Muse

Womanizer

Britney Spears

– Sienna !

Ma tête se tourna en direction de Max, installé à une table en compagnie de Jimmy, Checo et Christian Horner. De toute évidence, eux aussi avaient eu la même idée que nous. Sauf qu'avec le froid, personne ne s'était aventuré sur la terrasse. Je supposais qu'ils s'étaient installés là-bas intentionnellement, pour éviter d'attirer l'attention.

J'allumai ma cigarette avant de lui répondre par un signe de la main et de m'approcher de la table. J'étais stressée, ce n'était pas tous les jours que j'avais l'opportunité de m'adresser à Christian Horner. Dans mon univers, Christian était une superstar. Ce qu'il avait accompli avec Vettel d'abord, puis avec Max, prouvait son talent en tant que directeur d'écurie. Pour détourner les mots de Naomie Shift, si je ne pouvais pas être Max, je serais Christian. Et pour vraiment détourner sa citation, si je ne pouvais pas être GP, je serais Adrian.

C'était mon nouveau but. Devenir Adrian. Et Christian était la voie royale pour y parvenir. Ça, et obtenir mon doctorat. Mais j'avais décidé de me laisser le début de la saison pour m'adapter à ma nouvelle équipe, et de ne reprendre mes études qu'à la rentrée prochaine.

– Max, dis-je une fois suffisamment près.

Je remarquai immédiatement son regard un peu flou ; il ne semblait ni ivre ni sobre. Ce qui expliquait l'engouement avec lequel il me prit dans ses bras avant de se tourner vers Christian :

– Christian, tu te souviens de Sienna ? Le directeur se redressa et me fit la bise. Elle me suivait partout quand j'étais en formule de promotion.

Malgré moi, je ne pus m'empêcher de répondre :

– C'est peut-être techniquement vrai, mais tu oublies les crises de nerd que tu faisais pour que je te suive partout justement.

Il balaya ma réponse d'un geste de la main avant de m'asseoir sur la chaise vide à côté de lui.

– Je me souviens bien de toi, Sienna, dit Christian. Je suis content de voir que tu es parvenue jusqu'ici.

Max ricana. Je commençais à croire qu'il était effectivement déjà ivre.

– Qui en doutait vraiment ?Il déposa sa main sur ma tête pour me frotter les cheveux. C'est un peu un génie. Elle est le cerveau, je suis le corps.

À mon grand soulagement, Jimmy n'était ni gêné ni agacé par la situation et confirma d'un signe de tête les propos de Max sur mon génie (dont je doutais, mais personne ne me demanda mon avis).

– T'es plus que le corps.

Encore une fois, Max ignora ma remarque et poursuivit :

– Je pense qu'elle me harcèle. Elle travaille pour Red Bull depuis... longtemps, et je ne savais pas. Maintenant, chaque fois que je me retourne, elle est là. Soirée de fin de saison ? Elle était là. Dans le couloir de l'hôtel ? Elle est là. Brunch chez mon père ? Elle est là. Et maintenant ici ? Vraiment, tu me harcèles, ajouta-t-il, comme si son énumération venait de prouver que je le harcelais.

– Celle-là, je te l'accorde, dis-je en souriant. Je commence aussi à croire que je te harcèle.

Le reste de la table éclata de rire, et je bus une gorgée de ma bière pour cacher le petit sourire qui naissait sur mon visage.

– Sauf pour Jos, ton père m'adore, je n'y peux pas grand-chose.

– Il t'adoooore, insista Max. Et Sienna par-ci, Sienna par-là.

– Pour ça, Sienna, je prends toutes les suggestions, ajouta Christian.

– Malheureusement, je ne sais pas pourquoi, donc je n'ai pas de réponse.