Double jeu ?

Chapitre 37 : Sylvia

Je tourne en rond dans ma chambre depuis trois jours, les secondes sont devenues des minutes, et celles-ci des heures. Je me dirige vers le balcon pour la énième fois, je remarque une limousine devant le portail, aux fenêtres teintées. Je m'accoude sur le balustre pour découvrir la personne qui va en sortir, en ne quittant pas la voiture des yeux. Je m'ennuie tellement, je n'ai pas grand-chose à faire entre ces quatre murs, et j'essaie d'oublier la soirée qui se prépare, et que j'appréhende. Je reconnais Gary, il pénètre dans la demeure en levant son regard vers moi, il est différent. Je me décale pour ne plus le repérer, une boule d'angoisse m'envahit sans aucun motif, je m'avance à nouveau pour le scruter, mais il a disparu.

— Bonjour Éva !

Je me retourne vers la porte, Marco est planté face à moi avec mon petit-déjeuner, il exprime la désolation devant ma situation déplorable.

— Tu n'y es pour rien, mon ami. Je suis persuadée qu'elle avait prévu de m'enfermer, avant notre rendez-vous.

— Tu as peut-être raison, mais je n'aime pas te voir avec une mine déconfite.

— Ne t'inquiète pas, je suis plus forte que je parais.

— Je le sais, ma belle, dit-il en installant le plateau sur la table.

Nous nous calons sur les sièges, je regarde les petites assiettes, qui sont remplies de fruits, de tartines et de viennoiseries, en bavant. Je commence à me servir, Marco ne bouge pas, il me dévisage en posant ses coudes sur la nappe.

— Que se passe-t-il, Marco ? demandé-je en croquant dans une chocolatine.

— C'est le grand moment, dit-il en baissant la tête.

Je reste bouche bée, je sais que cette soirée doit avoir lieu, mais je ne suis pas au courant des détails, comme le thème ou la date. Je garde mon calme, je sens qu'il est penaud pour moi, et qu'il ne sait pas comment en discuter avec moi.

— Connais-tu mon emploi du temps, pour la journée ?

— Non, mais Carole a demandé à Sylvia de venir t'aider pour te préparer.

— C'est trop gentil, dis-je avec une pointe d'ironie.

— J'ai essayé de savoir quel garde te sera affilié, mais je n'ai pas eu de réponse. Je vais tenter de m'incruster pour te surveiller.

— Je ne souhaite pas que tu t'attires des ennuis, et encore moins à cause de moi, répliqué-je en posant ma tasse contre mes lèvres.

— Que pourrait-il m'arriver ? Ne t'inquiète pas pour moi, pense plutôt à toi.

— Justement, je ne voudrais pas te perdre.

Il me sourit avec tendresse, et plante ses doigts sur ma main qui tremble, il cherche à me rassurer. C'est un ami formidable, il m'aide à chaque étape que je vis dans cette demeure, et il est mon confident le plus fidèle.

— Je viens d'apercevoir Gary par le balcon, dis-je pour changer de sujet.

— Tu as bien de la chance. Misha n'a pas pu le voir.

— Je n'ai pas halluciné !

— Je n'ai pas dit ça, tu as juste plus de veine que nous, rétorque-t-il en montant les mains.

Je me lève pour me rendre au seul endroit extérieur qui m'est autorisé, je regarde vers le bas, mais la limousine a disparu. Je suis déçue de ne pas pouvoir présenter le véhicule à mon ami, soudain, je me relève en entendant mon prénom. Auguste balaye le vent en faisant de grands gestes, il me pointe sa poche, pour me signifier que Chloé a répondu. J'appelle Marco qui me rejoint sur le balcon, je lui montre Auguste en lui expliquant pour le papier.