Chapitre 3: Murthak

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Mes mains crachent du feu avec une intensité telle que ma peau brûle. Je hurle, recouvrant les cris qui m'entourent. Le décor autour de moi est en proie aux flammes et aux brasiers que j'ai moi-même provoqués. Des maisons gisent en cendre, et des toits s'effondrent sous les braises. Autour de moi s'étendent des corps carbonisés sur lesquels hurlent de douleur les rescapés de ce massacre. Je regarde mes mains, mes paumes n'ont plus aucune trace de mon pouvoir, mais ce que j'ai provoqué, lui, a laissé une empreinte monstrueuse sur la vie de centaines d'innocents. Les visages brulés se tournent vers moi et les cadavres se relèvent et m'encerclent, avant de se jeter sur moi en poussant des rugissements d'outre-tombe.

Je me réveille en sursaut et respire profondément. Je suis vivant, dans mon lit. Le soleil brille de mille feux et baigne ma chambre de sa douce lumière. Je sens des cheveux me caresser la main et tourne la tête. Une jeune femme rousse est assoupie à côté de moi. Je plisse mon front pour essayer de me souvenir de ce que j'ai bien pu faire la veille, mais rien ne me revient vraiment. Je pousse mes couvertures et je découvre que je suis nu comme un ver. La jeune femme remue et émet un gémissement endormie. Je me fige, puis ramasse mes vêtements prudemment pour ne pas la réveiller. Comment s'appelle-t-elle déjà ? Mira ? Kira ? Lira ? Est-elle une serveuse de la taverne, ou bien une fille de joie ? Si Ulrich découvre que j'ai encore fait venir une jeune femme du peuple dans son château, il risque de me sermonner. J'enfile mon pantalon avec des gestes méticuleux.

— Tu es déjà réveillé ? me demande-t-elle d'une voix ensommeillée.

Je grimace, et me contente de lui faire un sourire enchanteur. Il faut que je me sorte de cette situation. Je remonte sur le lit à quatre pattes, m'approche d'elle, et écarte ses cheveux de son visage. Ses yeux noisette me dévisagent avec douceur. Encore une qui est totalement sous mon charme. Je dépose alors un baiser sur ses lèvres.

En sortant de cette pièce tu te rendras chez toi et tu oublieras cette nuit d'amour et de luxure que tu as vécu, tu oublieras même mon visage, ainsi que l'intérieur de ce château...

Je n'aime pas utiliser mon Flux pour manipuler les esprits, mais il est parfois nécessaire de faire ce genre de chose.

— J'ai à faire chérie, je déclare avec assurance, esquivant ainsi l'oublie de son prénom, je te remercie pour cette nuit endiablée !

Même si je ne m'en souviens pas très bien, à mon grand regret.

— Merci à toi, c'était incroyable ! s'extasie-t-elle en s'étirant, dévoilant son pâle sein nu.

— Je n'en doute pas.

Je sors de la pièce en enfilant ma cape sur mes épaules, et m'empresse de rejoindre Ulrich dans la salle à manger. Ce dernier est assis avec Morbus et semble plongé dans une discussion sérieuse et ennuyeuse avec ce dernier, quand ses yeux gris de posent sur moi.

— Tu es encore rentré en charmante compagnie hier soir, me dit-il d'un ton narquois.

Je dégage ma cape et m'assoie à sa table pour commencer à y prendre une pomme dans laquelle je mords sans retenue. Je lui adresse mon sourire le plus équivoque, malgré l'absence de souvenirs de cette nuit. Cela ne devait pas être extraordinaire.

— Où est-elle ? me demande-t-il alors.

— Encore dans mon lit, mais ne t'en fais pas, elle ne se souviendra de rien. Je mords à nouveau dans ma pomme, laissant couler son jus sur mon menton.

— Monseigneur Vankarten, le Roi n'aime pas que vous ameniez de jeune femme dans son palais, me dit Morbus. Je scrute l'homme en machant mon morceau de fruit et lui souris avec insolence.

La Saga des Trois Cités: T1 La Dévoreuse d'OmbresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant