-Aron-La noirceur épaisse dans laquelle je suis plongé depuis - je ne saurais dire combien de temps - commence à se mouvoir, elle prend des formes, se distend, se recroqueville sur elle-même tout en restant aussi vaste. Alors que je tente de suivre le spectacle qui se joue devant mes yeux, j'entends au loin la petite voix de ma conscience, inintelligible, qui commence à s'agiter.
Je suis petit à petit propulsé loin de ce noir et de ce calme qui m'envelopait entièrement, je sens mes sens recommencer à fonctionner, doucement, prudemment, comme on redémarre un moteur qui n'a pas tourné depuis des lustres. La planitude du monde dans lequel j'étais se fait remplacer par un univers plus complexe, en trois dimensions, avec des sensations, des sons et des couleurs.
Mais une chose me frappe plus que le recouvrement d'une certaine conscience, c'est la douleur. Elle est soudaine et violente, comme si mon cerveau l'avait anesthésié pour se reposer de sa souffrance, mais dès que je l'ai laissé entrer par inadvertance, elle tambourine dans mon crâne, accélère mon rythme cardiaque et me force à fuir par instinct.
Elle est tellement intense que je veux juste m'en aller le plus loin possible, j'essaye de retrouver la noirceur plane et entière, celle dans laquelle j'étais, jusqu'à présent, plongé, presque noyé.
Et ironiquement, au plus je fais des efforts pour y retourner, au plus je m'en éloigne, une étrange clarté viens assomer le noir, elle perce l'épaisseur du voile et le force à devenir misère. J'ai l'impression que la douleur vient avec cette lueur, il me faut la fuire à tout prix.
Je ne veux plus avoir mal, d'aucune façon que ce soit. J'essaie encore de m'avancer vers le repos que le sombre me promet, mais à l'instar de la première fois, il disparaît encore un peu plus et la lumière est deux fois plus perçante.
Mes yeux s'ouvrent alors d'eux-même, papillonnant, comprenant d'où vient cette intrusion qui trouble ma sérénité. Elle vient de, ce que je pense être, un plafond. A peine ai-je compris cela que la douleur dans ma tête redouble de force et me fait grimacer.
Il me faut un certain temps pour comprendre que je suis encore en vie, et non perdu dans un néant insensible, loin de ce monde tangible. Et encore plus pour que chaque partie de mon corps s'active et que je réalise où je suis. Visiblement dans une chambre d'hôpital où éteindre la lumière en partant est trop demandé pour eux.
Je prends une grande inspiration pour m'aider à affronter cette vie, je n'en ai visiblement pas encore fini avec.
Je me laisse dériver au gré de mes pensées et de mes sensations, je n'ai la force de rien, le simple fait d'être éveillé m'épuise.
J'entends un bip régulier, sûrement celui de mes constantes vitales, qui m'indique que tout va bien, que mon corps va bien, que je suis encore de ce monde - à mon grand étonnement - c'est l'ultime preuve qui me raccroche au réel.
De plus loin, des pas et des voix troublent le silence entrecoupé de l'appareil médical, on peut entendre des voix, ou plutôt des cris, qu'importe.
Qu'importe jusqu'à ce que ma porte s'ouvre et laisse entrer pleinement les voix.
— Mais laissez nous ! C'est pas possible ça quand même !
— Non messieurs-dames vous ne pouvez pas entrer, il vient à peine de se réveiller !
— Je m'en fous de ce qu'on peut faire ou pas !On rentre et c'est tout.
— Non, attendez !
J'aperçois deux visages familiers, Arthur et Eden, poursuivie par ce qui semble être une orde de médecin.
— Monsieur Palmer, vous êtes réveillé ? Me demande l'inconnu avec une voix un peu éraillée à cause de ses précédents cris.

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DÉSERTEURS
ActionAu sein des réseaux criminels, un nom détonnait : Rose Anderson. N'importe quelle personne vivant dans ce côté du monde connaît ce nom là. Vol, escroquerie, mensonge, manipulation, tout ce que renferme l'humanité de plus sombre, est son terrain de j...