Chapitre 51 - PETER PETTIGROW

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- Nom d'une gargouille ! Qu'est-ce qui s'est passé ?

Peter ignora totalement Hagrid qui les regardait tous rentrer dans la vaste salle de réunion du château de Saltwood Hold et se laissa tomber sur l'une des chaises, soudainement fatigué. L'ancien garde-chasse avait quitté sa Forêt interdite quelques mois plus tôt pour les rejoindre, peu de temps après l'arrivée des Maraudeurs parmi l'Ordre du Phénix. Aujourd'hui, il les regardait tous entrer avec effarement, son fidèle Crockdur couché près de la cheminée.

On ne pouvait que comprendre le choc que devait ressentir Hagrid. Ils revenaient tous de leur excursion à Reynisfjara sales, couverts de sang et le regard éteint. Il n'était pas difficile pour n'importe qui, même pour le moins observateur, de comprendre qu'ils venaient d'essuyer une sacrée défaite.

- Les Mangemorts étaient plus nombreux que ce à quoi nous nous attendions, lui expliqua l'un des membres de l'Ordre, un sorcier d'une quarantaine d'années que Peter croyait se souvenir être Henry Deaver.

Tous les rescapés de Blacksand Beach n'étaient pas dans cette salle de réunion ; nombre d'entre eux s'étaient directement rendus à l'infirmerie. Etaient présents Dumbledore, le fils Maugrey, les frères Prewett, James, Sirius, Remus, Lily, Jenna mais aussi Marius, l'oncle de James. Mrs Potter s'était directement précipitée sur ses enfants, soulagée de les revoir en un seul morceau. Les Lupin en avaient fait de même avec Remus. Pour Peter... Personne ne semblait spécialement content de le voir arriver. Sa mère était restée chez elle ; les autres l'avaient poussé à lui envoyer des nouvelles via une lettre mais tout contact s'était arrêté là. Et c'était tant mieux. Peter ne voulait pas d'elle dans ses pattes.

En plus de Hagrid, de Marius, de Mrs Potter et des Lupin, le père Maugrey était là, lui aussi. Il semblait ne pouvoir tenir debout qu'à l'aide d'une canne, l'une de ses jambes ayant du mal à soutenir son poids ; le souvenir, disait-on, de la fameuse bataille de Feldcroft. Mais ce détail mis à part, Sylvanus Maugrey semblait tel qu'il était lorsqu'il avait été leur professeur de Défense contre les forces du mal durant leur sixième année : aussi sphérique qu'une boule de bowling.

Maugrey dirigea directement son regard sur Dumbledore.

- Comment ça se fait ? C'était une bataille qu'on était censés gagner sans aucun problème. Bon sang... Si seulement j'avais pu vous accompagner...

- Père, vous savez bien qu'avec votre blessure...

- Evidemment que je le sais, Alastor, s'irrita Maugrey, je sais très bien que le terrain, c'est fini pour moi. Mais tout de même...

- Tout cela n'aurait rien changé, Sylvanus.

Peter se retourna. Il n'avait jamais entendu Dumbledore s'exprimer d'une voix aussi sombre. L'ancien directeur de Poudlard regardait par les grandes fenêtres la neige tomber dans la mer, en contrebas, les mains jointes dans son dos.

- Vous nous aviez dit que Vous-Savez-Qui se rendrait un jour sur cette plage en Islande, dit Maugrey, et qu'il s'y rendrait probablement seul pour poursuivre sa nouvelle quête.

- La traque de la Baguette de Sureau, acquiesça Dumbledore, sa nouvelle obsession. Enfin... Ce n'est pas si nouveau que ça. Je soupçonne Voldemort de convoiter cette baguette dès qu'il a appris son existence lorsqu'il était élève à Poudlard. Aujourd'hui, il compte devenir son nouveau possesseur et il sait que l'une des trois Flèches du Temps à Reynisfjara contient des informations importantes sur l'histoire de la Baguette de Sureau.

Remus, qui s'était assis à côté de Peter, regardait Dumbledore avec des yeux ronds.

- Mais... Cette histoire de Baguette de Sureau... N'est-ce pas une légende ? A part dans Les Contes de Beedle le Barde, je n'en ai jamais entendu parler par des historiens de la magie sérieux.

Dumbledore baissa la tête, comme s'il regardait ses mains.

- Parfois, les légendes ne sont que des pans d'Histoire oubliée par le temps, philosopha-t-il, est-ce que la Baguette de Sureau existe vraiment ? Ce n'est pas important. Ce qui l'est, en revanche, c'est que Lord Voldemort y croit.

Etrangement, Peter eut la sensation que Dumbledore ne leur disait pas tout, qu'il en savait bien plus sur cette étrange baguette légendaire.

- Vous ne cessez de répéter que vous êtes la personne vivante qui a le mieux connu Vous-Savez-Qui, Dumbledore, fit remarquer Maugrey en consentant finalement à s'asseoir pour soulager sa jambe, vous dites que vous l'avez eu en tant qu'élève à Poudlard et que vous savez exactement comment il réfléchit.

- Certes.

- Le plan était parfait, intervint James, Vous-Savez-Qui devait se pointer en personne sur cette plage de Reynisfjara pour sa quête et on devait tous lui tomber dessus ; Dumbledore et une trentaine de membres de l'Ordre du Phénix. Même Vous-Savez-Qui n'aurait pas été de taille.

- Vous avez sous-estimé votre ennemi, Potter, répliqua Maugrey.

- Pas du tout, intervint Sirius, j'ai vu ce que James et Lily ont fait. Ils étaient à deux doigts d'abattre Vous-Savez-Qui. A deux doigts !

Henry Deaver poussa une expression impressionnée en regardant James et Lily.

- Ce... Cet énorme rocher qui s'est écrasé contre Vous-Savez-Qui... C'était vous deux ?

- C'était nous, confirma Lily.

- Et est-ce que ça a arrêté Vous-Savez-Qui ? grogna Maugrey. Est-ce qu'il est mort ?

- N-non, mais...

- Alors la mission n'est pas une réussite, Evans.

- Ce n'est pas ce que nous prétendons, s'agaça Lily, nous faisons juste remarquer que, si Vous-Savez-Qui avait été seul comme c'était prévu, nous aurions eu de grandes chances d'en finir une bonne fois pour toutes avec lui. Mais il était entouré d'une armada encore plus imposante que la nôtre.

Deaver acquiesça.

- Deux fois plus imposante que la nôtre, dit-il, peut-être plus.

Maugrey eut un rire jaune.

- Eh bien, parlons-en de ces Mangemorts, de cette armada, comme vous dites. Dumbledore était persuadé que, pour une telle mission, Vous-Savez-Qui allait se rendre à Reynisfjara seul ou, à la rigueur, escorté de deux ou trois Mangemorts. Comment se fait-il qu'il se soit entouré d'une armée pour aller récupérer des renseignements dans une grotte ?

Dumbledore ne répondit pas. Il semblait vouloir attendre que Maugrey déroule son argumentaire.

- La raison est simple, reprit l'ancien professeur de Défense contre les forces du mal, il y a un traître parmi nous. Quelqu'un qui a prévenu Vous-Savez-Qui que nous nous apprêtions à lui tendre une embuscade sur cette plage islandaise.

Peter, en une demi-seconde, sentit son cœur se soulever. Il tourna un regard rond de stupeur et de peur sur Sylvanus Maugrey.

Les Maraudeurs à la Croisée des chemins - Partie I (tome 8)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant