Chapitre 39: Murthak

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Me voici devant la Tour. La dernière fois que j'y suis venu, j'ai dû présenter les pouvoirs de mon père à des apprentis, loin d'être prêts. Le vent souffle fort dans la plaine, et je perçois les effluves résiduelles des Flux protecteurs passés. Je passe ma main sur le mur et ressens les pouvoirs et l'énergie à la fois douce et violente de centaine de mages. La protection est bien là, bien en place, et mon cœur se détend. Je m'éloigne de quelques mètres, et commence à invoquer mon pouvoir. Le ciel gronde, et mes cheveux se dressent sur ma nuque. Des fourmillements parcourent la courbe de mes doigts jusqu'au bout de mes ongles, et la puissance électrique de mon Flux se coordonne avec mes désirs. Je lâche un éclair sur la tour, et celui-ci se divise en milliers de petits éclairs tout autour de l'édifice, suivant la courbe du bouclier qui la protège. J'en lâche une deuxième, et les nuages s'assombrissent. La barrière reste intact, et un rictus satisfait se dessine sur mes lèvres.

Un applaudissement retenti derrière moi, et je me retourne, mon Flux encore plein du courant électrique dont je nourris le ciel. Mon cœur manque un battement.

— Impressionnant. Tu t'améliores...

Il est là, devant moi, me toisant de ses yeux rouges qui hantent mes cauchemars. Ses cheveux noirs semblable aux miens s'agitant sous vent que j'intensifie.

— Que fais-tu ici ? je siffle entre mes dents. Je suis prêt à attaquer.

— Tout doux, mon fils.

Tout mon corps gronde tel le tonnerre que je contrôle, et la rage qui me parcourt est sauvage, incandescente.

— Contrôle toi un peu, tu me fais honte.

— La ferme ! Tu n'as rien à faire ici !

Il lève son sourcil arqué, la même forme que les miens. Le simple fait de savoir que je lui ressemble suffit à me dégouter.

— Ton Roi m'a invité à son mariage, je venais voir si les protections de votre Tour étaient toujours en place... Sa voix est grave et grinçante, et je grimace rien qu'à l'entendre.

— Je m'en occupe déjà, ce n'est pas ton rôle ! Je crache, acerbe.

— Tu penses que je vais me fier à ton expertise ? Tes petits éclairs ne prouvent rien.

J'enrage, et l'orage éclate dans le ciel juste au-dessus de nos têtes. J'ai envie de le voir souffrir, ramper à mes pieds.

— Fous le camps d'ici, le mariage n'est que dans deux jours, je ne veux pas te voir ici avant, je grogne, en me retenant de l'électrifier sur place.

Il éclate de rire, et se dématérialise en un claquement de doigts. Je prends une profonde inspiration et me laisse tomber à genoux dans la terre. J'hurle de tous mes poumons pour laisser courir ma colère, et les éclaires frappent la plaine autour de moi dans un vacarme assourdissant.

En rentrant, je n'ai qu'une envie, m'écrouler sur mon lit. Mais c'est sans compter Ulrich qui m'attend de pied ferme. Il voit mon visage, il voit la colère qui a vidé mon énergie, et je sais qu'il va vouloir des explications. Il me fait signe de le rejoindre dans mon bureau, et je claque la porte derrière moi et me laisse tomber sur ma chaise. Il se tient debout devant moi et croise ses bras sur son torse.

— Laisse-moi deviner, l'orage, c'était toi ? me dit-il d'un ton ferme.

— Inviter mon père n'est pas une bonne idée, je réponds froidement, en serrant mes dents pour ne pas exploser.

— Il est venu à la Tour ? Ulrich semble aussi surpris que moi.

— Oui, s'assurer que les protections tiendraient le coup. Comme si je n'étais pas capable de m'en assurer moi-même.

La Saga des Trois Cités: T1 La Dévoreuse d'OmbresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant