-Je souhaiterais que toi et Max vous remettiez ensemble.
Ce n'est pas comme ça que commence cette histoire. Elle commence, quand j'avais douze ans. Quand j'ai rencontré un petit garçon qui m'a fait part de son rêve de devenir pilote de formule 1.
C...
Une boule d'angoisse se logea dans mes entrailles. Depuis qu'elle était entrée à la fac, les moments où nous nous voyions devenaient de plus en plus rares. Entre mes courses en Formule 3 et les négociations avec Mercedes et Red Bull, j'étais moi aussi très occupé. Mais là, une course en Angleterre, et elle ne faisait même pas le déplacement pour me voir ? J'avais du mal à l'accepter.
— Je suis désolée, Max. C'est le seul jour où Antoine est disponible, et on doit vraiment rendre notre devoir mardi. Je viendrai te voir le week-end prochain.
—J'ai pas de course le week-end prochain.
—Me fais pas culpabiliser, s'il te plaît. On en a parlé, je peux pas être à deux endroits à la fois, et je dois me concentrer sur mes études. Je suis plus au lycée, mes notes sont importantes maintenant.
Dans l'esprit de Sienna, elle devait toujours travailler plus pour qu'elle puisse être elle aussi en mesure de rejoindre la Formule 1 ; elle voulait devenir ingénieure aérodynamique et travailler pour l'écurie dans laquelle je piloterais.
De mon point de vue, et pas seulement le mien, car mon père partageait cet avis, Sienna était un petit génie. Il n'y avait aucune chance que la F1 passe à côté de son esprit. Elle pouvait planter un devoir sans remettre en question tout son diplôme. Mais ça, elle ne voulait pas l'entendre.
— Tu pourrais me rejoindre sur le circuit, assister à la course, et retrouver ton Antoine après.
Je l'entendis soupirer :
- Je vais pas le faire, lâche le sujet.
Et comme à chaque fois que j'avais l'impression qu'une distance s'installait entre nous, mon cœur se brisa un peu plus.
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Je ne répondis pas au dernier message de Jos, préférant me concentrer sur mon travail. Rapidement, Chloé me signala que nous pouvions enfin partir. Je l'accompagnai donc et nous nous dirigeâmes vers notre hôtel. Une fois dans ma chambre, je me débarrassai rapidement de mes fringues et sautai dans la salle de bain. Les salles de bain, c'était toujours ce que je préférais dans les hôtels, et cette fois ne faisait pas exception. Je pris donc mon temps sous l'eau chaude, mais m'habillai rapidement. J'avais opté pour la sobriété, avec une petite robe noire, agrémentée d'une couche de dentelle pailletée or pour lui donner un air plus habillé. Je trichai pour les chaussures et restai sur mon modèle basique de Doc Martens que je privilégiais. À 19h50 pile, j'ouvrais la porte de ma chambre. Peut-être que j'aurais dû attendre 20h. Implicitement, je venais encore une fois de faire exactement ce que Jos m'avait demandé. J'étais obligée de reconnaître que j'étais curieuse de la raison pour laquelle il voulait que je sois dans le couloir à cette heure précise.
— Sienna.
Le temps sembla ralentir alors que je tournais la tête dans la direction de la voix qui venait de m'appeler. Les battements de mon cœur venaient d'embarquer dans un rythme imprévisible. Mon regard se planta directement dans le sien. Et tout en moi sembla se liquéfier. Je connaissais ces yeux bleus. J'avais rêvé de ces yeux bleus.
