La Saga des Trois Cités: T1 La Dévoreuse d'Ombres

Chapitre 29: Murthak

Je raccompagne Amila jusqu'à sa chambre. La jeune femme est épuisée, et j'y suis malheureusement pour beaucoup. Je l'ai poussé à bout alors qu'elle n'a pas encore eu le temps de se reposer. Ses yeux émeraude sont mi-clos alors je que la porte presque entièrement avec mon Flux, mais je la laisse regagner son lit seule.

— Reposez-vous, je viendrai vous réveiller.

Elle me répond par un vague sourire, et referme la porte. Je tourne les talons, et redescends jusqu'à la grande salle, où je vois Ulrich discuter avec Mateus et Morbus. Je lève les yeux aux ciels en voyant mon rival m'adresser un sourire mesquin. Mateus et moi ne sommes pas ennemies, mais avons toujours entretenu une relation complexe, pleine de compétition et de jalousie mutuelle. Il veut tout ce que j'ai, et je me surprends parfois à désirer ce qu'il a. Cela en a toujours été ainsi, depuis notre apprentissage à la Tour des mages, et ce malgré notre entente et notre soutien pendant la Guerre des Quatre Roi.

— Tu as abandonné ta cousine, Murth ? me demande Mateus avec un regard sournois.

— Elle dort, notre voyage l'a épuisé. Je te défends de t'approcher d'elle Mat', je sais ce que tu veux faire.

— J'ai du mal à imaginer que vous êtes de la même famille, c'est vrai, elle est tellement belle, et tu es tellement... toi, me raille-t-il.

— Vous avez fini votre combat de coq ? nous interrompt Ulrich.

— Pardonnez-moi majesté... Mat' s'incline et je soupire.

— Nous discutions de la condition de Dame Diken, la femme de votre Seigneur, reprend Ulrich, avec un sérieux qui m'ennuie.

— Tout à fait. Ma Dame souffre d'un mal étrange qui la détruit à petit feu. Autrefois tellement belle, elle n'a plus que la peau sur les os, et ses nous ignorons ce qui la rend dans cet état. Mon Seigneur Diken a fait venir les plus grand médecins des Trois Cités, et aucun ne sait ce qu'elle a vraiment.

— Et qu'attendez-vous de nous exactement ? Ulrich croise ses bras sur sa poitrine, et toise le jeune mage avec curiosité. Je reste silencieux et l'écoute attentivement.

— Cela me fait du mal de l'admettre, mais j'ai besoin des pouvoirs de Murthak, j'aimerais savoir s'il lui est possible de déterminer si la maladie de ma Dame est dû à une malédiction.

— Pourquoi ne pas avoir demandé à Archibald ? le questionne Ulrich.

— Archibald n'a presque plus de Flux, je me permets de répondre. Il ne pourrait pas intervenir.

— J'ai réussi à stabiliser son état, mais j'aimerai pouvoir la guérir. Mon Seigneur est fou de sa femme, et la simple pensée de la perdre pourrait lui faire perdre la tête, nous explique Mateus avec une voix tremblante. Son inquiétude me semble sincère.

Ulrich se tourne vers moi, il attend que je lui dise si oui ou non j'accepte d'aider ce mage et son seigneur. Si ça ne tenait qu'à moi, il bien longtemps que Mateus serait hors de ce château, mais les relations fragiles entre le Royaume Dether et le nôtre est en jeux. Le seigneur Diken n'est autre que le seigneur de guerre du Roi Leogarth, bien qu'il ait montré plus d'empathie et de retenue quant aux atrocités prodiguées par son Roi lors de la guerre.

— Sire, je peux m'entretenir avec vous en privé ? je demande alors Ulrich, il acquiesce, et nous congédions Mateus et Morbus.

Je referme la porte derrière eux, et me met face à mon Roi, qui m'observe en plissant ses yeux gris.

— Je dois entrainer Amila, je lui dis simplement, pour justifier le refus que je n'ai pas encore prononcé.

— Et alors ? Cela t'empêche d'aider ton prochain ?