Chapitre 17 - SIRIUS BLACK

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Hagrid resta un moment comme assommé par sa réponse. Et même Sirius pouvait le comprendre. Les Côtes de la Mort avaient acquis une réputation monstrueuse dans les cœurs de tous les sorciers. Ce camp de prisonniers sonnait aux oreilles de tous comme l'une des ultimes menaces que pouvaient leur faire les Mangemorts. Tout le monde souhaitait s'en tenir le plus éloigné possible. Alors essayer de s'infiltrer à l'intérieur était une folie pure.

Le géant semblait ne pas comprendre l'entièreté de ce qu'il venait de dire.

- Je... Je ne vois pas ce que tu veux dire, Sirius, dit-il d'une voix blanche, je croyais... Enfin, vous m'aviez dit que Peter était enfermé dans les Côtes de la Mort, non ?

- Exactement. On ne compte pas l'y laisser éternellement. On va l'en faire évader.

- L'en faire évader... Mais vous êtes totalement fous ! Faire évader un prisonnier des Côtes de la Mort ? Vous êtes libres ! Certes, d'après ce que vous m'avez raconté, les Mangemorts vous traquent... Mais justement ! C'est une des mille raisons pour se tenir éloigné le plus possible de cet endroit infâme.

- Et laisser Peter à son sort ? Hors de question.

- Mon cœur saigne pour Peter, Sirius, n'en doute pas. Mais enfin... C'est tout simplement impossible et... et extrêmement dangereux ! S'il suffisait de faire évader quelqu'un à qui on tient des Côtes de la Mort, les Mangemorts n'auraient plus aucun prisonnier. Vous pensez bien que tout le monde l'aurait fait. C'est impossible, Sirius. C'est triste, mais c'est comme ça... Restez à l'abri, les enfants. Cachez-vous, le temps que cette époque sombre ne passe.

Hagrid avait quitté Sirius des yeux pour regarder les autres, comme s'il avait abandonné l'idée de le convaincre mais qu'il espérait tout de même toucher par ses paroles James, Remus, Lily et Jenna.

Mais cette dernière avait une expression aussi déterminée que Sirius.

- Hagrid, c'est comme ça, dit-elle, on n'abandonnera pas Peter. On trouvera d'abord le moyen de le faire sortir et on le fera s'évader.

Le géant semblait abasourdi, comme s'il les voyait déjà se faire tuer ou se faire capturer par les Mangemorts. Dépassé, il ajouta d'une voix fébrile :

- De toute façon, ça n'explique pas ce que vous faites ici. Personne ne sait où se trouvent les Côtes de la Mort à part les Mangemorts eux-mêmes. Mais je peux vous garantir une chose : ce camp ne se trouve pas à proximité de Poudlard. Loin de là !

- Justement, fit Lily, nous sommes ici pour localiser les Côtes de la Mort. Certes, aucun Mangemort ne voudra bien nous le dire. Mais il y en a d'autres qui savent où ce camp se trouve : les Fées d'Orgeon. Celles qui se trouvaient dans les serres de Chourave lors du sac de Poudlard ont bien dû réussir à trouver refuge dans la Forêt interdite. Nous sommes ici pour les retrouver et leur demander leur aide.

Hagrid eut une moue que Sirius trouva presque vexée, comme s'il avait espéré que leur plan ne tienne pas la route.

- Effectivement, grogna-t-il à contrecœur, une nuée de Fées d'Orgeon a pu quitter Poudlard avant que les Mangemorts ne puissent s'emparer de l'entièreté du château...

Sirius sentit une vague d'espoir envahir son cœur.

- Vous savez où elles se trouvent ? s'exclama-t-il.

- Eh bien, elles ont trouvé un jeune plant d'Encyclia de Rêverie qu'elles entretiennent depuis, bougonna Hagrid, ce doit être à une heure de marche d'ici, plus loin dans la forêt.

Sirius claqua des mains, faisant sursauter Crockdur.

- C'est génial ! Menez-nous à ces fées, Hagrid !

Il s'était presque déjà levé. Mais le géant le regardait comme s'il était soudainement devenu fou.

- Tu voudrais crapahuter dans la Forêt interdite à cette heure de la nuit ? souffla-t-il. Mais enfin, Sirius, sois raisonnable ! Nous sommes à plusieurs heures de marche du château, dans une zone plus sauvage que vous n'en avez jamais visité durant toute votre scolarité. On ne tiendrait pas une heure, en pleine nuit. Vous voulez vous faire écraser par un Troll des bois ? Capturer par des Acromentules ? Déchiqueter par des Vipères des marais ?

- Hagrid, soupira Sirius, plus on perd de temps, moins Peter...

- Non, Hagrid a raison.

C'était Remus qui venait de s'exprimer.

- Certes, la situation de Peter est critique et on ne doit pas traîner, s'expliqua-t-il, mais cela ne veut pas pour autant dire se jeter dans tous les sens. Peter ne serait pas plus avancé si on trouve la mort dans la Forêt interdite.

Hagrid eut un soupir de soulagement.

- Je suis content de voir que tu es toujours aussi raisonnable, Remus, dit-il, excusez-moi, mais votre projet de faire évader Peter des Côtes de...

- Oh, on ira au bout de ce projet, lui assura Remus, mais nous attendrons le jour pour rendre visite à ces fées. Demain, lorsque le soleil se sera levé, pourriez-vous nous guider jusqu'à elles ?

Une expression sidérée s'empara de nouveau du visage bourru du géant.

- Hagrid, intervint James, on ne vous demande pas de nous aider à libérer Peter des Côtes de la Mort. Juste de nous conduire aux Fées d'Orgeon, c'est tout.

- Oui, grogna l'ancien garde-chasse, et ensuite, lorsqu'elles vous révéleront où se trouvent les Côtes, la première chose que vous allez faire, c'est vous jeter dans un danger mortel...

- On doit le faire pour Peter, insista James, vous le connaissez comme moi, Hagrid. Vous vous souvenez de notre première rentrée à Poudlard ? Peter avait tellement peur qu'il n'osait même pas monter dans une barque. Imaginez la terreur qu'il doit ressentir, en ce moment. Seul, enfermé dans une cellule, à la merci de tous les Mangemorts et de leurs sévices.

En observant le visage de Hagrid, Sirius constata que James semblait avoir touché une corde sensible. Le géant paraissait se torturer l'esprit.

- C'est vrai, James, mais c'est tellement dangereux, dit-il en se tortillant ses énormes mains, d'un autre côté... Pauvre Peter... Bon, très bien ! Je vous conduirai demain à la première heure à ces fées, vous avez gagné, bon sang ! Mais où allez-vous passer la nuit, en attendant ? Cette cabane est bien trop petite. J'ai à peine la place pour m'allonger, alors à six à l'intérieur...

- Ne vous inquiétez pas, Hagrid, dit James avec un rire, nous sommes venus avec le camping-car. Il est garé à vingt minutes de marche d'ici. On passera la nuit dedans et on vous rejoindra demain ici à la première heure.

- Vingt minutes, tu dis ? bougonna Hagrid. C'est dangereux mais c'est jouable. Très bien, je vous raccompagne jusqu'à votre camping-car. Et demain, vous ne bougerez pas de là-bas. Je passerai moi-même vous prendre pour vous conduire à ces maudites fées.

Les Maraudeurs à la Croisée des chemins - Partie I (tome 8)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant