Chapitre 19 - SEVERUS ROGUE

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En regardant le ciel qui trônait au-dessus des Côtes de la Mort, on avait bien du mal à s'imaginer être en été, au tout début du mois de juillet. Le ciel était bas et couvert de nuages d'un gris sombre qui ne laissaient filtrer que quelques rayons du soleil. Cependant, l'air était lourd et étouffant, comme si un orage s'apprêtait à éclater sous peu. Ce n'était pas le genre de climat que Severus affectionnait le plus.

En réalité, au-delà du temps, ce qui l'irritait le plus aujourd'hui, c'était de rester coincer dans ces lugubres Côtes de la Mort. Il se demandait même si le Seigneur des Ténèbres sous-estimait son potentiel. Après tout, il pourrait se rendre bien plus utile ailleurs que dans un vulgaire camp de prisonniers ; cela était réservé aux Mangemorts de seconde zone. Et puis, même sa « mission particulière » n'était pas prestigieuse : superviser la fausse évasion de Pettigrow. Qu'y avait-il à superviser, en réalité ? Il suffisait juste que les Maraudeurs se ramènent, les laisser prendre ce bon-à-rien de Pettigrow et les laisser s'en aller, si sûrs de leurs talents qu'ils pensaient avoir réussi une véritable évasion. Non, clairement, Severus et ses dons en magie noire pouvaient clairement être plus utiles à l'effort de guerre des Mangemort, ailleurs...

Pourquoi le Seigneur des Ténèbres a-t-il choisi Black et Everglade pour le seconder à Poudlard ? Etait-ce du favoritisme à cause de leurs noms prestigieux ? Regulus et Narguise n'avaient peut-être pas à devoir faire leurs preuves – du moins pas autant – aux yeux du Seigneur des Ténèbres ? Ou peut-être que ce dernier avait choisi Severus pour « superviser » la fausse évasion de Pettigrow parce qu'il savait qu'ils étaient de la même promotion à Poudlard ?

Au bout d'un moment, Severus dut écarter toutes ces réflexions inutiles loin de son esprit. Aujourd'hui, il avait des tâches à accomplir, dans les Côtes de la Mort ; des tâches ingrates, certes, mais qu'il ne pouvait pas se permettre de négliger.

Il se trouvait dans l'une des salles de garde du camp, dans cette lumière grisâtre qui avait du mal à percer les nuages, à écouter les rapports d'Avery, Mulciber et Nott.

- En tout cas, disait Avery, je ne sais pas où Greyback va chercher le fait que nous n'ayons pas assez de prisonniers : les cellules en débordent depuis la chute de Poudlard.

- Greyback se plaint que la production de feu grégeois diminue, fit remarquer Severus.

- Oui, mais ce n'est pas forcément à cause d'un manque d'effectifs, dit Avery, ces prisonniers sont lents et n'en foutent pas une. Tu verrais comment ils travaillent ; ils s'effondrent pour un rien ! Si on les menaçait un peu plus, genre si on disait qu'on allait s'en prendre à leurs familles, je pense que ça les motiverait un peu plus.

Severus soupira, comme agacé par la bêtise d'Avery.

- Non, bien au contraire, dit-il, ces prisonniers sont à bout de force, ils ne peuvent pas travailler efficacement. Ce gros bourrin de Greyback ne comprend que la méthode forte, de toute façon. Nott ? Quels sont les chiffres de la production de feu grégeois ?

Tout le monde se retourna vers Nott et ce dernier pâlit ; il avait cette même expression lorsque les professeurs l'interrogeaient durant les cours, à Poudlard, alors qu'il n'avait rien suivi.

- Les... Les chiffres ?

- Oui, les chiffres, s'agaça Severus, je t'avais demandé de me faire un rapport sur notre productivité, hier. Ça en est où ?

Nott eut un rire nerveux.

- Euh... Tu vas rire, Rogue, je ne l'ai pas fait.

Les Maraudeurs à la Croisée des chemins - Partie I (tome 8)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant