Les Maraudeurs à la Croisée des chemins - Partie I (tome 8)

Chapitre 26 - SEVERUS ROGUE

Avec ses deux doigts, Severus referma doucement les yeux grands ouverts de son oncle, vidés de toute étincelle de vie. Il essaya de chasser de son esprit toutes ces pensées qui venaient parasiter son esprit. Mais il ne pouvait pas s'empêcher de se dire que son oncle Aidan avait toujours été le membre de sa famille qu'il avait le plus apprécié. Que c'était lui qui l'avait encouragé à se concentrer sur ses dons. Que c'était lui qui l'avait présenté aux Mangemorts. Qu'il l'avait aidé et recueilli après qu'il eut tué Tobias Rogue. Et que c'était probablement grâce à lui qu'il en était là, aujourd'hui. C'était le seul membre de sa famille dont il pouvait être fier et il avait sûrement fait bien plus pour lui que sa mère et son père avaient pu en faire en toute une vie.

Et aujourd'hui... Quelqu'un avait tué son oncle. Les Maraudeurs avaient tué son oncle. Le dernier membre de sa famille encore en vie.

- Rogue... Est-ce que ça va ?

Severus se releva sans quitter du regard le corps inerte d'Aidan à ses pieds. Du coin de l'œil, il voyait le visage pâle de Nott qui le toisait, dans l'atmosphère embrumée de ce pont qui traversait le conduit de la cheminée.

- Reste ici et veille à ce que personne ne touche à son corps, ordonna-t-il, j'ai encore des choses à faire avant de pouvoir m'occuper de mon oncle.

- Rester ici ? Rogue... La cheminée peut se mettre à cracher du feu à tout instant. Il faut qu'on se barre de là, oui !

Severus lui montra le panneau de contrôle d'un signe de la main.

- Les Maraudeurs ont dû passer par cette cheminée pour s'introduire dans les Côtes de la Mort et ils ont désactivé la cheminée, dit-il, sinon, le corps de mon oncle serait parti en fumée depuis longtemps. On réactivera la cheminée demain matin pour éviter la surchauffe des mines. En attendant, reste ici jusqu'à mon retour. J'ai des prisonniers à remettre en cellule... Et quelques comptes à régler.

Sans attendre de réponse, Severus traversa le pont vers la sortie et se mit à arpenter les couloirs du fort. Le vacarme de l'alarme retentissait toujours. Il savait que le Seigneur des Ténèbres voulait que les Maraudeurs s'en tirent pour qu'ils puissent emmener Pettigrow dans l'antre de l'Ordre du Phénix. Mais qu'avait-il dit d'autre ? Tue un ou deux amis de Queudver, mais laisse l'essentiel du groupe s'échapper avec lui. Un ou deux... Severus se voyait déjà abattre de sang-froid Potter et Black ; et peu importait si ce n'était pas eux, les meurtriers de son oncle. Si c'était ce loup-garou de Lupin, il l'aurait atteint en abattant deux de ses meilleurs amis.

Dehors, l'alarme se répercutait en échos dans les plaines mortes qui entouraient le domaine. Sur le mur, Avery et Mulciber avaient été rejoints par Nausicaa. Severus marcha dans leur direction mais il les avait à peine rejoints qu'un cri retentit en contrebas.

- OUVREZ ! JE VOUS EN PRIE, OUVREZ !

- Qu'est-ce qui se passe ? siffla Severus en s'appuyant contre le mur.

- Un prisonnier qui essaye de s'échapper, répondit Nausicaa, apparemment, il a fait cavalier seul. C'est Bertram Aubrey. Ne t'en fais pas, la grille est solide et elle est en argent noir. Il ne risque pas de l'ouvr...

Mais Nausicaa s'interrompit d'elle-même. A leur grande surprise, la grille de la grande porte du fort était en train de se lever toute seule ! Surpris, Aubrey était tombé sur les fesses, dans le sol boueux, comme s'il avait du mal à en croire sa chance.

- Mais qu'est-ce qui se passe ? persiffla Nausicaa. Qui ouvre cette porte ?

- Là ! s'exclama Avery, dont la vue perçante de vampire lui donnait un avantage pour voir dans cette pénombre. C'est la fille Potter ! Elle ouvre la grille, cette pétasse !