Chapitre 26 : Le bandeau

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Je me réveille entièrement ankylosée par les coups de la veille, la pommade a anesthésié mes brûlures et j'ai pu m'endormir paisiblement. Je pousse les draps pour vérifier ma cheville en soupirant, elle est encore gonflée et douloureuse. Je me lève pour quitter la robe et enfiler des vêtements plus confortables, avant de m'observer dans le miroir. La chambre est éclairée par le plafonnier toute la journée, je marche en boitant jusqu'à la teinture murale, pour dégager la fenêtre. J'attrape la matière avec mes deux mains pour tirer dessus, et la faire tomber au sol, je veux apercevoir la lueur du soleil dans la pièce. Une tringle maintient le rideau et persiste à lâcher, je montre plus de ténacité dans mes mouvements, pour arriver à mes fins. La porte s'ouvre au moment où la barre s'abat sur ma tête, me faisant dégringoler au sol, sous la masse de tissu.

— Tu veux jouer à cache-cache ! S'exclame Jamie, d'un ton sec.

Elle m'aide à me débarrasser du poids qui pèse sur mon corps, avant de me tendre la main, que j'accepte avec le sourire. Je boite jusqu'à mon lit pour m'asseoir, je touche une bosse qui apparaît sur mon crâne, je me sens cassée de partout. J'ai besoin d'un bon bain chaud pour me détendre, mais je doute que ce privilège me soit accordé. Je lève les yeux vers la grande brune, qui me scrute avec insistance. Elle montre mon petit déjeuner qu'elle a déposé sur la commode, avant de venir me secourir.

— Quelque chose ne va pas ?

— Que s'est-il passé avec le maître, dans ta chambrée ?

Je la regarde en écarquillant les yeux, je ne comprends pas où elle veut en venir, mais j'essaie de m'expliquer pour me déculpabiliser.

— Il m'a ramenée dans ma pièce, ma cheville était gonflée et je ne pouvais plus marcher.

— Et, après, insiste-t-elle.

Je me lève pour prendre mon petit-déjeuner, avant de l'inviter à s'asseoir à côté de moi, en lui montrant le lit. Elle souffle d'agacement en sortant les mains de ses poches, mais elle accepte de me rejoindre. Je n'ai pas confiance en cette femme, mais je ne peux pas me permettre de la mettre en colère contre moi. Je dois la manipuler, pour comprendre où je suis retenue prisonnière, et découvrir qui m'a enlevée. Je réfléchis pour trouver les mots adéquats, en buvant mon café, je ne veux pas la froisser.

— Je veux que nous restions en bon terme, Jamie. Je vais te raconter dans les moindres détails, ce n'est pas un problème.

— D'accord, mais ne me cache rien. Ce n'est pas dans ton intérêt, rétorque-t-elle.

— Pourquoi es-tu énervée après moi ?

— Je préfère te laisser la parole, dit-elle en mordant dans un croissant.

— Il m'a déposée sur mon lit en me laissant les yeux bandés, avant de prendre de la pommade anesthésiante dans un tiroir. Il m'a retournée avec violence sur le ventre, avant de soulever ma robe, pour appliquer la crème sur mon corps. Et, il est parti sans dire un mot.

— Est-ce que je peux te faire confiance, Éva ?

— Sérieux ! Je ne connais pas le visage de mon agresseur. Et, il m'attache pour m'observer, pendant que ses amis me fouettent le corps. Penses-tu vraiment que je voudrais le fourrer dans mon lit ?

Elle se redresse avant de déposer sa viennoiserie, je porte mes lèvres à ma tasse en la toisant.

— Je suis désolée de m'être emportée, mais nous craignons que l'histoire se répète, m'annonce-t-elle.

La grande brune vient d'évoquer des personnes, je présume que Carole en fait partie. Je dois obtenir davantage d'informations sans éveiller ses soupçons, en la laissant divulguer des brides, qui précisent mes suppositions.

Double jeu ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant