Les Maraudeurs à la Croisée des chemins - Partie I (tome 8)

Chapitre 21 - SIRIUS BLACK

La nuit était tombée depuis quelques heures déjà lorsqu'un chien, un cerf et une biche émergèrent de la forêt désolée pour se présenter au pied du mur d'enceinte des Côtes de la Mort, surplombé de cette vertigineuse cheminée. Les deux Mangemorts qui discutaient jusque-là en montant la garde se mirent sur le qui-vive en voyant débarquer ces trois animaux. Mais ils se détendirent vite.

Cependant, Sirius sentait que « se détendre » était un bien grand mot pour qualifier l'attitude des deux Mangemorts. Il redressa ses oreilles, comme pour être à l'affut du moindre changement d'humeur chez ces deux hommes qui les regardaient avec étonnement.

- C'est bon, grommela l'un d'eux en rangeant sa baguette dans sa cape noire, ce ne sont que des bêtes.

- T'as déjà vu un chien traîner avec un cerf et une biche, toi ? fit l'autre, plus suspicieux. Et puis, bon sang, elles sont pas farouches, ces bestioles ! Qu'est-ce qu'elles fabriquent ici ?

- Ce sont des bêtes, fit le premier Mangemort en tendant la main à Sirius, comme s'il voulait qu'il la lèche, elles ont dû être attirées par la lumière de la cheminée, rien de plus. Petit, petit !

- Tu te fous de moi ? Il n'y a pas âme qui vive à des kilomètres à la ronde, dans la région. Même les rats ont déserté les lieux à cause des Détraqueurs. Pousse-toi, je vais les buter.

Mais le premier Mangemort s'interposa.

- Tuer un chien, mais t'es malade, ou quoi ?

- Eh bien ? Quel est le problème, au juste ?

- Figure-toi que j'avais un chien, quand j'étais gosse. Il s'appelait Pipou. C'était une bonne bête.

- Mais qu'est-ce que j'en ai à foutre de ton clébard ? C'est pas lui que je vais buter, si ? Allez, pousse-toi.

- Non ! On ne tue pas les chiens.

- Mais d'où ça sort, ça ? Hier, je t'ai vu torturer à mort ce fichu vieillard parce qu'il n'arrivait plus à travailler dans la mine. Mais les chiens, par contre, il ne faudrait surtout pas les...

Les deux Mangemorts interrompirent leur dispute, tournant un regard étonné vers les trois bêtes qui leur faisaient face. Sirius venait d'aboyer. En réalité, il venait de donner le signal.

Quelques secondes suffirent. Remus et Jenna surgirent du néant, juste devant les deux ennemis en se débarrassant de leur cape d'invisibilité. Les deux hommes n'eurent rien le temps de faire. Deux éclairs rougeoyants explosèrent brièvement au pied du mur d'enceinte et les deux Mangemorts furent projetés au sol, comme assommés.

- Ok, souffla Remus, on n'a pas de temps à perdre. On grimpe mais discrètement.

Déjà, le chien, le cerf et la biche s'étaient volatilisés pour laisser la place à Sirius, James et Lily. D'un même mouvement, ils levèrent leurs baguettes vers la cime de la cheminée, des mètres plus haut, imités par Remus et Jenna.

- Elevatio Auxilium ! psalmodièrent-ils d'une même voix.

Cinq cordes sorties de leurs baguettes jaillirent dans le noir pour aller se perdre dans les ténèbres de la nuit et se ficher à cette espèce de plateforme circulaire qui faisait le tour du sommet de la cheminée. Et l'instant d'après, Sirius, James, Remus, Lily et Jenna grimpaient le long de la paroi de l'édifice.

L'escalade fut rude et éprouvante. Ils avaient plusieurs mètres à monter avant d'atteindre le sommet. Mais heureusement, tous les cinq étaient plutôt en forme, physiquement. Remus avait beau avoir une apparence frêle et amaigrie, il était plus solide qu'il n'y paraissait. Il l'avait démontré plus d'une fois en se battant à leurs côtés, en courant et en nageant, comme lorsqu'ils avaient visité le fond du lac de Poudlard, lors de leur sixième année.