Prologue

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Prologue

Je suis là, entourée de toutes ces femmes les plus démunies les unes que les autres. J'ai vingt-sept ans depuis peu, et je ne me suis jamais sentie esclave de toute ma vie. L'homme que je pensais connaître, dont j'étais éperdument amoureuse, m'a abandonnée. Pire ! Vendue à ces hommes dont je n'ai jamais connu l'existence. Mais qui sont-ils ? Et pourquoi suis-je ici ? Nous sommes une dizaine de jeunes femmes enchaînées comme des esclaves. Tout comme moi, elles sont vêtues de vêtements qui dégagent la poussière et le renfermé. Nous avons été enfermées durant des jours. Enfin, il me semble, j'ai perdu le compte, mais je suis pétrifiée de peur. Mon corps commence à trembler comme une feuille, je respire, un, deux, trois, je souffle, jusqu'à ce que je me calme. Je suis une femme forte, j'ose enfin lever les yeux et affronter la vue. Il y a le camion dans lequel nous sommes arrivées, garé devant un entrepôt. Des hommes armés nous surveillent, tandis qu'un autre groupe d'hommes discute au loin. Le ciel est dégagé comme les alentours, pas une maison, pas un arbre, un vrai désert. Mais, où sommes-nous ?

J'entends un rugissement de moteur derrière moi, nous avons le réflexe de toutes nous retourner en même temps. Un camion se rapproche et s'arrête très près de nous, un des hommes s'approche du chauffeur et lui serre la main.

— Les nouvelles soumises sont enfin arrivées ! s'exclame le chauffeur.

Quoi ? Une soumise ? Ce n'est pas possible. L'homme que j'aimais n'avait pas pu me faire ça ! Mais pourquoi ?

— Oui, au grand complet. Allez, mesdemoiselles, votre carrosse vous attend, ricane l'homme armé.

Nous hésitons et nous nous regardons les unes les autres, je remarque une fille bien plus jeune que les autres. Elle ne doit pas avoir plus de seize ans, elle tremble de peur, pétrifiée, comme nous toutes. Excédé, le chauffeur klaxonne, ce qui nous fait réagir très vite.

— Allez ! Je n'ai pas toute la journée. Et votre nouvelle maison vous attend.

Je veux l'insulter, mais je ne peux pas, je ne veux pas prendre une balle dans la tête. Nous montons rapidement, lorsque l'une des filles tombe au sol. Je lui tends la main pour l'aider à se relever, mais le salaud armé nous a vues.

— On se dépêche sinon c'est un coup de crosse dans la gueule que vous allez prendre.

Nous montons aussi vite que possible, je me suis déjà faite remarquer, ça commence bien. Nous attendons assises dans le silence à l'arrière du camion, deux hommes s'avancent vers nous. Le plus grand des deux a les cheveux grisonnants, il doit être âgé d'une soixantaine d'années. Le deuxième est plus petit et plus jeune, il a un air arrogant qui le rend détestable.

— Le compte est bon ? Demande le plus vieux.

— Dix, comme prévu. Répond le plus jeune avec un sourire narquois.

Je suis donc destinée à être une prostituée, je veux mourir à l'instant présent. J'ai envie de pleurer, je ne peux pas, mais je ne veux pas montrer un signe de faiblesse.

— Le compte est dedans. Rétorque le vieux pervers en tendant une mallette.

— Avec plaisir, ravi de faire des affaires avec vous. Les deux hommes se serrent la main en guise de fin de transaction. Le marché est conclu, je suis vendue.

Le trajet est très long, pas facile de parler avec des armes à proximité de nos corps. Nous prenons chacune le temps d'observer les autres filles, je remarque que nous sommes toutes très différentes et que nous venons de divers pays. Nous sommes assises sur des bancs en bois qui longent les côtés de la remorque. J'ai à ma droite deux jeunes hispaniques qui se connaissent probablement, elles ont le même visage, certainement deux sœurs. L'une d'entre elles tient la main de l'autre très fort contre sa poitrine. À ma gauche, deux jeunes femmes brunes, elles ont une touche d'exotisme dans les traits de visage, avec des cheveux très longs. Les jeunes femmes me faisant face viennent certainement d'Afrique du Sud. Sous la poussière, on peut discerner la beauté de chacune des femmes qui m'entourent. Je prends le temps d'observer chacune d'elles, nous sommes si différentes. Pourquoi sommes-nous présentes dans ce camion ? Je veux savoir, mais aucun son ne sort de ma bouche. Je suis trop terrorisée, ces deux hommes armés ont un regard glacial qui pointe dans nos directions. Ils sont vêtus de noir et équipés d'un gilet pare-balles. Je scrute ces deux hommes sans me faire remarquer, lorsque le camion fait une halte pendant de longues minutes, durant le trajet.

— Pourquoi sommes-nous à l'arrêt ? Demande l'un des deux hommes surpris.

— Surveille-les, je vais voir ce qu'il se passe !

La remorque du camion est recouverte d'une bâche opaque qui ne laisse aucune visibilité vers l'extérieur. Nous entendons des échanges inaudibles entre personnes, j'essaie de me concentrer pour comprendre, mais ils sont trop loin.

— Mac descend du camion et ramène tes fesses ! Hurle un homme à l'extérieur.

— Euh... les filles restent seules dans le camion ? Demande Mac, qui semble étonné.

— Elles sont attachées, imbécile, et si l'une d'entre elles tente de s'enfuir, je la bute. Maintenant, ramène ton cul !

Je frissonne en entendant ces menaces mortelles, tout tourne autour de moi, je n'ai plus le contrôle de mes angoisses. Il faut que je me calme, je ferme les yeux, et je respire le plus calmement possible. Mon cerveau se remet en place lentement lorsque la bâche s'ouvre, les hommes ont terminé leurs affaires, et le camion reprend sa route.

Double jeu ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant