Chapitre 27: Murthak

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Ulrich nous emmène vers la salle des opérations, très peu utilisées depuis la Guerre des Quatre Rois. La pièce se situe dans une des tours du palais. Elle est petite et circulaire. En son centre siège une table ovales en bois épais, et des chaises en bois sombre, le tout recouvert de poussières et de toile d'araignées. Les vitraux sont recouverts de grands draps poisseux et jaunit par le temps. Je n'y ai pas beaucoup mis les pieds depuis que je suis devenu son mage, mais cette pièce était autrefois prisée par feu son père. Amila me suit avec la prudence et la méfiance que je lui connais, mais sa nouvelle apparence me laisse sans voix. Je ne peux m'empêcher de poser sans arrêt mes yeux sur elle, comme si je voulais connaitre les moindres courbes de son visage. J'essaie cependant de ne pas la mettre plus mal à l'aise qu'elle ne l'est déjà.

Je tire une chaise et en balaye la saleté d'un revers de main et je m'y laisse tomber avec paresse. Amila m'analyse étrangement de ses prunelles émeraudes tellement distinctifs mais se met dans un coin, silencieuse. Ulrich fait les cent pas, les bras croisés, se rongeant l'ongle du pouce.

— Alors ? Je pourrais avoir des présentations en bonne et due forme ? s'impatiente-t-il en rompant le silence.

Mes yeux se posent sur Amila. Sa réelle apparence ainsi dévoilée ne lui a pas pour autant donné assez confiance en elle pour oser répondre au Roi. Il m'incombe donc de le faire.

— Amila vient d'Andrasia, je lui explique, et pour une raison bien particulière nous devons la protéger.

Ulrich me toise, et pose ses yeux gris sur la jeune femme, qui se cache si bien dans la pénombre qu'elle en devient presque invisible.

— Approchez-vous Ma Dame, lui dit Ulrich, et elle s'exécute.

Ses longs cheveux noirs parsemés de mèches violettes aspirent la lumières telles les ombres de la nuit, et contraste avec la pâleur glaciale de sa peau. Pour autant, je ne la trouve pas si différente. Elle est juste plus... Elle.

— Pouvez-vous me dire qui vous êtes, s'il vous plait ? Ulrich a conscience qu'Amila est terrorisée, et essaie de lui parler avec calme et bienveillance.

— Je suis Amila Rovergale sire, épouse du Général Jankic, chef des armées du Roi Edmond.

— Donc une grande Dame, conclu-t-il avec cérémonie, mais pourquoi vous retrouvez vous en compagnie de mon Mage, et pourquoi donc une Andrasienne a-t-elle un physique si... déroutant, bien que vous soyez magnifique, cela va sans dire.

Amila me regarde et attends que je vienne à son secours. J'ignore si c'est parce qu'elle est incapable de comprendre qui elle est, ou si elle a tout simplement peur de la réaction de mon Roi. Je prends une grande inspiration.

— Mon ami, mon Roi, je vais te demander de prendre un siège et de t'assoir, je lui dis avec gravité, j'ai dû faire un détour au Domaine de l'Aube pour cette Dame, et les informations qui nous été dévoilées, sont plus que choquantes, intrigantes, et dangereuses.

— Allez-vous finir par m'expliquer réellement ce qui se passe ? s'impatiente Ulrich, en prenant toute même une chaise pour s'y assoir.

— Je suis une Mara, lâche Amila d'une petite voix.

Ulrich cligne des yeux trois fois, avant de déglutir, puis de nous dévisager à tour de rôle. Amila s'est rapprochée de mon siège et se tient dorénavant debout près de moi. Nous devons représentez un étrange tableau du point de vue du Roi.

— Je vous demande pardon ?

— Il faut que tu comprennes que nous sommes dans une situation extrêmement délicate, je poursuis, Amila ici présente à présenter des pouvoirs quand nous étions sur l'Isle. Elle a projeté son époux dans une armoire, j'ai dû rapidement prendre une décision. Nous nous sommes enfuie, et je voulais récupérer son Flux, en me disant tout bonnement qu'elle était une mage, mais il s'avère que pour prendre son Flux, on aurait été obligé de la tuer.

La Saga des Trois Cités: T1 La Dévoreuse d'OmbresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant