Les Maraudeurs à la Croisée des chemins - Partie I (tome 8)

Chapitre 15 - REMUS LUPIN

Les Maraudeurs, Lily et Jenna passèrent la journée du lendemain à tailler la route. Même si Remus devait reconnaître que l'article de La Gazette du sorcier racontant ces histoires sordides sur les crimes commis par cette étrange Eglise des Damnés l'avait marqué, il se convainquit lui-même qu'il y avait peu de chance pour croiser ces gens-là dans la nature. Ils devaient être si peu nombreux qu'il fallait une certaine malchance pour tomber sur ces détraqués qui éviscéraient et pendaient leurs victimes pour les Vrykolakas. Ils purent remonter tout le pays jusqu'au nord de l'Ecosse sans jamais rencontrer de membres de l'Eglise des Damnés ni même de Mangemorts.

Lorsque leur camping-car arriva dans un sentier les menant directement à la Forêt interdite, une jolie soirée d'été illuminait le ciel. Lily avait pris en charge la première partie de leur voyage pour finalement se faire remplacer par James en cours de journée. A présent, ce dernier engageait lentement le camping-car dans le sentier avant de s'arrêter définitivement.

- Pourquoi t'arrêtes-tu ? demanda Sirius, assis à l'avant à côté de James.

Installé à la table de l'espace réservé au salon avec Lily et Jenna, Remus se leva pour s'accroupir dans l'habitacle entre Sirius et James. Ce dernier montra du nez ce qui se trouvait derrière le pare-brise.

- On y est, dit-il, c'est la Forêt interdite dans toute sa splendeur. Le camping-car n'ira pas plus loin.

En effet, Remus n'eut aucun mal à reconnaître cette dangereuse forêt que pourtant ils fréquentaient souvent depuis leurs onze ans. Il se tourna vers les filles.

- On est arrivés, leur souffla-t-il.

Entendre le moteur grinçant du camping-car s'éteindre et faire quelques pas dans cette clairière procura un grand soulagement à Remus. Il avait presque l'impression d'avoir passé toute sa journée assis, sans faire la moindre pause. Et c'était presque le cas ; ils ne s'étaient octroyé qu'une minuscule halte au milieu de leur trajet, à peine vingt minutes le temps de manger au bord de la route, le midi.

Jenna se dégourdissait les jambes en regardant avec perplexité les premiers arbres de la Forêt interdite. Elle se tourna vers eux.

- Je ne reconnais pas cette forêt, dit-elle, vous êtes sûrs qu'on est au bon endroit.

- C'est bien la Forêt interdite, sauf qu'on est de l'autre côté, répondit Remus.

Jenna haussa les épaules.

- Si vous le dites. Après tout, vous êtes probablement les personnes qui connaissent le mieux cette satanée forêt de toute l'histoire de Poudlard.

- En réalité, même nous, nous ne sommes jamais allés aussi loin au point de voir l'autre bout de la Forêt interdite, confessa James, donc... Oui, disons qu'on n'est sûrs que ce soit bien le bon endroit qu'à quatre-vingt-dix pourcents.

Remus vit Lily pâlir.

- Quatre-vingt-dix pourcents ?

Sirius eut un rire.

- Vous voulez être parfaitement sûrs que nous sommes bien à la lisière de la Forêt interdite ? Venez, suivez-moi.

Il se dirigea vers quelques rochers qui se situaient à la base d'une falaise, tout au bout de la clairière. Ils grimpèrent à sa suite et, lorsqu'ils furent arrivés à la cime du monticule de roches, ils dominaient tout le paysage. La vue était celle à laquelle Remus s'attendait à voir.

La Forêt interdite s'étendait à perte de vue, ses arbres touffus dévorant tout le panorama à des kilomètres à la ronde. Le terrain était en légère pente jusqu'à l'horizon. Là, aussi petit qu'un point dans un texte, un château se dressait juste à côté d'un lac qui ressemblait plus, de là où ils se trouvaient, à une goutte d'eau dans le paysage. Poudlard. Leur ancienne école était trop lointaine pour qu'ils puissent voir les détails mais Remus était prêt à parier que le château était en ruines, comme lors de leur départ. Mais aujourd'hui, tous les feux avaient été éteints. Une légère lueur verte, juste au-dessus, trahissait la présence de la Marque des Ténèbres, comme lors de leur départ quelques jours plus tôt.

- C'est bien la Forêt interdite, lâcha finalement Sirius, la question qui se pose maintenant, c'est comment retrouver les Fées d'Orgeon ; si elles sont bien dans ces bois.

- Pour retrouver les Fées d'Orgeon, il nous suffit de trouver des Encyclia de Rêverie, dit Lily alors qu'ils commençaient à descendre de la falaise, un sortilège de Révélation devrait nous aider à en localiser les plants.

Arrivés au pied de la falaise, ils traversèrent la clairière, contournèrent leur camping-car garé et franchirent la lisière. Le soleil doré de cette fin d'après-midi parvenait encore filtrer d'entre les premiers arbres et éclairaient le décor verdoyant d'une jolie lumière estivale.

Remus regarda Lily sortir sa baguette magique.

- Revelio ! scanda-t-elle. Par là !

Elle se mit à suivre une piste qui était invisible à leurs yeux. Les trois Maraudeurs et Jenna marchèrent à sa suite. Une marche qui ne dura guère plus de quinze minutes dans une forêt qui se mettait à s'obscurcir petit à petit, à mesure que les arbres devenaient plus touffus. Et finalement, ils arrivèrent devant un plant d'Encyclia de Rêverie d'un noir sombre ; la plante, habituellement luisante d'une belle lumière d'or, était morte et plusieurs mouches tournoyaient autour.

- Pas de Fées d'Orgeon, soupira Jenna.

- Ce n'est pas fini, s'entêta Lily, des plants d'Encyclia de Rêverie, il doit y en avoir beaucoup, dans cette forêt. Peut-être aura-t-on plus de chance la prochaine fois.

- Beaucoup, répéta Sirius, des milliers, tu veux dire. Trouver le plant autour duquel les Fées d'Orgeon ont élu domicile va nous prendre des semaines, voire des mois. Peter n'a pas tout ce temps.

- Gardons espoir, intervint Remus qui sentait l'impatience de son ami, Lily a raison : qui sait ? Peut-être la prochaine sera la bonne.

Lily hocha la tête et redressa sa baguette magique. Mais elle n'eut pas le temps de prononcer l'incantation. Une voix bourrue s'exclama dans leurs dos :

- Plus un geste ! Posez vos baguettes sur le sol ! Maintenant !

Remus, comme les quatre autres, se figea. Il avait tout suite pensé à une embuscade. Mais de qui ? L'Eglise des Damnés ? Ou les Mangemorts ? Après tout, ils n'étaient plus si loin de Poudlard.

- Je vous ai dit de poser vos baguettes sur le sol ! beugla la voix dans leurs dos. Faites-le tout de suite ou je vous jure que vous allez le regretter.

Remus échangea un regard avec les quatre autres. James et Sirius avaient l'air de vouloir en découdre. Mais était-ce seulement possible ? Ils ne savaient pas à qui ils avaient à faire. Leurs ennemis étaient-ils nombreux ? Auraient-ils le temps de tirer leurs baguettes les premiers ? Peu probable. Leurs assaillants devaient déjà braquer les leurs sur leurs dos.

Finalement, ce fut Jenna qui fit la seule chose à faire : elle lâcha sa propre baguette magique à ses pieds. Remus et Lily en firent autant. Puis, de mauvaise grâce, James et Sirius les imitèrent.

- Retournez-vous ! Sans geste brusque.

Alors qu'il se retournait lentement, Remus entendit un chien gronder. Il fit un pas supplémentaire et se retrouva en face de leur agresseur. Il mit du temps à le reconnaître.

L'énorme silhouette dont le visage était presque caché par une barbe et des cheveux hirsutes braquait un parapluie rose sur eux. Dans son long menton brun, le géant qui leur faisait face restait sur ses gardes... Mais il se détendit alors que son visage, fermée dans une expression féroce, se laissa finalement submerger par l'étonnement.

- Hagrid ? souffla Remus.