! me dit-il.

— Elichias, je vous ai cherché partout ! je m'exclame.

— Excusez-moi, mais je m'entretenais avec le maitre de cérémonie. Le mariage de demain est important, ce n'est pas tous les jours qu'un grand général se marie ! Il lâche un petit rire. En mon moi intérieur, je plains la pauvre créature qui va l'épouser.

— Elichias, il serait temps que nous parlions de ce pourquoi je suis ici. Je ne dois pas faire trop attendre mon Roi.

— Oui, oui, après le mariage, quand tout sera redevenu calme, me lance-t-il. Je m'impatiente, et cela commence à se voir dans mon langage non verbale.

— J'ai discuté avec la Princesse Olivia, je lui dis.

— Vraiment ? Il semble très peu intéressé par cette nouvelle.

— Oui, elle voulait des informations sur moi Roi.

— Oui, elle va l'épouser, c'est tout naturel.

Je perds mon temps. Je décide donc de faire faux bon à Elichias, et de partir me promener un peu dans l'immense parc de ce château, sous un soleil éternel. La pluie d'Orion commence un peu à me manquer. Malgré le temps que passe ici, ma peau ne bronze pas. Je n'aurais jamais le teint hâlé si séduisant, qui sied tant au Andrasiens. Mon Flux me protège des rayons du soleil. Je marche sous les alcôves extérieurs, quand je croise la jeune promise du Général Jankic. Elle ne me regarde pas et marche avec détermination, quand nous nous frôlons. Une étrange énergie m'ébouillante. Un Flux l'encercle, et je sens son odeur de pomme et de cannelle. Quelqu'un l'a ensorcelé. Je m'arrête et la regarde se diriger vers là d'où je viens, le pas pressé, dénué de toute élégance. On pourrait presque la comparer à un soldat qui se dirige vers le front. Qu'elle étrange jeune femme ! Je suis bien curieux de savoir ce qu'elle s'apprête à faire, hélas ce ne sont pas mes affaires. Je décide de passer le reste de ma journée dans les jardins, à profiter de l'oisiveté du moment. 

La Saga des Trois Cités: T1 La Dévoreuse d'OmbresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant