Chapitre 31 : Fantasme

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Je tourne et vire dans mon lit sans trouver le sommeil, malgré mon épuisement. Je me lève pour me rafraîchir dans la salle de bain, située en face de mon matelas. Je découvre mon reflet peu séduisant, mon teint est pâle et mes cheveux complètement ébouriffés. J'ouvre l'eau pour me laver les mains, avant de m'éclabousser le visage, et le nettoyer avec de la lotion. Je m'enveloppe avec une veste chaude, pour aller faire un tour sur le balcon, les écuries sont encore allumées. J'aurais aimé voir cet heureux évènement, mais je ne sais pas si j'aurais été autorisée à y participer. Même blessée, je reste une prisonnière, et je ne jouis pas de la liberté dont je rêve. Je me retourne vers la porte de la chambre, je fixe le verrou en me demandant si Gary a pris soin de m'enfermer. Je m'approche pour vérifier, j'inspire lentement en attrapant la poignée, et je tente d'ouvrir en tirant vers moi. J'écarquille les yeux, je peux apercevoir la lumière provenant du salon, je chausse des baskets pour m'y aventurer. Je n'ai pas encore retrouvé toutes mes forces, je pose la main sur la rambarde pour m'aider à descendre les escaliers. J'observe les alentours, le silence me laisse imaginer que je suis seule, dans cette grande maison. Je scrute l'entrée, je divague en pensant à la liberté qui peut se trouver de l'autre côté. Je sursaute en entendant un bruit provenant de la cuisine, ma curiosité me pousse à aller vérifier, je regarde la porte une dernière fois, avant de m'avancer vers la luminosité de la pièce. J'ai très envie de m'évader mais je suis incapable d'identifier le lieu où je suis retenue prisonnière. Je pénètre dans la salle en fermant les paupières, une agréable odeur de pâtisserie m'enivre. Denise cuisine des petits plats derrière ses fourneaux, elle semble joyeuse en fredonnant un air de musique. Elle pointe son regard dans ma direction, elle a dû m'entendre arriver grâce à ma discrétion légendaire.

— Choisissez un siège, Éva ! s'exclame-t-elle en me faisant un signe avec son doigt.

Le chemin m'a paru déjà long sans mon fauteuil, je me laisse convaincre par sa proposition. Elle arrête de préparer ses brioches pour se laver les mains, j'attends qu'elle entame la conversation.

— Est-ce que vous voulez un café ? demande-t-elle en souriant.

— Si vous me prenez par les sentiments, je ne peux pas refuser.

Elle dépose un mug fumant, et une assiette de petits biscuits devant moi, avant de répéter ses activités.

— Comment allez-vous ? Est-ce que vous avez besoin de quelque chose ? s'inquiète-t-elle.

— Je vais mieux, mais je suis un peu perdue, dis-je en baissant la tête.

Je tourne la cuillère dans mon café en pensant à la situation que je vis, je suis enfermée dans une maison que je ne peux pas m'approprier.

— Vous êtes en sécurité dans cette demeure, vous arriverez à vous sentir à l'aise, me rassure-t-elle avec bienveillance.

— C'est gentil, mais je ne sais pas combien de temps je vais pouvoir loger ici.

La gouvernante hausse les sourcils d'étonnement, elle n'a pas l'air de comprendre ce que je viens de lui annoncer.

— Vous êtes la première femme que Gary ramène à la maison. Je ne suis pas certaine qu'il vous laisse quitter cet endroit.

Elle me lance un clin d'œil en remplissant ses moules, je reste un moment à l'observer dans le silence. J'aime son apparence, elle a des petites fossettes qui lui donnent beaucoup de charme. Je descends du tabouret pour regarder le patio dans l'obscurité, en terminant mon café.

— Auguste vous apprécie beaucoup, engage-t-elle.

Je me retourne vers elle, je suis heureuse d'avoir des nouvelles de mon ami.

Double jeu ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant