Les Maraudeurs à la Croisée des chemins - Partie I (tome 8)

Chapitre 5 - LILY EVANS

Le trajet dura toute la matinée et une énorme partie de l'après-midi. Si Lily n'était toujours pas à l'aise en conduisant le camping-car, elle estimait avoir fait de nets progrès à la fin de la journée. James, qui savait lui aussi conduire cet engin, avait dû passer tout le temps du trajet à l'arrière, allongé sur le lit, sous la supervision stricte de Mrs Pomfresh. Même si cela semblait l'avoir agacé, faisant remarquer qu'il se sentait bien mieux, ce repos forcé lui fit du bien.

Ils ne s'arrêtèrent que pour faire quelques courses dans une petite ville anglaise et manger sur le pouce avant de reprendre la route. Et en fin d'après-midi, Lily faisait entrer le camping-car dans la véritable fourmilière que représentait Londres. Suivant les directives de Mary, elle gara le véhicule dans une rue se situant proche du Chaudron Baveur, l'entrée du Chemin de Traverse.

A présent, ils se trouvaient tous sur ce trottoir, à côté du camping-car, dans ce capharnaüm de bruits de voitures et de klaxons qui sévissait toujours dans la capitale anglaise.

Emue, Lily était en train de serrer Mary contre elle.

- Prends soin de toi, dit-elle en sentant quelques larmes couler sur ses joues.

Lorsqu'elles arrêtèrent leur étreinte, Lily remarqua que Mary semblait plus en proie aux larmes qu'elle.

- Et toi, sois prudente, dit-elle d'une voix tremblante, ces gens ont fait de vous des cibles. Ne vous faites pas prendre, d'accord ?

Lily hocha la tête et ne put s'empêcher de serrer son amie à nouveau dans ses bras. Sur ce même trottoir, Mrs Pomfresh regardait les autres, fébrile.

- Je... J'ai conscience que vous des adultes, à présent, dit-elle, des sorciers et sorcières accomplis qui ont fini leur scolarité à Poudlard et que je n'ai pas d'autorité à avoir sur vous. Mais... Je pense que vous devriez vous cacher, juste le temps que toute cette histoire ne se tasse. Qui sait ? Peut-être que les forces du Ministère vont, contre toute attente, reprendre le dessus et chasser ces Mangemorts de Poudlard et de Pré-au-Lard ? Et toute cette histoire ne sera qu'un mauvais souvenir.

Mais Sirius ne semblait pas convaincu.

- Peter est enfermé dans les Côtes de la Mort, dit-il, et on ne sait pas ce qu'ils lui font. Il faut le faire sortir de là.

Mrs Pomfresh hocha la tête.

- Bien, dit-elle, si votre décision est prise... Mais je vous en prie, restez prudents. Ça m'en coûte de vous laisser comme ça...

- Ne vous inquiétez pas, dit Jenna, vous devez retrouver vos proches. Et puis, vous en avez fait beaucoup pour nous, déjà.

- Oui, acquiesça James, merci de nous avoir remis sur pieds, Jenna et moi. Sans vous, je serais déjà mort.

Mrs Pomfresh hocha la tête et murmura un faible : « Bonne chance » avant de disparaître au détour d'une rue avec Mary. L'instant d'après, Lily et les autres étaient de retour à l'intérieur du camping-car. Alors qu'elle fermait sa portière, elle vit Remus s'installer à ses côtés, sur le siège du passager.

- Par quoi on commence ? lui demanda-t-elle.

- Mes parents habitent à Luton, répondit Remus, c'est à environ une heure d'ici. Je suppose que ta famille est plus proche ?

Lily attachait déjà sa ceinture.

- A trente minutes de Londres environ, dit-elle, très bien, on commence par ma famille, puis on va à Luton. Et ensuite...

La prochaine étape, à l'origine, devait être Godric's Hollow. Mais maintenant qu'ils savaient qu'ils étaient personnellement traqués par les Mangemorts...

- Ensuite, on verra, conclut-elle en démarrant le véhicule.

A cause de la circulation, ils mirent un peu plus de trente minutes pour arriver à destination. Et alors qu'elle s'engageait dans les rues de son quartier résidentiel natal, le soleil commençait à darder des rayons dorés dans le ciel et les ombres s'allongeaient. Mais dès qu'elle s'engagea dans sa rue, elle sut que quelque chose n'allait pas et un mauvais pressentiment grimpa en flèche en elle.

Ce quartier, habituellement si calme, était envahi ce soir d'un nombre impressionnant de voitures de police, toutes garées n'importe comment en travers de la route. Alors qu'elle faisait piler son camping-car, Lily regarda, bouche bée, tous ces gyrophares bleus qui luisaient de partout, cette horde de policiers qui repoussaient les curieux qui venaient voir ce qui se passait ou installaient des rubalises. Qu'est-ce qui était arrivé pour justifier un tel...

- Non...

Lily remarqua finalement le plus évident. Dans le ciel vespéral, une tête de mort translucide et verdâtre recrachait un long serpent ondulant. Aucun Moldu ne semblait le voir. Eux, ce qu'ils toisaient, c'était les ruines de sa maison qui fumaient encore, comme si elle avait explosé de l'intérieur. Et les deux corps sans vie que les policiers sortaient de ces décombres, recouverts d'une bâche noire.

- Lily, attends !

Elle avait à peine entendu la voix de Remus. Elle ouvrit la portière et se jeta hors du camping-car, trébuchant à moitié sur le bitume pour courir vers les rubalises qui encerclaient cette horrible scène.