Double jeu ?

Chapitre 15 : La bataille

Je n'arrive pas à m'endormir, je regarde le plafond en ressassant la journée, je crains pour Misha. J'admire cette femme, elle dégage un charisme naturel, cependant je redoute la prochaine attaque de Carole envers mon amie. Le dragon peut se montrer diabolique, elle voue une haine féroce envers les prisonnières. Je tourne dans mon lit en fermant les yeux, mais mon ventre gronde, je n'ai rien mangé depuis la veille au soir. Je décide de me lever pour faire un tour dans la cuisine, je chausse mes baskets et j'enfile une veste, avant de sortir de la pièce. Je tâtonne les murs, je ne veux pas prendre le risque d'allumer, et de me faire voir. La demeure est silencieuse et sombre, une légère luminosité provient de la bibliothèque, je m'immobilise. Je m'approche lentement sur la pointe des pieds, je suis curieuse de savoir qui est debout maintenant. Je me positionne à côté de la porte ouverte, je pose une main sur le mur et l'autre sur l'encadrement en avançant seulement mon visage.

— Bonjour, ma beauté, dit une voix que je connais.

Je m'avance dans la pièce, il est assis dans un fauteuil avec un livre à la main, il décroise les jambes pour attraper son verre de whisky sur la table basse. Je ne bouge pas, j'attends qu'il commence la conversation en inspirant calmement. Il m'invite à m'asseoir dans le fauteuil à côté du sien, je ne veux pas être trop proche de lui, je choisis le canapé en face. Je l'observe en repensant à cette nuit, il a drogué mes amis et il a profité de moi, je suis encore très en colère contre lui. Nous sommes face à face, les bras et les jambes croisés, la tension pèse dans la pièce. Mon ventre grogne en cassant le silence entre nous, je compresse mes bras contre mon ventre pour faire taire ce bruit, mais je ne peux pas l'arrêter.

— On dirait que tu as faim, dit-il sur un ton calme.

— Parce que votre pseudo-femme m'a punie dans ma chambre.

Il rit aux éclats en entendant ces mots, je me sens vexée par sa réaction.

— Viens, suis-moi ! ordonne-t-il en se levant.

Je le suis sans rien dire, nous arrivons devant les portes de la cuisine, il ouvre en laissant place à une pièce sans personnel. Il se retourne pour me scruter en souriant, je suis méfiante de sa gentillesse, cet homme est sans scrupule.

— Que veux-tu manger ? demande-t-il.

J'écarquille les yeux, je ne m'attendais pas à une faveur de sa part.

— Je ne sais pas trop, mais je veux bien un café.

Je suis indécise devant son intention bienveillante.

— Un café ne va pas te nourrir, je vais regarder ce que je peux trouver. Assieds-toi sur un tabouret en attendant.

Je le regarde ouvrir et fermer les placards. Il est vêtu d'un jean et d'un t-shirt noir laissant apparaître ses muscles saillants. Il a beaucoup de charme sous ses airs d'homme froid et insensible, mais sa cruauté est cachée par ses atouts. Il sort des ingrédients du réfrigérateur, il prend le temps de les laver avant de les découper, pour composer une jolie salade. Il place les éléments dans une assiette avec esthétique, avant de la poser devant moi, je n'en reviens pas. Il ouvre un placard pour en sortir deux verres à pied, il les pose sur le comptoir et vide du vin blanc. Il lève son verre avant de boire une gorgée, je reste figée, mon vin à la main.

— C'est en quel honneur ?

— À tes futures prouesses, répond-il en trinquant.

— Si vous le dîtes, dis-je d'un air perplexe en goûtant.

Il s'approche pour attraper une mèche de mes cheveux, en la positionnant derrière mon oreille. Je me raidis sur mon tabouret, un frisson me parcourt le corps, je recule pour éviter son contact avec ma peau. Il se redresse en posant ses mains sur le plan de travail, son regard devient brûlant, la nuit s'annonce mouvementée.