-Je souhaiterais que toi et Max vous remettiez ensemble.
Ce n'est pas comme ça que commence cette histoire. Elle commence, quand j'avais douze ans. Quand j'ai rencontré un petit garçon qui m'a fait part de son rêve de devenir pilote de formule 1.
C...
—Papa, hurla Max en se rapprochant de l'homme se tenant au milieu du foyer.
L'échange scolaire était sur le point de prendre fin ; les enfants, pour certains, terminaient de boucler leur valise, tandis que d'autres attendaient déjà l'arrivée de leur parent. Max aurait voulu attendre plus longtemps. La présence de son père signifiait également qu'il allait devoir dire au revoir à Sienna, sa meilleure amie.
En réalité, Max ne voulait pas que Sienna soit son amie ; il voulait qu'elle devienne son amoureuse. Mais il n'avait pas osé le lui dire, elle était beaucoup trop jolie et beaucoup trop cool. À défaut d'être son amoureuse, elle serait son amie. Il était seulement triste de devoir la quitter si vite.
—Je veux te présenter Sienna. C'est mon amie.
—C'est bien, Max, dit le père de famille en posant sa main sur la tête de son fils.
—Est-ce qu'elle peut venir avec nous ? Comme ça, elle pourra venir à ma prochaine course, elle n'est jamais allée sur un circuit.
—Ok, Max, mais peut-être que je devrais parler avec les parents de Sienna dans un premier temps.
—Ils sont là-bas, dit la petite fille en pointant du doigt le couple pénétrant dans le foyer.
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Jos Verstappen était sans doute la dernière personne et en même temps la première personne que je m'attendais à trouver derrière cette porte. Mais c'était bien lui, qui me souriait de toutes ses dents tout en me faisant un signe pour m'enjoindre à entrer réellement dans la pièce.
—Toujours aussi jolie, dit-il en secouant la tête avant de me prendre dans ses bras.
Sa familiarité me renvoya presque vingt ans plus tôt, quand j'avais croisé son chemin pour la première fois. S'il m'était arrivé de croiser le champion du monde en titre de loin dans les couloirs, c'était réellement la première fois que je revoyais Jos en sept ans. Immédiatement, la méfiance fit son chemin dans mon esprit. Jos n'était pas une mauvaise personne, mais il avait toujours un agenda. Le plus souvent concernant son fils aîné. Et sa présence ici ne pouvait que concerner ce fils.
—Tu dois être surprise de me voir ici.
—Oui et non, je répondis à demi-mot. Curieuse, c'est certain.
—Ah, certaines choses ne changent jamais.
Nous prîmes place dans l'espace canapé que comprenait la pièce.
Même enfant, je n'avais jamais réussi à me faire une idée claire de ce que Jos pensait de moi. J'imaginais que son opinion dépendait de la manière dont je pouvais contribuer à l'avancée de la carrière de Max. J'avais été un moyen facile de canaliser l'esprit rebelle de l'enfant et aussi, peut-être, de le forcer à parler anglais au quotidien. Mais maintenant, alors qu'il était déjà champion du monde, je n'avais plus rien à apporter. Ce point, j'avais eu du mal à le digérer, mais il fallait se rendre à l'évidence. Il était devenu champion du monde sans que j'aie besoin de lui dessiner une voiture. Je me rassurais en me disant que j'avais tout de même participé à l'effort de guerre pour produire le dessin. Perdue dans mes pensées, je fus rapidement rattrapée par Jos.
