La Saga des Trois Cités: T1 La Dévoreuse d'Ombres

Chapitre 44: Amila

— Qui est là ?

Je me retourne, en cherchant l'origine de cette question tout en essuyant mes larmes et calmant les hoquets de mes sanglots. Une silhouette familière se tient debout, dans cette pièce vide, à l'abri du regards.

Je ne parle pas et tente de m'en aller, mais elle se dirige vers moi, son linceul blanc recouvrant son visage. La Princesse Olivia renifle en tendant une faible main sur moi, alors je la rattrape de justesse.

— Ne dites à personne que je suis ici... me souffle-t-elle à l'oreille. Je m'agenouille pour l'accompagner dans son assise alors que la tiens toujours. Je ne dis rien.

— Je vais me marier... Avec un homme que je ne connais pas... Et j'ai peur... Elle se met à pleurer dans mes bras, alors je caresse les cheveux qui dépasse de son voile, en essayant de l'apaiser.

Elle se recule de moi, et je sens ses yeux m'observer à travers le tissus. J'incline mon menton en signe de respect, et elle pose ma main sur ma joue.

— Vous m'êtes familière... Je vous connait. Son affirmation me fait froid dans le dos, alors je me relève et saisie la poignée mais sa main attrape ma robe avec fermeté.

— Ne partez pas, je vous en supplie...

Je prends une profonde inspiration et me décide enfin à lui adresser la parole, non sans prendre un risque accrue.

— Votre Altesse... Vous devriez aller vous préparer... je tente mais elle trésaille.

— Je suis incapable d'affronter mon destin...

J'ai envie de la secouer. La Olivia que je connais ne se laisserait pas intimider aussi facilement, et son mariage sera un million de fois mieux que fut le mien. Elle doit se ressaisir, et je dois rejoindre Mateus avant qu'il ne s'inquiète et ne prévienne Murthak de ma disparition.

— Votre futur époux est un homme bon, vous ne devriez pas vous mettre dans de tels états, je lui dis à voix basse pour ne pas qu'elle reconnaisse ma voix.

— Qui êtes-vous ? J'ai vraiment l'impression que nous nous connaissons...

— Je suis Myriam Vankarten, cousine du Mage Murthak, je mens toujours en un murmure, mais le trémolo de ma voix me trahis.

Olivia retire alors son linceul, et je vois son visage pour la première fois depuis maintenant plusieurs mois, et mon cœur se resserre. J'ai envie de la serrer dans mes bras, comme l'amie qu'elle a toujours été pour moi, mais je me retiens.

Ses larmes ont tracés des sillons sur ses joues, ses sourcils fins et dorés se froncent alors qu'elle analyse les détails de mon visage. Mes yeux sont fixés dans le bleu azur des siens, et je vois sa pupille se rétracter quand elle me perçois. Mon cœur loupe un battement.

— Amila... murmure-t-elle, et ses yeux s'embrument à nouveau.

Je la prend alors dans mes bras et laisse aller mes sanglots. Elle en fait autant.

— Mais comment... Je pensais que Jankic vous avait... Son souffle chaud réchauffe ma nuque.

— Je me suis enfuie avec Murthak, je glisse, le timbre tremblant.

Nous relâchons notre étreinte, et posons nos front l'un contre l'autre en fermant les yeux. Ca fait tellement du bien de ne pas être obligée de mentir, d'être moi-même avec une personne aussi importante de mon passé.

— Mais votre apparence ? Vous êtes... Différente.

Je lui explique alors le modifieur dont j'étais couverte depuis ma plus tendre enfance, avant que Murthak ne l'ôte. Je lui raconte ma fuite en omettant mes pouvoirs. Je n'ai pas envie de la mettre en danger en dévoilant le contexte exact de ma vie ici.