Chapitre 55: Murthak

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Je m'écroule sur le sol humide de ma geôle, et réprime un hurlement de fureur. J'ai presque envie de pleurer, je suis perdu, vidé. Je me couche sur le flanc, en position fœtale et laisse échapper ma rage dans un sanglot que j'étouffe. J'essaye d'appeler mon Flux, en vain. Le pouvoir de la Mara me l'enferme, je suis impuissant.

— JARED ! Je hurle, en frappant du point sur la brique mouillée de ma cellule.

Je préférerai qu'il me tue, plutôt que me garder captif dans cette endroit froid et sombre. Je me redresse, et m'assoie en ramenant mes genoux contre ma poitrine. J'ai l'impression de redevenir le petit garçon apeuré que j'étais quand je vivais encore sous son toit, avant que mon oncle ne m'emmène avec lui à Orion, pour y enseigner l'histoire à Ulrich. C'est comme ça que nous nous sommes rencontrés lui et moi, puis le Flux s'est réveillé autour de lui et de moi. Rapidement, étant le seul héritier, mon oncle a suggéré à Grimoald, le Roi, qu'Ulrich me donne son Flux. Peu après, on m'envoyait à la Tour, où j'ai effectué mon apprentissage, où j'ai fait la guerre... Je me relève, et frappe les barreaux de métal, hurlant, pleurant, évacuant ma haine pour cet homme qui est mon géniteur.

— Quel enfant capricieux...

Je me retourne, et Justinia me toise avec intérêt. Elle porte une robe légère fendue sur le côté, laissant apparaitre sa jambe pale. Elle est pied nu dans ma prison. Je me plaque contre le mur, pour garder mes distances. Elle s'approche et pose sa main sur ma poitrine. L'odeur de son Flux me donne la nausée, et une migraine atroce.

— Je suis pourtant plus belle que toute vos putains et paysannes... ronronne-t-elle à oreille. Je tourne la tête pour ne pas la voir.

— Couchez avec mon père si ça vous chante, mais vous n'obtiendrait rien de moi, je crache avec véhémence.

— Je pourrais me lier à vous... elle mord ma mâchoire, et je la repousse, puis la contourne.

— Je n'ai aucune envie d'être lié à quelqu'un comme vous, plutôt mourir...

— Savez-vous comment une Mara se lie à un mage, Murthak ?

Je ne réponds pas, et à chaque pas qu'elle fait vers moi, je recule d'un pas également. Nous tournons dans cette cellule comme des animaux près à se battre, sauf que je n'aurais pas l'ascendant.

— Elle couche avec, dans une étreinte passionnée... Votre Mara ne s'est pas liée à vous, n'est-ce pas ? Avez-vous seulement eu des rapports charnels avec elle ?

Je ne réponds toujours pas, mais mon cœur se resserre. La peur qu'elle se soit liée à Mateus par inadvertance me tord l'estomac. C'est impossible, il l'aurait su.

— Tuez-moi, qu'on en finisse ! je gronde.

Elle éclate de rire en mettant une main sur son décolleté plongeant, et ses yeux violets essaye de transpercer mon âme.

— Vous ne mourrez pas, votre père le refuse. Et moi, je veux vous gouter avant. Vous êtes particulièrement appétissant, comme une petite sucrerie...

— Libérez le Roi et la Reine, je tente sans conviction.

— Non, ce n'est pas dans nos projets, m'indique-t-elle, en haussant les épaules.

— Que voulez-vous à la fin ! je fustige, en m'arrêtant de tourner.

— La renaissance, Murthak. La reconquête, un nouveau monde !

— Qu'est-ce qu'Ulrich et Olivia ont à voir là-dedans !

— Ils ne sont que le commencement, bientôt tous les Rois seront aux pieds du Haut Roi des Trois Cités...

La Saga des Trois Cités: T1 La Dévoreuse d'OmbresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant