Chapitre 6: Murthak

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Je me réveille encore moite de sueur, tandis qu'on tambourine à ma porte.

— Réveille-toi fainéant ! Ton Roi veut te parler ! me crie la voix de Morbus.

— Frappe encore une fois cette porte et je fais disparaitre ta main ! je le menace, en passant mes mains sur mon visage pour me réveiller.

Je tire mes rideaux mais le jour n'est pas encore levé. Quelle heure peut-il bien être ? Je me frotte l'arrière de la tête et me passe un rapide coup d'eau sur le corps avant de m'habiller. Les reliquats de mon passé ne cessent de venir me hanter la nuit, et mon sommeil se fait de plus en plus difficiles. Je passe un rapide coup de brosse dans mes cheveux, et je replace correctement ma mèche blanche bien en évidence dans le reste de ma tignasse ébène, avant de sortir enfin de mes appartements.

Ulrich m'attend sur le balcon donnant sur la salle à manger. Il est habillé d'une simple tenue en soie, et est accoudé sur la balustrade en pierre, en regardant la ville depuis ces hauteurs, ses cheveux châtains lui tombent désormais dans la nuque, et virevoltent au gré de la brise matinale.

— Tu me fais me lever aussi tôt pour quel raison, majesté ? je lui demande.

Il me toise de son impitoyable œil gris, puis un sourire étincelant se dessine sur son visage. Il s'approche de moi, en tendant sa main pleine de bagues de grandes valeurs, et me fait une tape amicale dans le dos.

— C'est dur de se réveiller avant le soleil, petite princesse ? Me dit-il, moqueur.

Je pouffe, et je regarde l'aube qui se dessine devant moi. Je devrais me lever tôt plus souvent, le spectacle est magnifique.

— Tu n'as toujours pas répondu à ma question, sir, je lui fais remarquer, avec un sourire en coin.

Le Roi et moi nous connaissons depuis notre plus jeune âge, et avons fait les quatre-cents coups derrière les portes de son immense palais.

— En parlant de princesse, tu sais que le roi d'Andrasia m'a promis une de ses filles, il y a de ça trois ans.

— Je le sais, et donc ? Tu me réveilles pour me parler de tes amours ?

Il me jette un rapide regard faussement agacé, et reprend, avec un peu plus de sérieux.

— Non, enfin si. J'aimerai que tu te rendes à Andrasia, que tu vois cette princesse, que tu me dises ce que tu en penses — et je t'interdis de la mettre dans ton lit !

— Les princesses ne sont pas mon genre, beaucoup trop ennuyeuses, et depuis quand désires-tu mon avis sur les femmes que tu convoites ?

— Depuis que je dois me marier et avoir un héritier. Il en va de la sécurité du Royaume.

— Tant de pression sur mes si frêles épaules... Je feins un frisson de faiblesse, il s'esclaffe.

— J'ai surtout besoin que mon mage lui retire un probable Flux qui pourrait camoufler sa laideur.

— C'est encore pire, je marmonne.

— Mais je ne veux pas que tu y ailles que pour ça, j'aimerai que tu t'entretiennes avec leur mage, qu'il puisse t'indiquer si les défenses qu'Edmond nous a promis pour la Tour tiendront.

Je fronce les sourcils. Je ne suis pas un diplomate, et ce genre de discussion n'est habituellement pas de mon ressort. Je m'en vais pour le lui dire, mais il me devance.

— Je sais que tu ne veux pas t'occuper de ce genre de chose, mais je fais plus confiance en ton jugement qu'en celui de Morbus.

Je grimace, Morbus est beaucoup plus doué que moi quand il s'agit de courber l'échine devant des hauts dignitaires et des nobles de la cours.

La Saga des Trois Cités: T1 La Dévoreuse d'OmbresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant