Le Dérobeur d'Ombres

II-21: Confrontation et violence **

Aurora se trouva complètement désorientée lorsqu'elle souleva les paupières. Où était-elle donc ? Et que faisait-elle là ? Elle flottait dans les airs au-dessus d'une falaise qu'elle peinait à distinguer dans le brouillard. Elle le dissipa pour y voir plus clair et un rayon de soleil apparut. Tout lui revint d'un coup. Elle réalisa brusquement qu'elle était seule.

– Hélios ?... appela-t-elle, sans obtenir de réponse.

Avec appréhension, elle descendit, se rapprochant de la falaise qu'elle identifia comme étant celle qu'elle avait pu apercevoir dans les souvenirs d'Hélios. Celle où la bien-aimée d'Ignus avait mis fin à ses jours... Elle distingua finalement avec soulagement la silhouette de celui qu'elle recherchait. Il semblait se relever péniblement. Elle se précipita vers lui et atterrit à ses côtés, le soutenant pour l'aider.

– Tout va bien ? s'inquiéta-t-elle.

– Oui... j'avais juste oublié à quel point c'était éreintant, et avec la traversée en plus, c'était pire.

Une douce chaleur émana des mains d'Aurora et les pensées d'Hélios s'éclaircirent. Il allait la remercier mais elle croisa les bras et le toisa d'un air sévère. Il haussa les sourcils, l'interrogeant du regard.

– Je ne veux pas d'un chevalier servant qui se sacrifierait pour moi à la moindre occasion.

– Ce n'est pas ce que j'ai dit...

– Promets-moi que tu reviendras avec moi.

Avant qu'Hélios pût répondre, son regard fut attiré par un mouvement lointain derrière elle.

– Baisse-toi ! cria-t-il, la plaçant du même coup derrière lui tout en faisant apparaître un bouclier lumineux.

Une boule de feu sombre s'y écrasa aussi sec, explosant en une gerbe de charbons ardents. Un immense dragon noir comme une nuit sans lune s'avança alors, entouré de flammes aussi obscures que lui. Il prit la parole d'une voix déformée et chaotique, paraissant s'immiscer directement dans leurs esprits.

– Tiens donc... Mes amis, si je m'attendais à ça !

– Bonjour Ignus.

– Tel maître, tel disciple... Vous êtes tellement naïfs, sur votre petit monde enchanté.

– Nous sommes venus pour t'y ramener.

Ignace éclata d'un rire sinistre. Hélios le défiait de ses yeux perçants. Cependant, Aurora, qui s'était relevée, enserra instinctivement les doigts de son compagnon, terrifiée par le monstre qui se tenait devant eux. Tout s'opacifia un instant.

– Tu as gardé ton humour légendaire à ce que je vois, et tu te portes plutôt bien malgré l'état dans lequel je t'avais laissé. Je viens de vérifier, pas même d'Illusion... Je dois admettre que je suis impressionné. Cette petite garce d'Aurora n'y est pas étrangère, n'est-ce pas ?

Elle avait tressailli et serra plus fort la main d'Hélios sous cette insulte. Lui ne cilla pas, même si ses iris de jade lançaient des éclairs, semblant pouvoir faire taire n'importe qui d'un simple coup d'œil.

– Crache ton venin comme tu l'entends, tu ne nous atteindras pas ainsi.

– Vraiment ? Je peux sentir ta colère et sa peur d'ici. Je me délecterai des Ombres qui vous auront envahis une fois que j'en aurai fini avec vous.

– Tu es devenu abject. Comment as-tu pu en arriver là ?

– De quoi parles-tu ? Tu t'adresses encore à Ignus ? Sa volonté a été brisée, après qu'il a souffert si longtemps. Te rends-tu compte, Aurora ? Tu l'as soigné, lui, alors que tu n'as rien pu faire pour moi.