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— Du coup, si ce n'est pas indiscret... hésita Kal en s'affalant à mes côtés. C'est quoi votre histoire, Elisa et toi ?

Je m'enfonçai dans les coussins, m'installai contre l'accoudoir, les souvenirs au bord des lèvres. Mine de rien, elle m'avait manqué, cette petite tornade d'énergie et de joie de vivre.

— C'est une histoire assez courte, finalement, souris-je. On s'est rencontrées pour une mission. J'ai été sa garde du corps pendant près de huit mois.

— C'est long... vous aviez quel âge ?

— Une douzaine d'années.

En voyant son expression perplexe, j'ajoutai :

— On était dans un pensionnat huppé, et je faisais office de protection très rapprochée vingt-quatre heures sur vingt-quatre. On savait qu'un rival en voulait à son père, et il nous avait engagés pour ne pas laisser sa fille se faire embarquer dans le conflit.

C'était finalement sa fille qui avait permis d'achever l'histoire – dans un bain de sang très ekrestien – en se faisant kidnapper malgré toutes les précautions prises. Pendant que je la sortais du hangar où elle avait été enfermée, Ekrest remontait à la trace toutes les personnes qui avaient participé de près ou de loin à son enlèvement, et trois jours plus tard, il avait retrouvé le commanditaire.

— Et elle est au courant de... quoi exactement ? Parce que j'ai l'impression qu'elle en savait à la fois très peu et beaucoup trop.

Je soupirai, m'affalai sur le canapé en souriant. Elle en savait effectivement beaucoup, et se doutait de trop. Mais elle n'avait jamais posé la question, et je ne lui avais jamais officiellement expliqué.

— Elle sait que je travaille par contrats et missions ponctuelles, que je change d'identité souvent. Mais elle n'a aucune notion de magie. Pour elle, je suis une sorte de mercenaire formée dès le plus jeune âge, peut-être une Yakuza. On s'est revues régulièrement depuis la première fois où on s'est rencontrées, donc on a quand même plus ou moins grandi ensemble.

Un sourire nostalgique flottait sur mes lèvres, mon esprit avait dévié.

— Et là, réfléchit Kalyan à haute voix, elle t'offre un appart de luxe en plein milieu de Singapour. Je n'ose pas imaginer ce que tu as fait pour elle.

— Je lui ai sauvé la vie, répondis-je avec une pointe de mordant.

Il pouffa, à peine surpris.

— Évidemment. À quoi aurais-je dû m'attendre ?

D'un geste qui n'était pas totalement assuré, il tendit les bras dans ma direction, l'air interrogateur. Je haussai les sourcils, amusée, puis coulissai le long du canapé bien trop grand, et me glissai dans l'étreinte. Il m'embrassa délicatement sur la tempe, et je me laissai aller contre son épaule, cherchant dans ses bras le réconfort et le soulagement d'être arrivée à destination en vie et sans heurts.

— Et tu lui as parlé de Barcelone ? Qu'est-ce qui s'y était passé ?

Je soupirai, rejetai la tête en arrière, le détaillai avec un sourire songeur. Il avait commencé à laisser sa barbe pousser depuis que nous avions amorcé notre retour vers Midgard pour confondre un peu ses traits aux yeux des observateurs non-avertis et des caméras. Et sa barbe avait bien poussé. Le connaissant, il en ferait bientôt des tresses pour la maintenir sous contrôle, rejoignant les traditions viking de ses ancêtres.

— Barcelone c'était... compliqué. Tu te souviens de Levi, qu'on a vu à Stronstall ?

— Comment pourrais-je l'oublier ! pouffa-t-il.

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⏰ Dernière mise à jour : Sep 22 ⏰

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Le Cycle du Serpent [III] : L'Hiver des MaisonsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant