Chapitre 20 - REMUS LUPIN

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Lÿllaip, la Fée d'Orgeon qu'ils avaient ramenée de la Forêt interdite, s'installa sur le tableau de bord du camping-car. Comme Hagrid le leur avait dit, elle ne savait pas parler un mot de leur langue. Cependant, à grand renfort de petits couinements et de gestes, la petite fée avait réussi à indiquer à James et à Lily, qui se relayaient tous les deux au volant de véhicule, la direction à prendre.

Ils roulèrent une bonne partie de la journée. En suivant les indications de Lÿllaip, ils descendirent dans le sud de l'Angleterre avant de bifurquer vers l'ouest. Et, bientôt, ils traversèrent la frontière galloise. L'après-midi suivait son cours alors que leur camping-car fusait sur les minuscules routes de la campagne du Pays de Galles, serpentant au milieu des plaines verdoyantes de la région. Mais bientôt, ils durent mettre ces jolis paysages de côté. En suivant la direction donnée par la fée, ils ne tardèrent pas à pénétrer dans une zone bien plus sombre.

Un début de soirée s'installait alors que leur véhicule traversait des vallées qui, jadis, devaient être recouvertes d'une luxuriante forêt magique ; la forêt d'Orgeon. Aujourd'hui, ce n'était qu'un paysage désolé aux arbres couchés au sol par endroits, comme si une tempête avait sévi, noircis à d'autres, comme si un incendie s'était déclaré. Par le pare-brise, Lÿllaip regardait ces vallées sombres qui s'étalaient à perte de vue sous un ciel chargé de nuages d'un gris orageux.

Remus fut le premier à le remarquer.

- Arrête-toi là, dit-il à Lily en s'appuyant contre son siège, je crois qu'on y est.

Elle coupa le moteur et la bande descendit du camping-car pour se mettre à grimper une colline couverte de cendres froides. Arrivés au sommet, ils virent tous ce que Remus avait aperçu à l'horizon. Des tours lugubres qui se dressaient dans un ciel embrumé.

- Les Côtes de la Mort, frémit-il.

Lÿllaip couina de nouveau ; elle avait l'air de confirmer ses dires. De plus, son expression de terreur confirmait qu'ils se trouvaient bien face à ce terrible camp de prisonniers.

Lily ne tarda pas à le remarquer.

- Lÿllaip ? souffla-t-elle. Est-ce que ça va ?

En regardant la fée de plus près, Remus remarqua qu'elle semblait malade et presque éteinte, dans tous les sens du terme. Les Fées d'Orgeon étaient habituellement lumineuses, luisant généralement d'une belle lumière dorée autour d'elles. Mais depuis qu'ils étaient arrivés dans ce territoire mort, Lÿllaip ne brillait plus. Et son minuscule visage semblait afficher un profond sentiment de mal-être.

- Je crois que cet endroit l'affecte trop, dit Remus après que la fée eut répondu avec ses habituels couinements.

- Sans compter que les Fées d'Orgeon ont besoin de la présence d'une Encyclia de Rêverie pour survivre, ajouta Lily, elle a tenu toute la journée sans l'influence bénéfique de cette plante. Elle peut tenir encore mais sa santé va lentement décliner si cela s'éternise.

James ne quittait pas les tours des Côtes de la Mort qui apparaissaient à l'horizon.

- Elle a tenu sa part du marché, dit-il, on a trouvé ce camp de prisonniers. On n'a plus rien à lui demander. Est-ce que tu pourras rentrer toute seule chez toi ?

Il s'était tourné vers Lÿllaip. Celle-ci répondit d'un couinement qui sonnait comme affirmatif aux oreilles de Remus.

- Les Fées d'Orgeon sont capables de couvrir de grandes distances avec beaucoup de rapidité, dit Lily, si on la laisse partir maintenant, elle pourrait être de retour à la Forêt interdite peu après la tombée de la nuit.

Les Maraudeurs à la Croisée des chemins - Partie I (tome 8)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant