La piscine hantée 1

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Fin décembre 2001

1

Je poussai un cri d'horreur. Un rat que je n'avais pas vu approcher essayait de grimper sur ma jambe droite. Je le chassai d'un coup de pied. Ensuite, je contemplai le bâtiment en face de moi. L'architecte lui avait donné la forme d'un grand sous-marin, avec d'immenses baies vitrées. Ce bâtiment, c'était l'une des piscines municipales de Castolis. La ville devait en avoir au moins trois, à ma connaissance. J'entrai à l'intérieur et me dirigeai vers le guichet en sortant mon ticket pour une entrée gratuite.

— Bonjour, dis-je à la caissière. J'ai...

— Une entrée gratuite, me répondit la caissière en m'arrachant le ticket des mains. J'ai vu.

Elle ne m'avait pas l'air très aimable.

— Va te changer dans le vestiaire au fond du couloir à droite, poursuivit-elle. Ensuite, reviens déposer tes affaires ici.

Je suivis ses indications et entra dans la pièce au fond du couloir à droite. Il s'agissait d'un vestiaire collectif, sans aucune cabine pour se changer à l'abri des regards. Il était aussi mixte. Malheureusement, je ne pus en profiter pour regarder des garçons ou des hommes se changer, car les seuls présents s'en allèrent au moment où je fis mon entrée. Il ne restait plus que des filles ayant à peu près mon âge. Je me déshabillai entièrement en ayant l'impression que tout le monde me regardait. Je cherchai mon maillot de bain au fond de mon sac et constatai, fort gênée, que je l'avais oublié. Je restai immobile, toute nue, ne sachant pas quoi faire.

Une main glacée se posa sur mon épaule, me faisant sursauter. Je me retournai et fis face à une adolescente en bikini rose.

— Si tu as oublié ton maillot de bain, tu n'as qu'à le signaler au guichet, ils t'en prêteront un autre, m'informa-t-elle. Si tu as aussi oublié ton bonnet de bain, ce n'est pas grave. Ici, il n'est pas obligatoire. D'ailleurs, je n'ai jamais vu personne en porter dans cette piscine.

Pour ce qui est du bonnet, j'étais déjà au courant et n'en avais pas pris pour cette raison. J'étais néanmoins fort reconnaissante à l'adolescente en bikini rose pour l'autre information qu'elle m'avait donné. J'attrapai mon sac par la poignée et retournai au guichet.

— J'ai oublié mon maillot de bain, dis-je à la caissière tout en rougissant du fait de ma nudité.

— Pas de problème, on va t'en prêter un autre, me répondit la caissière. Passe-moi ton sac.

Je lui donnai mon sac.

— Tu t'appelles comment ? me demanda la caissière.

— Noémie, répondis-je.

La caissière écrivit mon prénom sur une étiquette qu'elle accrocha sur mon sac avant de le ranger dans un casier derrière elle. Un homme vêtu d'un tee-shirt bleu arriva.

— Blaise, cette petite étourdie de Noémya a oublié son maillot de bain, l'informa la caissière.

— C'est Noémie, rectifiai-je.

— Tu peux la conduire à la réserve ? m'ignora la caissière.

— Tout de suite, répondit le dénommé Blaise.

Il se tourna vers moi.

— Suis-moi, m'ordonna-t-il.

J'obéi. Il me conduisit dans une petite pièce encombrée d'une multitude d'objets divers. Il y avait des palmes, des tubas, des planches de surf, des raquettes, des violons, des tambours et des casseroles. Pour certains de ces objets, leur présence ici était tout à fait normale. Pour d'autres, c'était plus difficile à expliquer. À quoi peut servir un violon dans une piscine ?

— Regarde dans le carton si tu trouves quelque chose qui puisse t'aller, me dit Blaise.

Il s'en alla, me laissant seule. Je trouvai facilement le carton dont il m'avait parlé et fouilla dedans. Il était rempli de slips de bain. J'en sortis un violet, ma couleur préférée, et le posai sur un tambour. Je continuai à fouiller dans le carton. Je ne trouvai pas de haut de maillot de bain, mais de toute façon, j'étais encore trop petite pour en avoir besoin. C'était juste par coquetterie si j'en voulais un. J'abandonnai rapidement ma recherche. Juste à ce moment là, une main couverte de sang jaillit du tas de vêtements et tenta de m'attraper. Je reculai précipitamment. La main retourna se cacher sous le tas de maillots de bain. C'était très étrange. J'avais fouillé dans le carton jusqu'au fond. J'aurais dû remarquer la présence de quelque chose aussi gros que l'est une main. Pourtant, ce ne fut pas le cas. À croire que la main était apparue tout d'un coup, comme par magie. J'enfilai le slip de bain violet et sortis de la réserve.

2

J'entrai dans un cabinet de toilettes. Je baissai mon slip de bain et m'apprêtai à me soulager lorsque j'entendis un bruit étrange. C'était comme si quelque chose grattait à l'intérieur d'un tuyau. Je regardai dans la cuvette. Une main sortit hors de l'eau qu'il y avait au fond. Elle bougeait les doigts dans tous les sens. Était-ce la même que celle que j'avais vu dans la réserve ? Je n'en étais pas sûre car celle-ci n'avait pas la moindre trace de sang. Angoissée, je sorti lentement du cabinet de toilettes, tout en retenant ma respiration et en fixant la main de mon regard. Je m'attendais à ce qu'elle bondisse à mon cou pour m'étrangler. Je refermai la porte tout doucement. Lorsque la main fut hors de ma vue, je repris enfin ma respiration. J'éprouvai un besoin assez important de vider ma vessie, mais j'allai devoir me retenir. C'était soit ça, soit me confronter à l'horrible main. Je remontai mon maillot de bain, puis me dirigeai vers les bassins.

La piscine hantée et autres histoires d'épouvante et de nuditéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant