Chapitre 30 - PETER PETTIGROW

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Peter ouvrit les yeux, se réveillant d'un coup, comme s'il était toujours en danger. La vérité, c'est qu'il se sentait toujours en danger. Mais lorsqu'il laissa son regard errer autour de lui, il reconnut cette couchette du camping-car dans laquelle il s'était laissé tomber cette nuit, après cette cauchemardesque cavalcade pour s'éloigner des Côtes de la Mort.

Les rayons d'un soleil matinal passaient par les fenêtres du véhicule silencieux. Ils devaient s'être bien éloignés du camp car Peter pouvait entendre les oiseaux chanter, chose impossible aux alentours des Côtes de la Mort. Il resta un moment allongé sur le dos, le regard fixé sur la couchette du haut juste au-dessus de lui. Cela lui paraissait être une éternité, la dernière fois qu'il avait dormi sur un matelas. C'était à Poudlard, dans le dortoir des garçons de septième année de Gryffondor. Lorsqu'il s'était levé ce matin-là pour accompagner les autres dans le braquage de la Pierre Philosophale, il ne s'imaginait pas tout ce qu'il allait traverser. Le braquage, le retour horrifique à Poudlard, la bataille, le feu, sa capture, sa rencontre avec Lord Voldemort, ces jours de fausse captivité... Et enfin, ce matin-là, il était libre.

Enfin... « Libre » était un bien grand mot. Peter ne devait pas oublier qu'il était en mission pour le Seigneur des Ténèbres. Qu'il devait espionner et faire des rapports réguliers sur l'Ordre du Phénix aux Mangemorts. Il se redressa un peu sur sa couchette et son regard fut attiré par son bras droit. De la manche à peine retroussée de sa veste en jean, la Marque des Ténèbres dépassait légèrement, descendant presque jusqu'au poignet. D'un geste vif, il l'abaissa.

Il se leva et regarda le reste du camping-car. Dans la chambre du fond, les draps étaient défaits, signe que James et Lily s'étaient levés. En réalité, il n'y avait pas âme qui vivait, dans ce véhicule. Il le traversa, passa à côté d'une table qui avait été dépliée pour en faire un lit et arriva vers la porte entrouverte qui donnait sur l'extérieur.

Ils étaient tous là. Dehors, dans cette clairière entourée d'une forêt épaisse, parmi les brumes matinales, James, Sirius, Remus, Jenna et Lily avaient déplié une table de camping, s'étaient assis tout autour et buvaient leurs cafés du matin. Peter hésita avant de les rejoindre. Il avait l'impression que ces cinq-là étaient devenus des inconnus, à présent. Comme si trop de choses s'étaient passées, ces derniers temps, pour qu'il reprenne là où ils en étaient.

Leurs voix lui parvenaient aussi clairement que s'il avait été autour de la table à leurs côtés.

- ... Ne pouvait rien faire, Lily, disait Jenna, la herse était faite en argent noir, elle était imperméable à la magie.

- Et si on était restés plus longtemps pour chercher une solution, on y serait restés, ajouta Sirius, on ne s'en rend peut-être pas encore compte, mais c'était chaud, hier.

- Je sais, fit la voix de Lily, mais je ne peux pas m'empêcher de me sentir coupable pour tous ces pauvres gens... J'aurais aimé les sauver. On aurait les sauver. J'aurais tellement aimé qu'ils puissent s'en sortir, retrouver leurs familles... Après tout ce qu'ils ont vécu, ils le méritaient.

Peter prit une inspiration, vérifia que sa Marque des Ténèbres était bien cachée par la manche de sa veste, poussa la porte et sortit dehors. Tout le monde se retourna en même temps.

- Peter ! s'exclama Sirius en se levant subitement. Comment tu te sens, mon vieux ?

Cela fit étrange aux oreilles de Peter d'entendre Sirius s'adresser à lui comme s'ils étaient toujours amis. En vérité, il sentait qu'une distance s'était creusée entre lui et le reste des Maraudeurs.

Les Maraudeurs à la Croisée des chemins - Partie I (tome 8)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant