Chapitre 22

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Je rentre de la soirée, le cœur lourd, une sensation de dégoût qui me serre l'estomac. Je n'arrive pas à croire ce que je viens de voir, ce Jabari avec cette fille sur ses genoux, un joint à la main, à tripoter, comme si tout ce qu'il m'avait dit n'avait jamais eu de sens. Je n'arrive pas à me défaire de l'image de lui, là, dans cette situation, un homme que je pensais connaître, un homme dont je pensais pouvoir croire les paroles. Mais non, il m'a trahie, encore une fois. Je comprends plus rien.

Je suis fatiguée, émotionnellement épuisée par tout ce que je viens de vivre. Il est tard, et je viens de quitter cette fête, mais je n'arrête pas de repenser à lui.

Comment il m'a regardée, comment il m'a dégoûtée. Je veux juste rentrer chez moi et me cacher dans mon lit.

Alors je prends un Uber, me laisse bercer par la route, le silence. Une fois chez moi, je prends une douche, essayant de me débarrasser de ce poids lourd sur mes épaules.

Mais rien ne s'efface. Je suis toujours en colère, déçue, triste. Je me glisse dans un pyjama, et me fais un chignon. Je veux juste dormir, me couper du monde. Je m'allonge sur le lit, mes pensées en vrac, mes émotions tourbillonnant.

Je ferme les yeux, à peine, quand tout à coup on frappe à ma porte.

Je sursaute, totalement désorientée. À cette heure-là, c'est sûrement Serena, peut-être un peu ivre, décidant de venir chercher un peu de compagnie. Mais il n'y a pas de message, et je n'ai même pas allumé les lumières. J'arrive près de la porte, curieuse mais hésitante, puis je jette un œil par la fenêtre.

Et là, je vois. La Mercedes noire. C'est lui. Jabari.

La rage monte en moi, l'énervement me fait serrer.
Qu'est-ce qu'il vient faire ici après tout ce qui s'est passé ? Avec un mouvement brusque, j'ouvre la porte. Il est là, devant moi, tête baissée. J'aurais aimé le voir avec le regard de l'homme que je pensais connaître, celui qui était doux, sincère, mais là, je vois juste un mec qui a l'air d'avoir honte. Un petit sourire étire ses lèvres, mais ça ne me touche même pas.

"Tu veux quoi ?" La question sort, froide, plus dure que je ne le voulais.

Il reste là, sans dire un mot. Je le fixe, je veux qu'il parle, qu'il cesse de me faire perdre mon temps avec son silence.

"Non, non, non. Tu vas arrêter maintenant de ne pas parler ! Tu viens toquer à ma porte à cette heure-là, alors tu vas parler, et vite ! »

Il ouvre la bouche, mais je l'interromps, trop en colère pour le laisser continuer.

"Tu sais quoi ? J'en ai marre. Marre de cette ascenseur émotionnel avec toi. C'est toujours la même chose. Des grands gestes, des promesses, mais dès qu'il faut que toi tu sois face à tes actes, face à ce que tu dis, tu sais pas comment te comporter. Tu sais pas quoi faire. Et moi je sais plus où je vais. Ça me fatigue, ça me fait mal. Et je suis fatiguée, Jabari. Tu veux que je sois là, mais tu me laisses dans ce flou constant. Alors il va falloir que tu prennes une décision. Si tu me veux vraiment... Comme tu sembles le dire... Alors, comporte-toi comme tel."

Il reste là, sans dire un mot. Le silence devient lourd, comme un poison qui s'installe entre nous. Et puis, après un moment, il parle, d'une voix plus calme, presque comme s'il se parlait à lui-même.

"Je savais pas que mon père t'avait vue..."

Il me regarde, presque gêné.

"Je lui ai parlé. Je lui ai demandé de faire ce qu'il a fait... mais je pensais pas qu'il l'avait fait. Il m'a pas dit. Je pensais que c'était mort et enterré."

Je le fixe, ne sachant quoi répondre. Voilà le Jabari que je connaissais, celui qui savait s'excuser, celui qui admettait ses erreurs. Mais à ce moment-là, je n'arrive plus à le reconnaître. J'ai envie de hurler, de lui demander où il est allé, où il a disparu, ce garçon sincère que je croyais connaître. Mais à la place, je lui lance cette question qui brûle mes lèvres depuis tout à l'heure.

"Tu es qui, en fait ? T'es ce mec-là, celui qui joue au caïd, ou t'es celui avec un grand cœur, sincère, celui qui m'a fait tomber amoureuse ?"

Le mot "amoureuse" sort tout seul, et quand il quitte ma bouche, il me surprend. Je n'ai pas voulu le dire, mais il est déjà là, entre nous. Je me sens vulnérable, exposée, comme si le simple fait de le prononcer ouvrait une porte que je ne pouvais plus refermer. Ses yeux se lèvent alors, se posent sur les miens, et dans ce regard, il y a un éclat de surprise, presque d'incrédulité.

"Amoureuse ?" Il murmure, le regard étonné, presque choqué.

Le temps semble se suspendre.

Puis, tout à coup, il fait un pas vers moi, lentement, presque comme s'il voulait vérifier que je ne partais pas, que je ne m'éloignais pas encore.

Et avant que je puisse réagir,
il se penche vers moi et ...m'embrasse.

D'abord doucement, puis de plus en plus fort, plus intensément. Ses mains glissent sur mon visage, puis sur ma nuque, et je sens une vague de chaleur m'envahir. Je n'ai plus envie de réfléchir. Mes mains se posent sur ses poignets, puis je les remonte doucement jusqu'à son visage, en réponse à son baiser. Il m'enlace, me rapproche de lui, et je sens sa présence envahir tous mes sens. Ses lèvres, sa chaleur, son odeur, tout est tellement intense.

Je me laisse emporter par ce baiser, oubliant tout ce qui s'est passé avant, tout ce qui m'a blessée. Mon cœur bat fort, trop fort, et je me rends compte que je ressens enfin ce que je pensais avoir perdu. Je le laisse m'embrasser, et pour un instant, tout semble parfait. Mais une petite voix dans ma tête me dit qu'après tout ça, peut-être que ce n'est pas la fin de l'histoire. Peut-être que ça ne fait que commencer.






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De voleur à loveur II : Abir storyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant