La Saga des Trois Cités: T1 La Dévoreuse d'Ombres

Chapitre 34: Amila

[/!\Avertissement: Ce chapitre contient une scène à caractère sexuel explicite/!\]

Il fait nuit, et je me sens encore faible, mais je tiens bon. Je suis accoudée sur une rambarde en pierre, sur le balcon attenant à la salle de réception. Je savoure l'air frais nocturne sur ma peau, et me sens apaisée. Ce que j'ai fait cette après-midi, j'ai l'impression de ne pas l'avoir vécu. Comme si je l'avais rêvé. J'ai l'étrange sensation que quelque chose m'habite, que je ne peux maitriser. J'ai peur, peur de faire du mal à ceux que j'aime, peur de provoquer une catastrophe, je n'ai jamais demandé à avoir ces pouvoirs, mais je suis condamnée à vivre avec. J'ignore si les entrainements que m'a promis Murthak tiennent toujours, et même s'il sera capable de m'aider.

— Vous n'avez pas froid ?

La voix de Mateus dans mon dos fait ronronner mon cœur. Il n'a pas peur de moi. Ni lui, ni Murthak n'ont eu peur de moi aujourd'hui, et c'est la seule chose qui me réconforte un tant soi peu.

— Non, l'air froid me fait du bien, je lui explique d'une voix las.

Il s'accoude à côté de moi, et la lune inonde de sa lumière laiteuse les cheveux argentés du jeune mage. Il est encore plus beau sous cet angle. Ses yeux bleu saphir me transpercent, et mon cœur s'accélère.

— Vous deviez aller voir Madame, me rappelle-t-il, d'une voix douce, pourquoi ne pas y être allée ?

— J'attends demain, je ne suis pas encore remise, et... j'ai peur...

Il me dévisage avec une intensité telle que je ressens des picotements dans mon échine. Son Flux à l'odeur de menthe et de cèdre caresse ma peau avec une douceur surprenante.

— De quoi avez-vous peur ? sa voix est tellement douce qu'elle me calme.

— De moi-même, de mes pouvoirs, de ma puissance et... je me tais avant de trop en dévoiler. Ma gorge se noue, et je le regarde. Son visage est empreint de gentillesse et de bonté, j'ai envie de lui faire confiance, mais je me résigne. Je dois me méfier de tout le monde.

Il prend alors ma main dans la sienne et entrelace nos doigts. Il caresse mon pouce avec le sien avec une tendresse qui m'est presque inconnu.

— Je n'ai pas peur de vous, me murmure-t-il, en se penchant vers moi. Son visage et si proche du mien que je crois presque loucher pour le regarder dans les yeux. Les siens se posent furtivement sur mes lèvres avant de replonger dans mes iris.

— Alors vous êtes peut-être fou ?

Il émet un léger rire amusé, et humecte rapidement sa lèvre avant de me caresser la joue de son autre main.

— Peut-être...

Mon souffle se coupe, et mon cœur n'est plus que tambour dans ma poitrine, quand je vois ses lèvres s'approcher des miennes. Elles se rencontrent en un baiser suave et torturé. Doux, chaud et humide, ce baiser fait convulser mes sens. Je lui rend avec une ardeur sans vergogne, et passe mes bras autour de son cou. Il se détache lentement de ma bouche et me regarde avec un sourire enjôleur qui est en train de me faire tourner la tête. Je n'ai jamais ressenti du désir pour quiconque, c'est la première fois que j'ai envie d'aller plus loin.

— Passez la nuit avec moi, je lui murmure en un souffle, mes prunelles fixées sur ses lèvres.

— Je ne voudrais pas vous gêner, me répond-t-il d'une voix grave et saccadée, en déglutissant.

— J'en ai besoin, je lui réponds à voix basse, en reprenant une profonde inspiration.

Nous nous embrassons et ouvrons la porte de sa chambre avec fracas, nos bouches sont indécollables et nos langues se lient avec une détresse avide. Je commence à déboutonner sa chemise, mais il l'arrache complétement, dévoilant la prolongation de son tatouage de serpent jusqu'entre ses pectoraux. J'ai envie d'embrasser ce serpent de sa tête à sa queue, et c'est ce que je fais. Je commence par sa joue, puis descend dans son cou, l'os de sa mâchoire, sa clavicule et finalement son torse. Il frémit à chacun de mes baisers, ce qui provoque une excitation insolente dans mon bas ventre. Alors qu'il essaye de retirer ma robe, je me recule, et le fusille du regard. Je sais qu'il ne comprend pas, il ignore tout de mon passé.