Chapitre 53: Murthak

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Vite, plus vite ! Je me dématérialise, sautant de destination en destination, aussi loin que le permet mon Flux. Orion est encore loin, et mon cœur n'est plus qu'un organe qui pompe mon sang à la vitesse d'un ouragan. Plus vite !

Je suis encore dans la forêt, et mes pouvoirs luttent contre moi. Je me dématérialise à nouveaux, encore dans une Putain de Forêt ! La sueur recouvre mon corps et mes vêtements me collent à la peau. Je déglutis, la gorge sèche, et me dématérialise de plus belle. Enfin ! Je suis à quelques kilomètres de Metrya, j'avance en courant à travers un village, et les passants me regardent bizarrement. Peu m'importe, je me dématérialise à nouveau. Je suis dans le centre de Metrya, et des cris de surprise résonnent autour de moi. Je lève mes mains, haletant, pour rassurer les citoyens. Je regarde le palais depuis ma position. L'édifice en flanc de montagne me parait paisible, aucun feu, aucun cris. Mais mon bracelet brille à nouveau. Je me dématérialise dans mes appartements.

Tout est comme je l'ai quitté. Je sors, et ne croise aucun domestique. Le palais est plongé dans un silence qui me glace le sang.

— Morbus ! J'appelle, mais personne ne me répond.

Ce palais n'est jamais calme. Il y a toujours une horde de domestique en train de faire le ménage, ou de transporter quelque chose. Quelque chose cloche, et mon angoisse me fend l'estomac. Mon Flux m'en veux de l'avoir surexploité, et me le fait comprendre en puisant dans mon énergie pour se recharger. Je descends les grandes marches pour arriver dans le hall, mais aucun valet ne m'accueille. Il n'y a personne.

— Ulrich ! Je cris, et ma voix me répond dans un écho morne et substantiel. Je tremble, je vacille.

— Olivia ! Je hurle de plus belle, et son nom se répercute dans les longs couloirs au timbre brisé de ma voix.

Je jure, je fustige, je vocifère, et rejoins au pas de course l'Aile des appartements du Roi. Ma détresse est étouffante, et ma respiration est sifflante. Je regarde chaque recoins, chaque bout de couloir avec l'espoir de croiser quelqu'un. Je traverse le parc, et des sanglots me percutent les oreilles. Je me fige, le cœur palpitant dans mon cou.

— Il y a quelqu'un ? je souffle.

— Monseigneur... Une des femmes de chambres d'Amila sort de sa cachette. Elle était camouflée derrière un large buisson. Je me précipite vers elle, et la rattrape alors qu'elle est chancèle.

— Que s'est-il passé Merry ? je lui demande avec toute la douceur et l'assurance dont je peux faire preuve.

— Ils les ont tous tué... et ils ont enlevé...

Mon cœur se fracture à en devenir douloureux. Une peine incommensurable me submerge.

— Qui est mort ?

— Les domestiques... les valets... les gardes...

— Qui a enlevé le Roi et la Reine ? je lui demande, chassant de mon esprit les atrocités qu'a pu voir la jeune fille.

— V... V... Votre père...

Un vide s'abat sur moi. Je reste sourd, muet et aveugle. Mon corps se dérobe et je suis sur le point de m'évanouir. Nous sommes en guerre. Nous en sommes de nouveaux dans une putain de guerre. Une odeur d'agrume monte à mon nez, et me ramène à la raison. Je regarde Merry, et je m'aperçois qu'elle a une barrière autour d'elle. Amila s'entrainait sur elle, et c'est surement ce qui l'a protégé d'une mort certaine.

— Merry, savez-vous où il les a emmené ? je lui demande, le palpitant battant à tout rompre.

— Il a parlé du vrai souverain... du vrai grand Roi de la cité.

La Saga des Trois Cités: T1 La Dévoreuse d'OmbresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant