Chapitre 17: Murthak

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Cela fait des heures que nous marchons, et la fatigue nous terrasse à chaque pas. Amila traine les pieds derrière moi en baissant la tête la mine sombre. J'ignore si nous arriverons à tomber sur une ville avant le lever du jour.

— Je n'en plus... souffle-t-elle, en s'arrêtant.

Je m'arrête à mon tour et la regarde. Elle a les bras ballants le long du corps, dans sa tenue beaucoup trop grande pour elle, et ses longs cheveux blonds qui n'ont plus aucune forme, retombent tristement sur sa poitrine et ses épaules. Je soupire.

— Nous n'allons pas nous arrêter en plein milieu de ces bois, nous devons quitter Andrasia avant que les gardes du Royaume se lancent à notre poursuite.

— Vous pensez que c'est ce qu'ils feront ? son menton tremble, ce qui trahit sa peur.

— Vous avez blessé le Général des armées du Roi, ce n'est pas rien, et vous vous êtes enfuie sans en avoir l'autorisation, je lui rappelle, en reprenant la marche. Elle me suit en faisant de petits pas rapides, mais ses chaussures trop grandes la font trébucher.

— Vous n'étiez pas non plus autorisé, qui nous dit qu'ils ne vous recherchent pas également ?

— Parce que dans tous les cas je devais partir aujourd'hui. De ce que je sais, personne ne nous a vu ensemble, ils ne savent donc pas que je suis avec vous.

Je ralentis l'allure pour la laisser me rattraper. Elle boite, et se frotte les bras en manifestant son froid. Je lui tends à nouveau ma main, et cette fois-ci, elle n'hésite pas en me la prenant. Je fais parcourir mon Flux autour d'elle pour la réchauffer, et je sens quelque chose le caresser. Et tout comme la première fois, une forte odeur de pomme et de cannelle gagne mes narines, me faisant presque éternuer. Je la regarde en coin, mais même avec la douce lumière de la lune, je n'arrive pas à percevoir le sort qui l'entoure. Je sais juste qu'il ne vient ni de moi, ni d'elle.

Elle se met à renifler, puis presse soudain le pas, en lâchant ma main. Je la suis, et me met à courir.

— Dame Amila, que vous arrive-t-il ? je lui demande, le souffle court. Je ne suis pas un grand sportif.

— Ne sentez-vous pas l'odeur de fumée ? Me demande-t-elle. Je ne vois pas son visage quand elle se retourne, mais j'entends à sa voix qu'elle sourit.

Je renifle l'air à mon tour, mais l'odeur que je sens m'apporte autre chose que de la joie. Mon cœur se resserre comme dans un étau et je déglutis. Cette odeur de bois calciné me ferait presque tourner la tête.

— Ne vous éloignez pas ! Je lui cris, mais ma voix me parait faible et tremblotante. Je réprime ma peur, et élève une barrière autour de moi.

Je la rattrape à la hâte, et nous arrivons sur un petit village. Les petites maisons en bois sont endormies, et de la souche de leurs cheminées s'élève la fumée de feu en train de s'éteindre dans l'âtre. Je cherche une auberge du regard, mais je doute qu'il y en est une. Tous le hameau est plongé dans un profond sommeil. Je dois me rendre à l'évidence, nous n'aurons pas d'abri pour la nuit.

— Il n'y a pas d'auberge, je lui dis à voix basse pour ne pas réveiller le moindre villageois.

— Nous sommes encore à Andrasia ? me demande-t-elle alors, une pointe d'inquiétude vibrante dans son timbre.

— Oui, nous ne sommes pas en sécurité ma Dame, nous devons poursuivre notre route.

— Je suis épuisée... Elle soupire, mais nous devons tenir bon.

Je me positionne face à elle, et plonge mes yeux dans les siens. Il faut que je la persuade de continuer, coûte que coûte.

— Si un des villageois ici se réveille et nous voit, il y aura des témoins. Personne ne doit savoir que nous sommes ensemble, car j'ai un plan pour notre fuite, mais cela implique vraiment que personne ne sache que nous sommes de connivence.

La Saga des Trois Cités: T1 La Dévoreuse d'OmbresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant